L’actualité internationale a rattrapé la sortie du roman graphique Gengis Khan et l’Empire Mongol. En effet devait se tenir en octobre 2020 une exposition intitulée « Gengis Khan et l’Empire Mongol » au château des ducs de Bretagne avec des objets uniques prêtés par le muséum de Mongolie intérieure à Hohthot en Chine.

Cet événement reporté du fait du contexte sanitaire au premier semestre 2021 a tout bonnement été annulé, le directeur du musée de Nantes, Bertrand Guillet dénonçant une volonté de réécriture par un fonctionnaire de Pékin. Cette tentative de censure aura donc eu raison de cette exposition qui sera reprogrammée en 2024 mais en faisant appel seulement à des collections européennes et américaines.

A défaut de pouvoir admirer des pièces jamais vues en France comme des sceaux impériaux et des objets en or du XIII° et XIV°siècles, nous pouvons nous consoler avec la sortie de cet album qui présente certaines des pièces qui auraient dû faire le voyage jusqu’à Nantes.

L’éditeur Petit à Petit est coutumier de ces Docu-BD qui permettent d’aborder des épisodes historiques illustrées par quelques pages de bandes dessinées complétées par un riche corpus documentaire remis dans son contexte historique. Pour ce thème, il s’agit d’un travail réalisé par l’enseignante-chercheuse Marie Favereau, soutenu par les illustrations du dessinateur Laurent Seigneuret.

Gengis Khan, la naissance de l’empire mongol

Il s’agit donc de parcourir la vie du grand conquérant de sa naissance dans les steppes mongoles jusqu’aux guerres de successions après sa mort. Plus que les épisodes épiques, l’ouvrage éclaire une civilisation méconnue dont on se contente trop souvent de quelques clichés. Pour la plupart des enseignants du secondaire, la civilisation mongole se limite à une évocation rapide lorsqu’en 1258 le peuple des steppes fait tomber la grande cité musulmane, Bagdad. On y présente lors de ce siège la confrontation de deux civilisations. Cependant le professeur a rarement le temps de s’attarder sur cet événement pourtant fascinant et sur lequel le livre revient en permettant d’appréhender le regard mongol sur cette défaite musulmane.

Comme pour leurs autres Docu-BD, l’album est constitué de courts épisodes de bandes dessinées espacées dans le temps et qui vont au de-là de la vie de Gengis Khan. Cela permet d’inscrire les conquêtes du personnage dans la durée et voir émerger une nouvelle civilisation mêlant vie nomade et sédentarisation, croyances chamaniques et inclusion de croyances étrangères et des traditions politiques originales.

De fait devant la complexité des rapports internes à cette société, un document de synthèse de type arbre généalogique aurait peut-être été un bon support. Les sauts dans le temps parfois importants entre chaque épisode perdent parfois le lecteur qui est alors obligé de revenir en arrière pour se rappeler quel est le lien de tels personnages entre eux. Il est ainsi parfois difficile de comprendre d’une manière fluide les luttes familiales, fratricides et claniques.

L’autre écueil à apporter aux sauts dans le temps entre chaque épisode de bandes dessinées, c’est qu’ils ne permettent pas la bonne compréhension pour les lecteurs les plus jeunes. D’autant que ces derniers aiment s’attacher à des personnages et les suivre au gré de leurs aventures, ce qui n’est pas le cas ici car la majorité des protagonistes ne sont présents que dans 4 ou 5 épisodes.

Dans tous les cas, en cette automne confiné, il s’agit d’une vraie bouffée d’aventures, dans des paysages de nature grandioses. Une évasion salutaire !