Si Lewis et Clark font partie de la mémoire américaine, les Français, Canadiens installés parmi les Amérindiens, sans qui cette aventure n’aurait sans doute pas abouti ont été oubliés.
L’histoire de la première traversée du continent nord-américain d’Est en Ouest est relatée dans cette BD de Philippe Thirault, pour le texte, Sandro pour le dessin et Laurent Trussardi pour la mise en couleur.
C’est le président Jefferson lui-même qui confie cette mission à Meriwether Lewis accompagné de William Clark, tous deux militaires. Il s’agit de trouver une route aisément praticable à travers le continent pour y développer le commerce et rejoindre la « Grande Mer de l’Ouest ». Le projet est rendu possible par la vente de la Louisiane aux Etats-Unis par Napoléon le 30 avril 1803.
La BD permet de suivre pas à pas cette mission militaire, géographique et économique, pour cartographier ces vastes espaces.
L’aventure commence à Saint-Louis sur les rives du Missouri en mai 1804. On assiste aux préparatifs d’une troupe peu disciplinée, au recrutement de quelques interprètes comme Drouillard ou Labiche. Les premiers contacts avec les Amérindiens montrent la méconnaissance de leur culture et des usages diplomatiques dans les relations entre Amérindiens et Blancs. L’avancée serait impossible dans l’entremise de ces Canadiens installés comme Jusseaume dans un village Mandan où l’expédition passe son premier hiver. C’est là qu’a lieu la rencontre décisive avec Toussaint Charbonneau et son épouse shoshone Sacagawea. L’auteur a choisi de suivre la tradition américaine qui fait de Charbonneau un méchant.
On suit les péripéties de la recherche d’une voie de pénétration en remontant, non sans difficultés, les rivières qui descendent des Rocheuses, puis à cheval pour atteindre la rivière Columbia, dont l’estuaire avait été reconnu en 1792 par Robert Gray, un marchand américain. La côte pacifique est atteinte en novembre 1805 et ce n’est que le 23 septembre 1806 que l’expédition regagne Saint-Louis sans que le voyage de retour ne soit évoqué.
C’est un échec pour Lewis qui n’a pas découvert une route praticable pour le commerce et sombre dans l’alcool tandis que Clark devient gouverneur du Missouri.
La BD, comme les autres de cette collection ExploraBurke & Wills, Christian Clot, Nathalie Sergeef et Fabio Pezzi – Livingstone, le missionnaire aventurier, Rodolple, Christain Clot, Taul Teng – Albert Ier de Monaco. Le prince explorateur, Christian Clot, Philippe Thirault, Sandro ou Alexandra David-Néel, les chemins de Lhassa, Christian Clot, Christian Perrissin,boro Pavlovic, est complétée d’un dossier documentaire qui développe le contexte politico-diplomatique de la commande de Jefferson et les étapes de l’expédition à partir du journal de Lewis. L’auteur rappelle la déception des autorités devant la portée réduite de cette coûteuse aventure, malgré la réalisation d’une carte utile. La mémoire tronquée est clairement incarnée par la statue de Charlotteville qui représente Lewis, Clark et Sacagawea.
Si l’héroïne amérindienne a trouvé sa place dans la mémoire américaine, celle des trappeurs canadiens qui ont parcourus ces espaces et ont joué un rôle, par leur connaissance des langues, des oppositions et des cultures des peuples qui y vivaient, sans doute indispensable à la réussite de cette expédition et rappelé par Gilles Havard dans l’Amérique fantômePublié chez Flammarion en 2019, non cité en bibliographie non plus que Les aventuriers du Missouri – Sacagawe, Lewis et Clark à la découverte d’un nouveau monde, Daniel Royot- Vera Guenova, Vendémiaire, 2015.
L’expédition peut être étudiée en classe comme le montre cette proposition sur le site de l’académie de Nantes. Pour les amateurs de jeu de plateau : Lewis et Clark the expédition (à télécharger en français gratuitement)