Le grand voyage d’Alice

C’est l’histoire d’une victime innocente, une enfant qui fuit le Rwanda après les massacres de 1994. Elle n’appartient au peuple victime, les Tutsis dont plusieurs témoignages¹ ont raconté l’histoire. Ce récit rappelle que dans une guerre interethnique rien n’est simple. Un récit vrai et émouvant.

C’est donc cette fuite d’une jeune Hutue, Alice, que rapporte cette BD, une enfant perdue au milieu de femmes, d’enfants mais aussi de génocidaires, les Interahamwe.
C’est sur la base d’un témoignage recueilli notamment par Médecins-sans-frontières que Gaspard Talmasse a rédigé son scénario. Ses illustrations sobres rendent les paysages et les ambiances de ce long voyage. Le lecteur va suivre les événements à hauteur d’enfant.

Les massacres de 1994 sont sobrement évoqués tout comme les gestes de solidarité de Hutus envers des Tutsis, de Zaïrois envers les réfugiés.

La fuite amène la famille vers le lac Kivu puis dans un camp de Bukavu, au Zaïre. On y découvre la promiscuité, le choléra… En 1996 l’entrée des Rwandais sur le territoire zaïrois provoque une nouvelle fuite à travers la forêt de ce si vaste pays. Le récit montre les difficultés d’accès au médecin dans des camps surpeuplés et les attaques armées sans qu’Alice ne sache d’où elles viennent comme à Tingi-Tingi.

Le monde d’Alice s’effondre quand elle perd sa mère et sa petite sœur dans l’attaque du camp de Mbandaka.

En novembre 1997 les enfants réfugiés sont envoyés dans un orphelinat à Kigali avant d’être reconduits dans leur village. Alice se retrouve Gitarama chez un oncle pour qui elle fait la corvée d’eau, puis chez une tante, elle retrouve sa sœur Adeline. Petit à petit la famille se reconstitue avant la grande nouvelle en 2001, ses parents sont vivants, réfugiés en Belgique. Non sans difficultés, désormais, adolescentes elles rejoignent en 2003 leurs parents. Enfin !

Une interview de la mère d’Alice complète la BD et donne des précisions sur cette histoire notamment les attaques des militaires des FAR² et de l’armée zaïroise contre les miliciens Interahamwe qui se cachent dans les camps de réfugiés.

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