« Avec son agglomération, 510 000 humains vivent ici. C’est la plus grande métropole des Alpes, devant Innsbruck et Bolzano. Deux mille ans d’histoire. Stendhal est né dans cette ville. Il disait d’elle : « au bout de chaque rue, une montagne ». Grenoble est un radeau sur une mer démontée. Les vagues qui l’environnent ont des noms : le Vercors, la Chartreuse, Taillefer et Belledonne ».

Ainsi débute, par ce large propos liminaire, le travail graphique et sensible d’Edmond Baudoin, artiste en résidence à l’invitation de la Ville de Grenoble et de sa bibliothèque municipale, entre janvier et mai 2021.

 

Objet protéiforme, Grenoble en portrait(s) offre la vision de l’artiste sur cette belle cité, le plus souvent sous la forme d’un kaléidoscope d’ « interviews/portraits » où chaque résidant est amené à parler de son rapport à la ville et à son histoire.

Les lieux arpentés sont nombreux (théâtre municipal où E.Baudoin réside, Musée Dauphinois, local de l’association d’entraide « Point d’eau », places, Bastille ou encore le CLEPT, le Collège Lycée Élitaire Pour Tous) et les individus « croqués » qui se livrent ouvrent de belles fenêtres sur leur ressenti face à la ville, leur vécu et leurs attentes. D’autres sont même acteurs directs de l’ouvrage, E. Baudoin insérant leurs dessins ou poèmes à l’intérieur de son œuvre.

Parmi tous les beaux témoignages ainsi « collectés », on mentionnera simplement celui de Mohamed qui dit « Grenoble pour moi, c’est la sœur jumelle de la Kabylie. C’est pour cette raison que je l’ai choisie, consciemment, il y a plus de quinze ans. Ici, on a les Alpes. Là-bas, la chaîne de Djurjura qui revêt son blanc manteau en hiver. Les montagnes et la nature me rassurent, m’émerveillent en permanence. Elles sont, à mon sens, une porte directe qui donne sur la poésie véritable. Cette poésie qui nous permet de vivre dans la sérénité malgré la violence du monde. Grenoble, c’est aussi une terre vivante culturellement et maintenant des amitiés multiples. Quand je m’éloigne d’elle, pour retrouver ma terre natale, j’ai l’impression de quitter une seconde terre natale. J’ai désormais deux terres qui m’offrent généreusement ce que je ne trouve nulle part ailleurs ».

Le travail d’Edmond Baudoin est une belle réussite qui donnera envie de (re)découvrir la capitale des Alpes à nombre de ses lecteurs.

Grégoire Masson