Édouard de Bélizal, Véronique Fourault-Cauët, Marie-Anne Germaine et Élise Temple-Boyer, Géographie de l’environnement, Armand Colin, 2017, p. 15-16.
Édouard de Bélizal est docteur en géographie et professeur agrégé à l’université Paris-Nanterre où il intervient notamment auprès des candidats aux concours d’enseignement. Ses recherches portent sur les risques et l’environnement, la volcanographie et l’insularité.
Véronique Fourault-Cauët est agrégée et docteure en géographie, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre et chercheur au laboratoire Mosaïques. Ses recherches s’articulent autour des représentations et des pratiques existant autour de l’environnement. Ainsi, sa thèse porte sur l’usage de la notion de paysage dans le cadre des politiques d’aménagement et de gestion des forêts méditerranéennes.
Marie-Anne Germaine est docteure en géographie, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre. Ses thèmes de recherche portent sur le paysage, la gestion de l’eau, la restauration écologique, les représentations, l’environnement et les politiques publiques.
Elise Temple-Boyer est docteure en géographie et maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre-la Défense et chercheur au laboratoire Mosaïques. Ses thématiques de recherche sont très proches de celles de ses collègues.L’ouvrage destiné tout particulièrement aux étudiant.e.s de premier cycle, intéressera également les enseignant.e.s et les candidat.e.s au concours de l’agrégation externe de géographie préparant la question « La nature, objet géographique » en première approche, mais aussi le grand public, avide de se renseigner sur des questions majeures, à l’heure de la mondialisation et du changement climatique global. Dans l’introduction (p. 15–25), les auteurs entendent rendre compte de la richesse de la géographie de l’environnement en l’ancrant dans un cadre dépassant la classique et renouvelée géographie physique, et en mobilisant plusieurs échelles et plusieurs champs disciplinaires, dans une démarche systémique. Ainsi, ils invitent le lecteur (notamment l’étudiant de 1er cycle) à penser la complexité des relations hommes-milieux (p. 21), l’environnement étant le produit de ces interactions entre le(s) milieu(x) physique(s) et les sociétés.Ce manuel se veut très didactique et est extrêmement structuré. Chaque chapitre est organisé autour d’une introduction posant les questions essentielles, les objectifs, les bibliographies essentielles et les notions-clés à maîtriser. Le cours expose les savoirs fondamentaux et des focus thématiques, une page d’entraînement (des corrigés sont disponibles en ligne et même accessibles rapidement et aisément grâce à des QR codes) et des études de cas très actuelles avec des sources documentaires et iconographiques très riches et diverses. Enfin l’ouvrage fait la part belle aux méthodes de chaque type d’exercice universitaire en lien avec l’un des chapitres du cours.
Tout d’abord dans une première partie, les auteurs se penchent sur les grands objets géographiques en lien avec la géographie de l’environnement (chapitres 1 à 4). Dans le premier chapitre, les auteurs s’intéressent à aux « ressources naturelles » (« l’ensemble des matières minérales et biologiques qui présentent une utilité pour les sociétés humaines »)Édouard de Bélizal, Véronique Fourault-Cauët, Marie-Anne Germaine et Élise Temple-Boyer, Géographie de l’environnement, Armand Colin, 2017, p. 27 en interrogeant les relations que les sociétés, dans un territoire et une époque donnés, entretiennent avec leur environnement. L’exploitation de ces ressources (eaux, énergies, sols, biomasse, etc.) par les sociétés ont des conséquences importantes sur celles-ci (surexploitation, épuisement…) et sur l’environnement (dégradation, modifications majeures). Une nécessaire préservation et/ou conservation de ces ressources apparaît donc essentielle, dans une logique de durabilité (transition écologique par exemple). Le deuxième chapitre se penche sur les sociétés face aux risques (objet qui touche tous les champs de la discipline). Le risque est « une situation caractérisée par la présence d’enjeux (population, patrimoine, réseaux…) plus ou moins fragiles (vulnérabilité), exposés à une source de danger (aléa)Ibid. p.61. Le risque est accentué et aggravé par les activités humaines mais aussi perçu et construit par les sociétés. Étudier le risque suppose de s’intéresser aux aléas, à la vulnérabilité et à l’exposition aux enjeux mais aussi aux échelles (spatiales, temporelles) et aux dimensions sociales. Dans le troisième chapitre, les auteurs explorent le paysage. Désignant une « partie de l’espace terrestre appréhendée par un observateur »Ibid. p.87, le paysage constitue un objet géographique de l’environnement par excellence ! Les auteurs replacent ce dernier dans l’évolution épistémologique de la discipline. Hybride de nature et de culture, le paysage est un construit dont les trajectoires et ses représentations ont fortement évolué en fonction du temps, des territoires et des sociétés. Véritable palimpseste, il permet de comprendre la construction de ces dernières. Les enjeux de préservation des paysages sont importants face à la dégradation de ceux-ci (conséquences de la mécanisation agricole, l’urbanisation et la périurbanisation…) tant à l’échelle nationale (en France par exemple) qu’à une échelle plus petite (européenne par exemple). Le quatrième chapitre analyse les objectifs, les acteurs, les actions et les conséquences (les conflits d’usage par exemple) de la mise en place d’une protection de la nature et de l’environnement. Entre préservation, conservation, protection, valorisation et exploitation de cette dernière, les enjeux sociétaux sont plus que jamais contemporains.
Dans une seconde partie, les auteurs questionnent les grandes problématiques, les grands débats et enjeux internationaux de cette géographie de l’environnement au XXIe siècle (chapitres 5 à 7). Les grandes interrogations sur les objets étudiés précédemment, aboutissent naturellement à la question du défi environnemental planétaire du changement climatique développé dans le cinquième chapitre. Face à ce phénomène, le géographe s’intéresse « plus particulièrement aux rôles des héritages naturels et historiques. Il s’attache à analyser les réponses et les capacités d’adaptation des sociétés qui peuvent être différenciées dans l’espace et dans le temps »Ibid. p.143. Le détour par l’histoire permet de définir le changement climatique et d’analyser le rôle des sociétés dans ces changements passés et actuels, et dans une démarche prospective d’explorer les scénarios du futur. Le sixième chapitre présente les principaux enjeux et débats actuels visant à répondre aux changements environnementaux à l’échelle globale (prise de conscience, grands sommets internationaux, question de la gouvernance mondiale de l’environnement, notion de « justice environnementale ») mais aussi à des échelles plus fines du global ou local (des enjeux « glocaux »Qui met en relation les échelles locales et mondiales, notamment dans le cadre de la mondialisation (néologisme).). Dans le septième chapitre qui conclue cette partie, les auteurs développent le concept de « développement durable » (expression popularisée en 1987 dans le rapport Brundtland et qui est aujourd’hui largement (sur)médiatisé) dont l’objectif est de « répondre aux besoins [des sociétés] du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs »Extrait du rapport Brundtland (1987), cité par les auteurs page 199. Il doit concilier trois objectifs : croissance économique, développement social et préservation de l’environnement. Comment le géographe peut-il s’approprier ce concept ? Dans « quelle mesure aborder le développement durable suivant une approche géographique peut-il aider à en comprendre les enjeux et les limites théoriques et opérationnels ? » . Après avoir rappelé, explicité l’historique de l’expression et de sa construction, les auteurs démontrent avec une série d’exemples (notamment urbains), qu’il est très difficile pour les acteurs du développement durable de décliner un « modèle » unique et consensuel d’une gestion durable des territoires. La variété des acteurs et leurs intérêts parfois opposés, rend difficile la conciliation des trois piliers et entraîne parfois des conflits. L’étude de cas est développée ici à une échelle microlocale et s’intéresse aux éco-quartiers (ex : Dunkerque) : des « laboratoires » du développement urbain durable ?
Enfin, la dernière partie (p. 222-273) se veut un inventaire développé des différentes méthodologies des principaux exercices universitaires en géographie : la dissertation, le commentaire de carte topographique, le croquis de synthèse, le commentaire de paysage, le schéma fléché et le commentaire de statistiques. Ces conseils méthodologiques, qui seront également un précieux rappel aux candidat.e.s de concours de l’enseignement pas toujours à l’aise avec la géographie et les attendus des correcteurs en la matière, sont accompagnées d’applications détaillées sur des cas et des exemples concrets de sujets. Des croquis et des schémas très simples à reproduire, illustrent le tout.
En somme, ce manuel principalement destiné aux étudiant.e.s qui amorcent leur cursus en géographie, est également à consulter par les candidats aux concours d’enseignement qui trouveront de façon synthétique, agréable et fonctionnelle, un moyen de se mettre à jour sur les exigences et méthodes de la géographie, discipline complexe pour les uns mais passionnante pour tout un chacun.