CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

La collection Initial de Hatier s’enrichit d’un nouvel opus. Florence Smits, agrégée de géographie et maître de conférences à l’université de Metz, a précédemment publié chez Hatier La France, un territoire de l’Union Européenne, en 2003. Dans la préface de l’ouvrage de 2007, Annette Ciattoni insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’un livre nouveau. Le plan est effectivement différent du précédent même si des problématiques sont communes, comme celle de la métropolisation ou de la place de la France dans les réseaux mondiaux et européens. Florence Smits a eu le souci de ne pas faire une réédition revue et augmentée mais de proposer un livre distinct du précédent prenant en compte les nouvelles problématiques qui animent la géographie et qu’elle avait moins développé jusque là : les mobilités, le développement durable.

L’ouvrage s’organise en cinq chapitres qui permettent d’aborder les notions essentielles autour desquelles s’organise actuellement la question de la géographie de la France.

Les Hommes et leur territoire

Les dynamiques démographiques (vieillissement de la population, gérontocroissance, reprise de la natalité) modifient le rapport des Hommes à l’espace. Elles expliquent la mobilité croissante des Français en quête du logement idéal (alliant à la fois prix – espace – tranquillité). La question des mobilités est essentielle pour comprendre la géographie de la France. Elle est d’ailleurs entrée dans les programmes d’enseignement secondaire (première STG) en 2006. Ce chapitre de l’ouvrage de Florence Smits sera particulièrement utile aux professeurs qui enseignent cette question.

Un territoire recomposé : de nouvelles lignes de force.

L’auteur constate que ce sont les métropoles, les périphéries terrestres et maritimes et les espaces intégrés aux réseaux qui se sont renforcés sous l’effet de la mobilité des individus, de l’essor des réseaux de transport et des mutations économiques. Paris est la seule métropole de dimension mondiale. Les autres métropoles françaises sont très en retrait. Seules, celles qui disposent d’une position frontalière, de fonctions européennes ou d’une spécialisation technologique réussissent à se distinguer. La problématique des mobilités est fort bien vue dans le cadre de la métropolisation. Florence Smits décrit de manière très concrète les populations, leurs habitudes, leur logement et les problèmes qu’elles rencontrent dans leur déplacement.

Les adaptations du système économique

Face à la mondialisation et aux mutations économiques qui l’ont accompagnée, deux échelles ont pris de l’importance : à la fois, le local (avec les Systèmes Productifs Locaux et les pôles de compétitivité) et le global (notamment avec l’importance des Investissements Directs Etrangers français à l’étranger ou étrangers en France). Les délocalisations ont un impact limité sur l’économie française prise dans son ensemble même si elles ont des conséquences importantes à l’échelle locale.

L’espace productif : entre permanences et mutations

La mondialisation comme la construction européenne ont poussé les systèmes productifs français à évoluer. Malgré tout, on constate une certaine permanence des lieux productifs. Ile de France, Rhône Alpes et Provence Alpes Côte d’Azur génèrent toujours 45% de la valeur ajoutée (même si le Nord Pas de Calais a été remplacé par PACA). Les métropoles constituent désormais l’espace productif. L’agriculture, quant à elle, s’est orientée vers une production de qualité.

Un territoire aménagé et protégé.

Dans ce chapitre, l’auteur reprend les éléments essentiels qui ont constitué la politique d’aménagement du territoire de JF Gravier (1947) à la loi de 2004 (relative à l’autonomie financière des collectivités territoriales) et ses limites. Elle montre ainsi que la politique d’aménagement, lancée à l’initiative de l’Etat, est aujourd’hui l’affaire des collectivités territoriales. Malgré tout, l’affaiblissement de l’Etat est toutefois à nuancer en dépit de l’émergence de nouveaux acteurs et bailleurs de fonds. Tous oeuvrent pour une politique d’aménagement, soucieuse du développement durable. A signaler : l’auteur accorde une sous-partie à la politique d’aménagement des espaces ruraux, trop peu souvent évoquée dans les manuels.

Le livre n’est pas un simple manuel universitaire ou de concours dont la lecture s’avère souvent « barbante ». On lui est gré d’analyser chaque élément à la lumière d’une problématique. Le propos est convaincant, démonstratif et cela change tout. Son texte est ancré dans l’actualité et prend en compte les dernières recherches. De nombreux documents ponctuent l’ensemble. Ils sont de qualité inégale : les tableaux statistiques présentant des évolutions (1900 – 2007) auraient été d’un usage plus appréciable s’ils comportaient moins de manques. Certaines lignes ne permettent pas de rendre compte de l’évolution sur l’ensemble de la période : les indicateurs ne sont donnés que pour des dates relativement récentes. De même, certaines cartes sont muettes (pages 97-98). On regrettera que les références épistémologiques ne soient bien souvent présentes que dans la bibliographie plutôt que tout au long du texte. En revanche, des tableaux synthétiques montrant les caractéristiques de certaines régions ou de certains secteurs économiques sont très utiles et très pratiques ainsi que les petites cartes de synthèse qui ponctuent le texte. L’ensemble constitue un outil indispensable pour les étudiants qui préparent les concours de l’enseignement et la question de géographie de la France. Ils trouveront ici des éléments de base et de réflexion qu’il leur faudra ensuite compléter par des lectures plus ciblées d’ouvrages universitaires et par celle de la presse quotidienne.

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