Dans deux petits romans graphiques, l’autrice grenobloise Coline Picaud présente les vies de deux femmes, Hawa qui est guinéenne et Daiane qui est brésilienne.
Toutes deux résident désormais à Grenoble après des parcours de vie particulièrement difficiles.
Hawa est née à Fria, une ville industrielle située à proximité de Conakry. A l’âge de six ans, après la mutilation de l’excision, son père la « donne » à sa sœur et Hawa se retrouve dans un village où elle est maltraitée. A l’âge de treize ans, sa mère la reprend avec elle et Hawa apprend la couture. Violée, elle accouche à quatorze ans d’un premier enfant et se voit forcée d’accepter un mari de quarante-huit ans qui a déjà trois femmes. Elle réside à Conakry et subit de multiples violences de la part de l’homme qu’elle a été forcée de rejoindre. Elle accouche d’un deuxième petit garçon. Devant la menace d’une deuxième excision, Hawa prend la route et trouve d’abord refuge à Bamako puis au Maroc. En 2022, elle traverse la Méditerranée et arrive en France. Le logement qu’elle occupe à Grenoble est un galetas. Cette femme au courage inouï espère que la France acceptera sa demande d’asile.
Daiane est née à São Paulo, dans un quartier pauvre, en 1985. Elle a grandi avec sa mère et sa petite sœur. Victime de la misère, elle voit sa petite sœur « donnée » par sa mère puis elle est placée dans un orphelinat. A l’âge de neuf ans, elle perd tout contact avec sa mère. Elle quitte l’orphelinat à l’âge de vingt ans et travaille comme réceptionniste dans une clinique. Daiane trouve un soutien dans la religion et s’investit dans des activités caritatives auprès de communautés pauvres pendant quatre ans, d’abord dans l’État du Minas Gerais puis dans le Nordeste. A vingt-huit-ans, elle entre au service d’une famille franco-brésilienne qui lui propose de les accompagner en France, ce qu’elle accepte. Daiane souhaite rester en France et a fondé un foyer. Elle travaille comme agente d’entretien dans les écoles et a préparé une demande de naturalisation.
Les récits de vie qu’offre à ses lecteurs Coline Picaud sont d’une grande intensité. Réalisés sous la forme de petits reportages, avec un trait particulièrement agréable, ils présentent tous deux, sans aucun misérabilisme, le parcours de femmes dont le courage ne peut que forcer le respect.
Deux petits ouvrages dont on ne peut que recommander la lecture et qui pourront trouver des prolongements pédagogiques dans le cadre de séquences de géographie ou d’EMC.