« Les gares sont les temples du voyage ». Qualifiées de « boîtes à souvenirs et de portes de l’imaginaire », elles sont des lieux où toute une vie sociale se joue, que la gare soit grande ou petite : un pôle multimodal ou juste un arrêt situé en rase campagne. « La gare est à elle seule un condensé de vie urbaine, le reflet d’une ville, d’un territoire. » Selon trois thématiques, le sujet est exploré : Réinventer, Vivre et Passer. Trois verbes qui rendent bien compte de la triple fonction qui est donnée aux gares. Lieu de passage, elles doivent être bien plus que cela. Elles sont des lieux de vie où il est possible d’y faire du shopping, de se restaurer ou de se reposer. C’est aux acteurs multiformes des gares que revient la lourde tâche d’inventer les lieux répondant aux attentes des usagers. Pour cela, depuis 2009, la branche Gares et connexions de la SNCF est chargée d’inventer les gares de demain. Des « ateliers de gare » sont animés par Julien Damon, sociologue et professeur à l’IEP, qui a beaucoup travaillé sur les SDF, dont le sort n’est pas oublié dans ce volume. Ces réflexions autour du futur des gares sont indispensables car on ne peut pas négliger ces deux milliards de personnes qui s’y croisent par an dans les gares françaises. Certains sont en partance pour une destination plus ou moins lointaine (le domicile en banlieue ou le lieu de vacances). D’autres y viennent en tant qu’accompagnateurs. Au-delà de la population des voyageurs, il faut compter aussi sur ceux qui y viennent pour y faire leurs courses ou pour y passer le temps. Pas facile de satisfaire tout ce monde : les « bisons » (ces troupeaux de navetteurs qui se déplacent en groupe à heure fixe et qui connaissent leur chemin par cœur), le badaud (celui qui, comme la moyenne des voyageurs, arrive 50 minutes avant le départ de son train), deux profils qui ne doivent pas se croiser au risque de provoquer des collisions…

L’ensemble du Mook est composé d’articles courts au style enlevé. Edité en partenariat avec Gares Connexions, les articles sont globalement d’une humeur optimiste, même si les plus grosses difficultés rencontrées ne sont pas éludées (mécontentement des riverains de la gare TGV Montbéliard – Belfort). Le tout est agrémenté d’illustrations isolées ou présentées en portfolio graphique ou photographique. La variété l’emporte : articles de fond, interview, et même une nouvelle ! Rien n’est oublié : la littérature de gare mais aussi la Dame Pipi sans compter la levée de l’anonymat de la voix suave de Simone Hérault, qui nous berce dans toutes les gares par ses annonces depuis 1981 !

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes