L’auteur Jean-Michel Lacroix est spécialiste de civilisation nord-américaine, professeur émérite à l’Université Paris 3 Sorbonne nouvelle. Il aborde ci l’histoire an ayant comme ambition à la fois de la parcourir des origines à nos jours et de faire une synthèse des historiographies anglaise et québecoise longtemps antagonistes, quand l’une exprime l’histoire des vainqueurs, l’autre célèbre la résistance et l’arrimage à la francophonie. C’est le recul d’un Français, loin des terres américaines qui constitue l’intérêt de l’ouvrage mais à la lecture on perçoit mal ces points de vue et la construction demeure très classique : cadre territorial puis découpage chronologique avec une part très importante à l’histoire du XXe siècle.

Après une description de l’environnement physique dont on considère qu’il a un fort impact sur l’identité canadienne, l’auteur aborde la question des origines, des premiers peuplements (ch. 2), les recherches les plus récentes et l’importance des peuples amérindiens ne retiennent pas réellement l’auteur.

Très vite la découverte par les Européens retient l’attention de Jean-Michel Lacroix dont l’approche des documents est plus littéraire que véritablement historienne. Le récit plutôt factuel décrit (ch. 4 et 5) d’abord la colonisation française de la vallée du Saint-Laurent : contacts avec les Hurons et les iroquois, rôle des coureurs des bois1, compagnie des Cent-Associés, filles du roi, Jésuites et récollets et organisation administrative de la colonie.

Les Anglais entrent en scène au chapitre 6 avec les guerres franco-anglaises 1689-1763, écho à la colonie des guerres européennes. Si l’auteur n’oublie pas les réalités économiques et sociales on peut s’étonner de la faible place faite aux rivalités indiennes utilisées par les puissances coloniales.

Le premier XIXe siècle (1760-1840) est caractérisé par la mise en place du régime britannique dans la vallée du saint-Laurent et dans la région des Grands lacs : le Canada de l’époque/ l’auteur évoque les conséquences de la guerre d’indépendance américain, le statut des terres indiennes dans la Proclamation royale de 1763. Cette période est aussi celle d’une réorganisation économique et sociale au profit des Britanniques non sans une résistance identitaire francophone qui s’exprime lors de la rébellion des « Patriotes » de 1837-1838.

La seconde moitié du XIXe siècle est l’époque de la construction nationale au plan politique, le Canada est désormais un seul pays : fin de la politique d’assimilation des Canadiens français mais une instabilité politique en lien avec les relations au Royaume-Uni qui débouche la création de la Fédération canadienne2 ? L’auteur développe assez longuement les querelles et les accords politiques. Il évoque les territoires de l’Ouest et l’industrialisation, notamment le développement du chemin de fer, du Canada britannique face au « retard » du Canada français.

L’histoire du XXe siècle est traité en 7 chapitres qui mêlent histoire politique et histoire économique et sociale. On y découvre les étapes de la mise en valeur de l’Ouest, la politique migratoire et les réformes sociales, la politique étrangère et la lente autonomisation vis-à-vis de Londres. On retiendra la place faite à la participation aux deux conflits mondiaux et un paragraphe sur l’évolution culturelle de l’entre-deux-guerre.
Un chapitre entier est consacré au Québec des années 60, période de réformes mais aussi de montée des idées séparatistes.

Puis suivent le chapitre 13 pour la décennie 70 et Pierre-Elliott Trudeau, le chapitre 14 pour les Années 80 : les occasions manquées autour du débat constitutionnel, la question québécoise et les accords économiques avec les États-Unis et le réveil autochtone.

Une approche essentiellement politique que l’on retrouve au denier chapitre : le Canada face à la mondialisation, abordé à partir des majorités politiques, les gouvernements successifs de Jean Chrétien à Justin Trudeau. Les défis du XXIe siècles sont renvoyés à l’épilogue entre démographie, migrations et culture.

Un livre utile pour une première approche de l’histoire du Canada, complété d’une chronologie et d’une courte bibliographie.

 

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1  Sur ce thème le livre de Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois Amérique du Nord 1600- 1840, Paris, Les Indes Savantes, 2016

2  Les 4 membres fondateurs : Québec, Ontario, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Ecosse