Ce roman graphique n’est pas une biographie de Goya, le peintre et graveur espagnol, icône du romantisme. Les auteurs ont choisi de se consacrer à des passages de la vie de Goya qui ont fait couler beaucoup d’encre.

Le premier passage, qui occupe les 2/3 du livre, évoque les années 1790 au moment où Goya, atteint de maladie, est à Cadix. Le second passage, qui occupe le dernier tiers de la BD, traite du Triennat libéral espagnol. Un épilogue conclut cette BD.

Le travail présenté ici est d’abord cohérent d’un point de vue graphique. Fran Galan présente une œuvre magnifique, chaleureuse, virevoltante. Ce style accompagne de manière tout à fait pertinente l’angle qu’a choisi le scénariste pour aborder la vie de Goya.

El Torres a voulu montrer les aspects tourmentés de la vie de Goya. Dans les années 1790, atteint de maladie, peut-être le saturnisme en raison du plomb contenu dans les préparations destinées aux peintures, Goya est prisonnier de visions horrifiques. Ce sont ces visions qui sont retranscrites dans cette BD par la folie du style de Fran Galan. Sans tomber dans la BD d’horreur, les auteurs nous livrent un Goya profondément bouleversé, à la limite de la folie.

Tantôt lucide sur sa situation, tantôt prisonnier de ses angoisses, Goya est néanmoins entouré par des personnes qui ont conscience de la situation. Notamment sa femme, Gracia. Cette dernière est aussi pleinement au courant de l’autre mal qui ronge son mari, son désir des femmes. Les monstres qui hantent ont majoritairement un aspect féminin.

Les années 1790, à Cadix, sont celles de la rencontre avec la duchesse d’Alba, Maria Cayetana de Silva. Elle va être le modèle de nombreux tableaux. Dès cette époque, les rumeurs vont bon train sur la nature adultère de leur relation, adultère qui fait d’autant plus scandale que Goya n’appartient pas à cette catégorie sociale. Scandale renforcé par le fait que le couple Goya n’arrive pas à avoir d’enfant après 13 ans de mariage et que le peintre est déjà connu pour ses aventures extra-conjugales.

Il ne faut néanmoins pas se tromper. Ce livre ne cherche pas à exploiter des scandales et à centrer son analyse du peintre là-dessus. Ce qui est présenté ici est un humain. Un humain au potentiel créatif hors du commun, nourri par les visions et tourments qui l’habitent, mais aussi par l’histoire de son pays, particulièrement l’épisode napoléonien. Un humain qui cherche aussi à se comprendre, qui connaît ses erreurs et tente de vivre avec.

Ce livre est donc une plongée dans la vie et la psychologie de Goya. Il nécessite soit des connaissances préalables, soit de se document ensuite pour l’apprécier dans sa profondeur et saisir la complexité du personnage. Mais chaque lecteur sera transporté par le récit évoqué et les graphismes saisissants qui l’accompagnent.

Présentation de la BD sur le site de l’auteur

« Goya, le génie tourmenté.

1793, Cadix. Alité, Francisco de Goya se rétablit suite à une étrange affliction qui va le laisser sourd. Maladie ou malédiction ? Alors qu’il est au sommet de son art, il se retrouve affaibli par la fièvre et les migraines, assailli par des visions grotesques et morbides. Epouvanté, le peintre en appelle à sa raison : peut-être que ces monstres ne sont pas réels ? Persécuté par des créatures cauchemardesques, il est épaulé dans cette épreuve par son amie et confidente, la duchesse d’Alba. Elle aussi semble voir ces figures terrifiantes qui vont inspirer à l’artiste ses fresques les plus célèbres.
Un roman graphique magnifique aux reflets flamboyants qui nous invite à partager les tourments et l’univers fantasmé d’un des artistes majeurs de la peinture espagnole. Une œuvre originale à mi-chemin entre fiction et histoire, qui nous permet de mieux comprendre une période sombre de la vie de ce peintre de génie. »

Présentation du scénariste sur le site de l’éditeur

« El Torres est un auteur espagnol dont les nombreuses œuvres se sont souvent exportées aux États-Unis et notamment chez IDW, Images Comics et Marvel. Spécialiste des récits sombres et terrifiants, ses scénarios lui ont valu le surnom de « Maître de l’horreur ». Habile dans de multiples registres, il écrit également du fantastique, de l’érotisme ou du polar. En France, il est publié chez Atlantic Comics, Vertige Grafic et Paquet. »

Présentation du dessinateur sur le site de l’éditeur

« Fran Galan est un dessinateur espagnol. Passionné de dessin depuis qu’il sait se saisir d’un crayon, il étudie l’art et l’artisanat avant de débuter sa carrière chez Gamezone Miniatures, un fabricant de figurines. En 2014, il rencontre le scénariste El Torres avec lequel il débute une fructueuse collaboration. Il dessine notamment des couvertures pour la maison d’édition de ce dernier et se lance ensuite au dessin du scénario de son roman graphique : Goya, le terrible sublime. »