Michel Duchein
Histoire de l’Écosse des origines à 2013
Tallandier Collection Texto 2013

Paru en juin 2013, c’est-à-dire à quelques mois du référendum sur l’indépendance de l’Écosse prévu en septembre 2014, cet ouvrage est une belle synthèse de l’histoire de ce territoire de 77 500 km² situés au nord de l’île de Grande-Bretagne. Le destin de ce territoire a été, du fait de sa position, assez particulier. Assez imperméable à l’influence romaine, les guerriers de ses différentes tribus étant assez redoutés par les légions, le territoire a été peuplé par des Celtes et des scandinaves. Le territoire est entré dans l’histoire en 79 après J.-C. sous le nom de calédoniens. En raison des peintures de guerre qu’elles portent, certaines populations ont été appelées Pictes et forment l’une des bases ethniques de la population écossaise. La crainte des coups de main des brigantes comme les Romains les appellent a conduit l’empereur Hadrien à construire en 118 le mur qui porte son nom était encore visible dans le paysage. Un autre mur a été également édifié, 120 km plus au nord que le précédent, par le successeur d’Hadrien, Antonin le pieux. Régulièrement, et jusqu’à la fin de la présence romaine sur les îles britanniques, 410, les murs de défense ont été attaqués par différentes tribus.

L’auteur interroge également l’histoire de l’Écosse du point de vue de la diffusion du christianisme. Il semblerait que ce dernier apparaisse vers le milieu du cinquième siècle, mais sans que l’on est véritablement de précisions supplémentaires. Entre la fin de l’occupation romaine au cinquième siècle et le Xe siècle, s’ouvre pour l’Écosse une période que les historiens écossais appellent : « l’âge obscur ». Cinq peuples différents occupent ce territoire, s’affrontent pendant une bonne partie de la période avant de se fondre et de constituer l’Écosse en tant que royaume et en tant que nation.
Les pictes ont laissé d’abondants monuments archéologiques, avec des inscriptions encore indéchiffrables. Les britons occupent la partie sud du territoire de l’Écosse actuelle, et à l’inverse des pictes leur origine celtique ne fait aucun doute.
Les scots qui sont apparus au sixième siècle sur le territoire écossais serait originaire d’Irlande. Ils se sont convertis au christianisme de façon massive, ont plus soumettre leurs prédécesseurs, et finalement s’imposer sur l’ensemble du territoire. D’origine germanique les Anglo-Saxons auraient pris pied sur les îles britanniques au tout début du septième siècle, se sont affrontés aux premiers occupants avant de s’intégrer dans la population déjà installée.
Enfin, au huitième siècle, ce sont les Normands, les vikings, des scandinaves, qui sont arrivés par le nord et qui se sont assez rapidement assimilés au reste de la population. Païens à l’origine, tout comme les Anglo-Saxons, ils se sont christianisés.

De l’unification à l’indépendance

L’unification du royaume d’Écosse a pu se réaliser vers 1040, avec le règne de Macbeth qui marque par ailleurs la fin de la période purement celtique de l’histoire d’Écosse. Le successeur de Macbeth Malcolm III a dû par ailleurs rendre hommage à Guillaume le conquérant en 1072. À partir de cette période une alternance monotone de pillage de destruction de part et d’autre de la frontière avec l’Angleterre rythme l’histoire des relations Anglo- écossaises.
Cette longue période que l’on pourrait qualifier de guerre froide est évidemment marquée par de nombreux rebondissements. Le royaume de France à différentes époques, le cadre d’une alliance revers a pu être appliqué à divers moments dans l’histoire de l’Écosse, notamment pendant la période du règne de Marie Stuart, entre 1561 et 1567. Son successeur, Jacques VI, à la fois roi d’Écosse et roi d’Angleterre à partir de 1598 montre d’ailleurs l’interpénétration de l’histoire de l’Angleterre de l’Écosse. Au passage, Jacques VII, au moment de la révolution de Cromwell, finit par se réfugier en France.
Même pendant les périodes d’union, les Écossais ont voulu cultiver leur spécificité notamment religieuse avec l’opposition entre les épiscopaliens et les presbytériens. Calvinistes tous les deux, il s’opposent pour des raisons politiques pour ce qui concerne l’autorité sur l’Église.

L’acte d’Union de 1707

Même après la signature de l’acte d’union, en 1707, les oppositions restent fortes, et les indépendantistes écossais, jacobites, en référence à Jacques Stuart ont mené différentes tentatives insurrectionnelles, qui se sont terminées en 1746 lors de la bataille de Culloden. Elle marque le 16 avril 1746 l’échec du quatrième des débarquements royalistes en Écosse, après ceux de 1692, 1708, et 1715, et la fin des espoirs de restauration de la lignée des Stuarts sur les trônes d’Écosse et d’Angleterre.
Au moment où commence sur les îles britanniques la première révolution industrielle, l’histoire de l’Écosse est, à partir du milieu du XIXe siècle, marquée par l’énergie issue du charbon. D’un certain point de vue l’exploitation des pétroles de la mer du Nord, au large des côtes écossaises, s’inscrit dans la même logique. L’Écosse moderne connaît une période brillante, à la fois par ses universités, comme celle de Glasgow, et le dynamisme de sa littérature. On connaît moins par contre le dynamisme du mouvement ouvrier, qui entretient une agitation sociale importante, notamment pendant la guerre de 14 18 dans les chantiers de la Clyde.
La renaissance du nationalisme écossais semble avoir été observée à, de façon très embryonnaire, à partir des années 20. Le nationalisme écossais ne s’inscrit pas dans une logique séparatiste, du moins à l’origine, comme celui qui a pu être observé en Irlande. Mais ce nationalisme écossais qui s’inscrivait essentiellement dans le domaine culturel, celui du mode de vie, a été réveillé par le choc du déclin des îles britanniques dans les années 70. Le parti nationaliste écossais reste toujours embryonnaire, mais l’expression de dévolution résume à elle seule ses aspirations vers une autonomie renforcée. En 1979 le référendum sur une dévolution ne remporte pas le succès espéré. Les oui sont faiblement majoritaires, les abstentions majoritaires et le seuil des 40 % d’électeurs inscrits n’étant pas atteint, le résultat final est donc négatif.
Par contre, le référendum du 11 septembre 1997, une fois que l’Écosse a subi les restructurations de la période Thatcher, qui l’ont particulièrement touchée, donne une majorité de 74,3 % des votants pour la création d’un parlement écossais. L’Écosse dispose d’un régime d’autonomie, même si la compétence fiscale reste du domaine du royaume de Grande-Bretagne. L’Écosse dispose d’une certaine autonomie avec la possibilité de voter un supplément d’impôt direct de 3 %, dont les élus écossais se sont bien gardés d’abuser. La question du référendum pour l’indépendance s’inscrit évidemment dans la renaissance énergétique de l’Écosse avec l’exploitation des pétroles de la mer du Nord. Mais pour autant, les compensations versées par l’État britannique semblent supérieures, quoi qu’en disent les indépendantistes, aux revenus que l’Écosse pourrait toucher en cas d’indépendance fiscale totale.
L’avantage de cette recension c’est qu’elle se termine forcément de façon ouverte, puisque son résultat final est suspendu au vote de 2014. À cet égard, l’Écosse n’est pas fondamentalement différente de ce qui a pu se passer en Espagne avec le statut de la Catalogne. L’affirmation d’une forte identité culturelle a pu servir de vecteur à une sorte de nationalisme, qui en Catalogne peut sembler dans une certaine mesure xénophobe. Cela ne semble pas être le cas en Écosse, dans l’histoire avec l’Angleterre est imbriquée depuis 12 siècles. Mais encore une fois, pour suivre les remarques de l’auteur en conclusion, dans son dernier chapitre sur perspective sur l’Écosse du XXIe siècle, il serait hasardeux de prétendre aller au-delà.