La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique »
La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) sera désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.
« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 71 (2013-2) :Grandes figures maçonniques de la IIIe République
Ce numéro est composé de 8 articles et comporte les rubriques habituelles : Etudes (1 article), Dossier (4 articles), Documents (1 article) et Témoignages (2 articles).
Etudes : La guerre des morts : enterrements civils et enterrements maçonniques au Sénégal (1890-1945) (1re partie) : (Jean-Luc Le Bras)
Ce premier article, rédigé par Jean-Luc Le Bras, brosse un portrait du Sénégal en proie à l’implantation des congrégations catholiques, à partir de la Restauration de 1814 jusqu’à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905. L’étude (dont ce numéro constitue la première partie) est consacrée à la guerre des morts au Sénégal : c’est-à-dire aux enterrements civils et maçonniques durant cette période (1890-1945).
Dossier : Grandes figures maçonniques de la IIIe République
Le dossier est consacré à 4 grandes figures maçonniques de la IIIe République.
Albert Joly (1844-1880), un avocat versaillais, bâtisseur de la République et apôtre de la Laïcité (1re partie) : (Yves Colleu)
Ce deuxième article, écrit par Yves Colleu, raconte la carrière professionnelle, maçonnique et politique fulgurante d’un avocat versaillais, bâtisseur de la République et apôtre de la laïcité. En effet, Albert Joly (1844-1880) fut initié franc-maçon à 22 ans (1866), avocat à 23 ans (1867) et conseiller municipal de Versailles à 25 ans (1869), sous le Second Empire finissant. Sous la IIIe République naissante, Albert Joly est vénérable de sa loge « Les Amis Philanthropes et Discrets Réunis » (Orient de Versailles) puis membre du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France à 29 ans (1873), il est élu député républicain de Seine-et-Oise à 31 ans (1875) puis réélu en 1876, après la dissolution de la chambre des députés. En 1880, à 36 ans, la mort le fauche. En outre, il fut l’avocat lors de son procès (21-23 septembre 1871) du fameux polémiste franc-maçon Henri Rochefort, accusé d’avoir excité à l’assassinat des otages de la Commune et de s’en être rendu complice, crime puni de mort.
Antoine Blatin (1841-1911) : (André Combes)
Ce troisième article, rédigé par André Combes, apporte la lumière sur une des grandes figures de la maçonnerie du Grand Orient de France dans la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, le Dr Blatin, professeur à l’école de médecine de sa ville natale de Clermont-Ferrand, fut maire de cette commune en 1884 (à 43 ans), député du Puy-de-Dôme (1885-1889) et se distingua à la Chambre des députés en 1886 en proclamant un discours en faveur de la crémation dont il fut toujours un ardent défenseur. Il fut initié à la loge « L’Avenir », Orient de Paris, puis réveilla un atelier clermontois « Les Enfants de Gergovie », en sommeil depuis 4 ans, le 11 septembre 1881. Il en fut l’Orateur puis le Vénérable en 1882 (à 51 ans). En 1884 (à 53 ans), il entre au Conseil de l’Ordre du GODF pour en devenir le président en 1894 (Grand Maître de l’obédience).
Paul Doumer (1857-1932) et le Grand Orient de France : (Amaury Lorin)
Ce quatrième article (écrit par Amaury Lorin) raconte la carrière fulgurante de Paul Doumer. Natif d’Aurillac, il fut professeur de mathématiques puis journaliste radical. Sur le plan parlementaire, il fut député de l’Aisne (1888 à 1889), de l’Yonne (1891-1896), de l’Aisne à nouveau (1902-1910) et sénateur de la Corse (1912-1931). En outre, il fut plusieurs fois ministre des Finances. De plus, il fut gouverneur général de l’Indochine durant 6 ans (1896-1902). Enfin, il fut président de la République en 1931, assassiné par Gorguloff en 1932. Initié le 1er décembre 1879 (à 22 ans) dans la loge « L’Union fraternelle, il passa Compagnon et Maître le même jour, le 5 novembre 1880. Affilié à de nombreuses loges de province et parisiennes au gré de ses mandats parlementaires, il siégea au Convent puis au Conseil de l’Ordre du GODF dont il fut le secrétaire en 1892 (à 35 ans). Ayant parti pris avec éclat contre le ministère Combes dans l’affaire des fiches, il fut exclu de la Franc-Maçonnerie par la loge « La Libre Pensée » (Orient de Paris). Pourtant, lors de sa mort tragique, les loges tirèrent des batteries de deuil en sa mémoire.
Victor Laloux (1850-1937), un architecte initié, membre de la loge « Les Démophiles » : (William Pesson)
Ce cinquième article (rédigé par William Pesson) s’attache à restituer la place de la franc-maçonnerie dans la vie de l’architecte tourangeau Victor Laloux (1850-1937) et appréhender le milieu maçonnique tourangeau en donnant un aperçu sur l’histoire de la loge « Les Démophiles » et en présentant le temple maçonnique de la rue Courteline, à Tours. Victor Laloux est reçu franc-maçon le 8 septembre 1873 (à l’âge de 23 ans) dans la loge « Les Démophiles » travaillant à l’Orient de Tours et attachée à l’obédience du GODF, dans le temple situé sis 4 rue des Jacobins, à Tours. Il démissionne de sa loge en décembre 1876, soit 3 ans après son initiation. En 1894, Victor Laloux reçoit la commande sans concours de l’édification du nouvel hôtel de ville de Tours, de la gare centrale de Tours, de la basilique Saint-Martin de Tours et, enfin, de la gare d’Orsay, à Paris.
DOCUMENTS : Monsieur Victor Hugo, êtes-vous maçon ? : (Jean-Claude Vilespy)
Ce sixième article est écrit par Jean-Claude Vilespy. Ce dernier fait le point sur 4 documents constituant le dossier du fonds maçonnique de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) où il est question de Victor Hugo. Jean-Claude Vilespy commente chacun de ces 4 documents pour conclure sur le fait que l’écrivain français Victor Hugo (1802-1885) était bien un maçon sans tablier.
Témoignages : Le cas Arthur Groussier : Arthur Groussier mérite-t-il son temple ? : (Charles Goldstein)
Ce septième article est rédigé par Charles Goldstein constituant un témoignage à charge contre la personne d’Arthur Groussier (1863-1957) : Grand Maître du GODF pendant les dernières années de la IIIe République. Ingénieur des Arts et Métiers, il adhère à la franc-maçonnerie le 29 mai 1885 (à l’âge de 22 ans). Syndicaliste, il devient député de Paris (dans le Xe) en 1893. Son activité parlementaire fut surtout axée sur les problèmes du travail. Membre du Conseil de l’Ordre du GODF en 1907 (à l’âge de 44 ans), il en devient le Grand Maître en 1925 (pour la 1ère fois). Il accède aux grades supérieurs d’une façon exceptionnelle en 1924. Arthur Groussier est président du Conseil de l’Ordre du GODF lorsqu’il ordonne que l’obédience cesse tout fonctionnement ainsi que toutes les loges qui en relèvent, le 15 juillet 1940. Le 7 août 1940, il adresse une lettre au Maréchal Pétain (chef de l’Etat français) où il cautionnne les parlementaires qui ont voté l’investiture à Pétain et par là même à son régime anti-républicain. Charles Goldstein ne trouve aucune excuse à Arthur Groussier et c’est la raison pour laquelle il estime que le grand temple de la rue Cadet devrait porter le nom d’un maçon martyr du GODF tels que Jean Zay, Pierre Brossolette ou bien Georges Voronoff.
Pierre-François Pinaud (1951-2012), historien de l’humain (Pierre Mollier)
Ce huitième et dernier article est écrit par Pierre Mollier. Ce témoignage est un hommage posthume porté à la mémoire de l’historien et universitaire français Pierre-François Pinaud (1951-2012), décédé récemment. Spécialiste de l’histoire des finances publiques sous la Révolution jusqu’au Second Empire, Pierre-François Pinaud était également un catholique sincère, initié à la franc-maçonnerie le 10 décembre 1987 (à l’âge de 36 ans) par la loge « Les Amis de l’Humanité » (Orient de Paris) de l’obédience du GODF. Passionné de musique et de cuisine, Pierre-François Pinaud était un humaniste profondément curieux de la personne humaine.
Jean-François Bérel © Les Clionautes