La mangaka Ebine Yamaji a reçu le prix culturel Osamu Tezuka (catégorie « récits courts ») pour cet album particulièrement réussi.
Cinq récits de la vie de cinq très jeunes filles, toutes plongées dans la réalité du sexisme et des violences faites aux femmes.
Le premier récit à pour cadre l’Arabie Saoudite. Salma a un père médecin qui a deux épouses. Libéral, le père de Salma invite sa fille à poursuivre ses études mais ce sera pour elle le chemin de l’exil à moyen terme, dans un pays où le mariage arrangé est la règle et les droits des femmes une vue de l’esprit.
Le second récit se déroule au Maroc. Habiba est une élève de quatrième année de primaire. Bonne élève, Habiba aime apprendre. Elle se voit confrontée à un choc générationnel lorsque sa famille accueille pour un mois Shama, une vieille dame emplie de préjugés et pour qui seul importe le physique des femmes. Mais Shama a eu un vécu difficile, élevée dans un mépris des femmes et répétant à l’envi que « le ménage, la lessive, la cuisine, la couture…c’est ça le travail des femmes ». La vieille femme a également un secret…
Le troisième récit se passe en Inde. Kanti a 10 ans. Sa mère s’est remariée avec un homme riche et plus âgé. Kanti dispose désormais d’un confort matériel et peut aller à l’école tous les jours. Le mari de sa mère lui a également trouvé une professeur particulière de 17 ans, Asha. Lorsque cette dernière demande de l’aide pour d’autres cours particuliers auprès du beau-père de Kanti afin de financer les études de son frère et de sa sœur, elle se retrouve prise dans un engrenage de prostitution et de chantage…
Le quatrième récit se situe au Japon. Marié a vu ses parents divorcer. Sa mère est maîtresse de conférences en histoire de l’art et son père est employé de bureau et mélomane. Marié a très mal supporté le divorce de ses parents. Elle doit naviguer entre les repères que lui offre le cadre familial de son amie Nakky et les discours conservateurs de sa grand-mère chez qui elle réside avec sa mère.
Le dernier récit a lieu en Afghanistan. Il a pour héroïne Mursal et débute en mars 2002, époque où les talibans furent chassés de Kaboul. Mursal peut ainsi se rendre à l’école avec son amie Nafissa. Ebine Yamaji écrit, à propos de cette dernière histoire : « alors que j’étais en train de dessiner, les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan en août 2021, et nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas faire l’impasse sur ce sujet. Mais il était assez difficile de traiter un sujet aussi brûlant d’actualité. Après réflexion, j’ai décidé de remonter à 2002 et d’évoquer la situation du pays à l’époque où il venait d’être libéré du pouvoir taliban, et de le relier au présent ».
Concluant son propos, l’autrice émet le vœu d’un monde sans guerre et sans discrimination. On ne peut que la rejoindre…