Classer cet ouvrage n’est pas chose facile ! En tant que guide, on sera tenté de le placer dans la rubrique méthodologie puisqu’un de ces objectifs est « d’exposer quelques-unes des ficelles du métier de chercheur en sciences sociales dans le domaine de l’international » (p. 6) mais d’un autre côté, il trouverait tout aussi bien sa place en épistémologie puisque la moitié de l’ouvrage est consacrée à la présentation de textes fondateurs pour les sciences sociales et de leur auteur. C’est donc un outil au sens propre du terme que nous propose ici Johanna Siméant.

Cette professeure de science politique à l’Université Paris I, travaillant sur les ONG, a dirigé ce gros volume rassemblant les textes de 24 auteurs, doctorants, chargés de recherche, maîtres de conférences ou professeurs en sociologie, en anthropologie et en science politique. Issu de deux ans de séminaires, les textes publiés ici sont construits à partir de l’expérience de terrain de leurs auteurs et des difficultés auxquelles ils ont été confrontés en voulant traiter de problématiques internationales. « Traiter de l’international, c’est aussi critiquer les catégories routinières qui supposeraient une étanchéité entre le national, le local, et montrer comment la communauté, la ville, ou l’État sont moins que jamais le cadre ordinaire et évident de la description. » (p. 9). L’ouvrage a l’ambition de se situer à mi-chemin entre Le Métier du sociologue de Pierre Bourdieu, Jean-Claude Passeron et Jean-Claude Chamboredon (1969) et le Guide de l’enquête de terrain de Stéphane Beaud et Florence Weber (1997), deux références en la matière.

La première partie présente des textes écrits à plusieurs mains sur des thématiques aussi diverses que les ONG, la circulation des biens culturels (où peut se lire la marque de fabrique du laboratoire de Pierre Bourdieu) mais aussi des récits de vie dans un monde globalisé… « Faire du terrain, c’est d’abord identifier le terrain de l’international et les échelles auxquelles se déploient les processus d’internationalisation ou inversement de relocalisation » (p. 7). Alors que certains de ces chercheurs travaillent sur les bases de données de boursiers internationaux ou décortiquent la division internationale du travail dans les organisations internationales, d’autres travaillent sur la manière dont agissent les individus en partant de leur expérience plus intime de la mondialisation, dans une démarche empirique, combinant lieu de départ, lieu d’arrivée et étape.

La seconde partie est une mine pour les chercheurs en sciences sociales par la diversité des thématiques présentées. Elle pourrait être d’une grande aide aux enseignants d’histoire-géographie amenés fréquemment à faire référence ou à mobiliser les enseignements des travaux de sociologues, d’anthropologues, d’ethnologues, d’historiens, d’économistes, y compris en langue anglaise, sans avoir toujours le loisir de se plonger dans ces textes. Ils trouveront ici une sorte de Cliothèque en somme, extraits de textes à l’appui.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes