Géographie de la France « s’adresse à tous ceux et celles qui souhaitent se familiariser avec la géographie ». En phase avec la philosophie de la collection Portail, le but n’est pas de balayer de manière exhaustive le sujet mais de fournir les clés pour l’acquisition d’un questionnement, d’un vocabulaire, de connaissances et de méthodes spécifiques. Il est donc davantage destiné à des étudiants en première année d’université. L’introduction présente les grandes problématiques, les objectifs de connaissances pour chaque chapitre et les définitions de toutes les notions à maîtriser. L’ouvrage est ensuite divisé en 7 chapitres (population, aménagement des territoires, les villes, les territoires ruraux, l’industrie et la tertiarisation de l’économie, les mobilités, la France en Europe et dans le monde), toujours organisés selon la même trame : une introduction, un cours fournissant les connaissances de base, une petite bibliographie, des exercices de validation des connaissances et une étude de cas (étude de documents). Le tout est assez descriptif.
La France dans ses territoires a pour objectif de donner les connaissances à acquérir par un étudiant en Licence ou en Master. Dans la veine de la collection Cursus, ce livre doit permettre de tout savoir sur le thème abordé. Magali REGHEZZA-ZITT commence donc par expliquer la nécessité d’une deuxième édition. Les mutations des espaces français sont nombreuses et le résultat de dynamiques endogènes et de l’évolution du contexte géopolitique et économique mondial. Les processus se complexifient et les inégalités, les fractures croissent. Elle insiste sur la notion de territoire qui permet d’appuyer sur le rôle des acteurs et de prendre en compte l' »épaisseur temporelle ». La perspective multiscalaire ou transscalaire lui semble aussi nécessaire, dans un contexte d’intégration européenne et de mondialisation. Pourtant, la géographie de la France est une géographie difficile car elle suppose une articulation entre des savoirs théoriques (des notions et des concepts abstraits) et des connaissances concrètes d’espaces dont la singularité est irréductible. Il faut continuellement pratiquer un va-et-vient entre le général et le particulier, entre les concepts abstraits et le terrain, entre l’exemple localisé et l’idée générale. Ainsi des études cas tirées de travaux de recherche récents sont insérées tout au long de la trame générale de chacun des 8 chapitres (un Etat construit, la population, le rapport nature/société, les systèmes productifs, les villes, les territoires ruraux, les marges, les impératifs environnementaux), complétées par des croquis et des cartes de synthèse. Le propos est donc ici davantage précis et problématisé autour d’un fil directeur : le territoire.
Comparons maintenant deux chapitres abordant le même thème : le chapitre 1 de la Géographie de la France et le chapitre 2 de La France dans ses territoires sur la population française. Eloïse LIBOUREL organise son cours autour de 3 axes : les dynamiques démographiques (avec une pyramide des âges et une carte), les inégalités, les lignes de fracture dans les territoires. Des renvois permettent de faire le lien avec le chapitre 6 sur les mobilités. Quelques petits points rappellent par exemple l’organisation des recensements, le seuil de renouvellement des générations. Les définitions essentielles (taux de natalité, de mortalité,…) sont données. De courts Focus traitent de la pauvreté en France ou de la ville dans les catégories statistiques de l’INSSE. Après un test pour vérifier les acquis de connaissances et un petit questionnaire sur un document, une étude de cas sur la fracture numérique est proposée (un commentaire de 3 documents). Ce thème est évidemment davantage détaillé dans La France dans ses territoires. Magali REGHEZZA-ZITT donne d’abord les principales caractéristiques de la population en France (vieillissement de la population, évolutions des structures familiales ou l’inégale répartition). Les définitions de base sont également rappelées et le propos est illustré par des tableaux, une carte des densités et une pyramide des âges. Un focus sur les recensements de population complète cette 1ère partie. L’hyper-mobilité (à plusieurs échelles) est traitée dans la deuxième partie avec une carte et un focus sur « mobilité et identités ». Dans la troisième partie, l’auteur se pose la question de savoir si la société française est de plus en plus inégalitaire. « Pauvreté, précarité et marginalisation dans les territoires ruraux » est le titre du focus. Les documents sont donc plus variés et les études de cas plus précises avec une volonté de questionnement et d’explication.
En somme, on pourrait opposer ces deux ouvrages du même éditeur mais dans deux collections différentes. Dans l’optique de la préparation à l’agrégation interne d’Histoire-Géographie, ils peuvent pourtant se révéler complémentaires. L’ouvrage d’Eloïse LIBOUREL a l’avantage de l’efficacité. Il permet d’aller droit au but et de poser des bases solides permettant de « penser en géographe ». C’est l’outil idéal pour se (re)mettre à jour et pour vérifier ses connaissances grâce aux tests. La dernière partie sur les Méthodes (sur la dissertation, le croquis se synthèse ou le commentaire de paysage) peut aussi se révéler très utile. Les études de cas peuvent également servir de base pour travailler l' »utilisation pédagogique de documents » pour la troisième épreuve d’admissibilité. Malgré tout, l’ouvrage de Magali REGHEZZA-ZITT reste l’ouvrage de référence. Le propos est clair, problématisé et complet. Les différents focus permettent également de se constituer une petite banque d’exemples pour la dissertation. On regrettera toutefois le manque de cartes de synthèse en couleurs. Ce livre est donc un outil précieux qui conviendra aux candidats qui n’ont pas besoin d’une remise à niveau. Il pourra être efficacement complété par la documentation photographique également dirigée par Magali REGHEZZA-ZITT.