Au programme de ce numéro de Topo, on trouve, entre autres, une enquête sur nos téléphones portables, une autre sur les trafics de chiens, mais on découvre aussi le parcours de Gael Faye, sans oublier de s’interroger sur cette question, faussement simple, à qui appartient un jeu vidéo quand il a été téléchargé ? Les rubriques habituelles comme « Les classiques de Patrique » enrichissent cette livraison trimestrielle.

Topo enquête

Thierry Vincent et M.LeRouge décortiquent ce que sont les black blocs en prenant prennent comme point de départ l’histoire de Karima, seize ans, qui a rejoint ce mouvement. Le déclencheur a été de voir sur les réseaux sociaux une vidéo où l’on voyait un lycéen frappé par des policiers. Les black blocs se reconnaissent à leurs habits et à leurs techniques. Ce mouvement est né en Allemagne dans les années 80 et a connu une première exposition médiatique en 1999 à Seattle lors d’un sommet de l’OMC. On suit également le parcours de Sébastien, vingt-trois ans, qui s’est radicalisé rapidement. Le reportage détaille les techniques des black blocs. Dans la partie commentaire du reportage, il est précisé que la police française est plus armée que toutes les autres en Europe.

Valérie Gautier et Matt Dunhill ont enquêté sur le trafic de chiens. On suit des policiers dans leur traque. Le marché est important et on peut le mesurer au fait, par exemple, que 21 % des foyers français possèdent un chien. Le reportage suit une filière et on découvre les manipulations qui existent, notamment autour des puces posées sur les chiens. Il est particulièrement difficile de mettre fin à ces agissements car le flagrant délit est nécessaire. Dans ce domaine aussi, Internet a marqué un tournant dans l’explosion du trafic. 

Gael Faye 

« Ca part en live » est consacré à Gael Faye. Né en 1982, Gael Faye a passé son enfance au Burundi. Il a connu ensuite le génocide au Rwanda en 1994 avant d’arriver en France. On suit son parcours et on mesure que la lecture l’a sauvé, comme il le reconnait lui-même. Son itinéraire est assez étonnant puisqu’il a même travaillé à la City avant de se lancer dans la musique, sans que cela aboutisse à un succès, bien au contraire. Ensuite, il s’est lancé dans l’écriture avec la réussite que l’on connaît puisqu’il a obtenu le prix Goncourt des lycéens avec son roman « Petit pays ». 

Gérer les ressources

Deux reportages de ce numéro abordent la question des ressources de la planète. « La question du moment » porte sur les téléphones portables et se demande s’ils menacent la planète ? On a parfois tendance à oublier la question des matières premières nécessaires à la confection d’un téléphone portable. Plus de 70 matériaux différents entrent dans sa composition, dont des métaux qu’on appelle les « terres rares ». Le reportage précise bien qu’ils ne le sont pas en réalité, mais que ce terme leur a été donné car leur extraction est difficile. La rapidité avec laquelle les téléphones sont renouvelés pose la question de la gestion des déchets. 41 % des anciens portables finissent dans un tiroir, 22 % des personnes le donnent à un proche, 15 % le jettent et seulement 9 % le recyclent. 

Gaëlle Coudert et Singeon se focalisent sur l’huile de palme. Ce produit se retrouve dans de très nombreux gâteaux dont les marques sont citées mais sert également de biocarburant. La demande en huile de palme a été multipliée par quatre depuis 1995 avec des dégâts, notamment en terme de déforestation. 

Technologies

Plusieurs rubriques s’intéressent aux technologies dont, comme à chaque fois, « Les maîtres du jeu » qui se demandent si un jeu acheté et téléchargé nous appartient vraiment. En effet, au contraire d’un support physique, on ne peut pas le prêter, le revendre ou le donner. Alors certes, on peut trouver quelques avantages à la dématérialisation, comme le gain de place, mais il faut aussi relever le fait que les acheteurs n’ont pas vraiment le choix. En effet, les jeux dématérialisés représentent 97 % du marché PC en France. La question est d’actualité comme le prouve un jugement récent qui a remis en cause le fait qu’on ne pouvait pas revendre un produit acheté. D’autres pistes sont ouvertes et l’idée de l’abonnement semble une prochaine étape. Toujours en lien avec les jeux vidéos, la rubrique « Sans cliché » montre une photographie d’un cybercafé ouvert 24 heures sur 24. L’addiction aux jeux électroniques est parfois qualifiée par certains d’ « héroïne électronique ».  « Clair et net » invite le lecteur à s’interroger sur qui lui parle quand on est sur le net. C’est la question du harcèlement et de l’anonymat de façon plus globale. 

Rubriques

Topo aborde des sujets variés puisque le portrait du numéro dans « Tête-à-Tête » est consacré à Christine Lagarde. On découvre le parcours de l’actuelle dirigeante de la BCE qui, dans sa jeunesse, a échoué deux fois au concours de l’ENA, avant de partir aux Etats-Unis et de travailler comme avocate dans un cabinet d’affaires. Sa célébrité est beaucoup moins éphémère que celle des candidats malheureux de « The Voice » dont Pochep dresse le portrait. La rubrique « Cash sexe » aborde la question de l’orientation sexuelle en énumérant toutes les possibilités qui existent. 

Côté métier, il vous faudra du latex et de l’imagination pour devenir maquilleur en effets spéciaux. On suit Frédéric Lainé qui exerce cette profession depuis dis-sept ans. Son entreprise emploie plusieurs personnes extérieures en fonction de l’activité. On appréhende son travail à partir de ce qui a été réalisé récemment pour le film sur De Gaulle avec Lambert Wilson. C’est un travail de longue haleine puisque le maquilleur a travaillé dessus plus de deux mois dans cet exemple. Lors des tournages, il faut être là très tôt pour appliquer les prothèses créées. Frédéric Lainé confie que c’est un métier qu’il a toujours voulu faire et il replonge dans son enfance et livre quelques moments clés. C’est enfin un métier en perpétuelle évolution. 

« Les classiques de Patrique » décryptent les mécanismes du roman feuilleton au XIXe siècle à travers « Les Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas. L’article rappelle d’abord les difficultés qu’a pu connaitre ce métisse dans la société du XIXe siècle. On découvre que Dumas ne l’a pas écrit seul et que plusieurs éléments très connus du roman sont à relativiser. Ainsi, la devise n’est pas « Un pour tous, tous pour un » mais « Tous pour un, un pour tous » et elle n’est prononcée qu’une fois dans tout le roman ! Il s’agit en tout cas de l’archétype du roman de cape et d’épée et Dumas multiplie les péripéties. 

Le numéro 23 parlera d’une école du cirque, de la contre-attaque des super-héroïnes et expliquera ce qu’est un lanceur d’alerte. 

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes