Une fois n’est pas coutume, la Cliothèque a eu l’opportunité de se pencher sur un ouvrage de cartographie dans son acception la plus opérationnelle du terme. Et c’est par l’intermédiaire d’un nouvel éditeur au catalogue, D-Booker, que nous avons pu apprécier le travail de Blanche Lambert, cartographe indépendante et fondatrice de l’entreprise AB Pictoris.

Si l’opus ne fait pas l’impasse sur quelques notions générales sur la conception et l’habillage des cartes ainsi que sur la représentation des données qui les constituent, il ne s’y attarde pas non plus pour laisser un large espace aux fonctionnalités du logiciel libre Inkscape.

Défini comme un logiciel de DAO (dessin assisté par ordinateur) non spécifique à la cartographie, Inkscape offre cependant toute la palette d’outils pour créer et magnifier des cartes en tous genres.

Le premier quart du livre permet de cerner les diverses commandes de l’interface tandis que la suite se concentre sur des applications à partir de fonds de carte vierges, la création de cartes thématiques appuyées par Khartis et enfin le croisement du dessin vectoriel avec les SIG pour améliorer le rendu esthétique de ces derniers.

Les qualités didactiques de Blanche Lambert sont indéniables : le guidage est extrêmement précis, la structure de l’ouvrage très hiérarchisée, le rappel de la sauvegarde de notre travail est très fréquent également ! La progressivité est vraiment douce et, vers la fin, lorsque les choses deviennent inévitablement plus complexes, l’auteure nous invite à ne pas nous décourager ni à prendre peur des rendus qui ne seraient pas immédiatement flatteurs.

Donc oui, cela fonctionne ! Non sans heurts par moments, je pense par exemple à la partie 12.3 qui invite à une sélection multiple de pays non nommés (renommer les calques avant n’aurait-il pas été mieux ?). De même, l’identification de pays définis par leurs trois premières lettres n’est pas naturelle lorsque ceux-ci sont identifiés en anglais. Mais l’on arrive à du résultat, c’est indéniable !

Alors libre à chacun d’investiguer l’outil avec plus ou moins de précision mais il y a, dans ce véritable travail d’orfèvre, matière à la faire. Le but n’est rien de moins que de faire passer un message clair et visuel et l’auteure de nous rappeler l’importance du message (Fig 17.14 : l’importance sémantique du grandient) notamment au travers de ce choix crucial que certains journalistes n’arrivent pas encore à saisir (Fig 18.1 : des points pour des données de stock et des surfaces pour des données relatives).

Bienvenue aux éditions D-Booker donc et bravo pour cet outil qui pourra nourrir les géographes si peu voire non formés à la cartographie que nous sommes en tant qu’enseignants !