Jean-Pierre Rocher, enseignant l’histoire-géographie dans le secondaire, a déjà écrit plusieurs ouvrages parascolaires comme celui-ci. En effet, ce livre est destiné aux classes préparatoires, IEP et universités. Cet ouvrage de synthèse, facilite la révision des grands enjeux du XXe siècle. Il inscrit leurs origines dans le XIXe et explique leurs impacts au XXIe siècle.

Ce livre se découpe en trois parties : les fondements du XXe siècle, le premier XXe siècle et du XXe au XXIe siècle. Chaque partie comporte des sujets. Les trente-cinq sujets sont représentés sous la même forme. Tout d’abord la « problématique générale » présente les enjeux principaux (avec parfois des éléments historiographiques). Puis la « mise au point » sous la forme d’un plan, approfondit le sujet. Enfin, une indication bibliographique est ajoutée à chaque sujet. Même si les parties sont présentées sous forme chronologique, une lecture ponctuelle est possible si l’intérêt du lecteur vise un sujet en particulier. Mais une lecture linéaire et continue permet d’acquérir une vue d’ensemble. Le lecteur fait alors des liens entre les différentes parties pour approfondir et compléter sa vision générale du XXe siècle.

Dans la première partie, pour expliquer les fondements du XXe siècle, Jean-Pierre Rocher, s’appuie sur les bouleversements économiques, politiques du XIXe siècle et les fondations des empires coloniaux, qui participent au rayonnement européen dans le monde. Tout d’abord, il rappelle la révolution industrielle, puis la naissance du capitalisme, le développement de la mondialisation et les mutations sociales engendrées.

Les Printemps des peuples de 1848 révèlent les divers courants qui traversent l’Europe du XIXe siècle. Le libéralisme, le socialisme, la démocratie et le mouvement des nationalités remettent en cause l’ancien ordre établi par le Congrès de Vienne. Dans le quatrième sujet, il explique les origines de la sociale démocratie, née en Allemagne, qui s’appuie sur les premiers syndicats et s’inspire de l’œuvre des socialistes Marx et Engels. Puis, il explique l’évolution du socialisme jusqu’à nos jours, où ce dernier a été redéfini. Dans les années 2010, G. Schröder initie une troisième voie au socialisme allemand en lançant une profonde réforme (néo-libérale) du système social allemand. Cette politique eut un succès économique important mais ses impacts sociaux entrainent un ressentiment d’une partie de l’électorat socialiste (recomposition des forces politiques).

Dans le cinquième sujet, Jean-Pierre Rocher explique l’enracinement de la culture républicaine en France de 1880 à 1890. En 1870, la IIIe République est proclamée par Gambetta à la chute de Napoléon III. De grandes lois sur les libertés sont proclamées et pour ancrer le régime, les républicains s’appuient sur l’école qui diffuse les valeurs républicaines. Mais cette république est aussi traversée par des contestations et des scandales (affaire Dreyfus). Puis, l’auteur s’appuie sur les empires coloniaux français et britannique qui manifestent la puissance européenne dans le monde au XIXe et début du XXe siècle. L’effondrement des empires avec la montée des nationalistes s’effectuent de différentes manières. Après 1945, le démantèlement de l’empire britannique donne naissance au Commonwealth, tandis que la France peine à donner à l’Algérie son indépendance.

La Deuxième partie porte sur le début du XXe siècle, principalement les deux guerres mondiales ainsi que l’entre-deux guerres. La Première Guerre mondiale est définie comme une guerre totale où les militaires mais également les civils sont touchés. L’expérience combattante traumatisante dans les tranchés ou la culture de guerre montrent une rupture dans l’histoire militaire et celle de la violence. La Seconde Guerre mondiale est définie comme dans le programme de troisième : une guerre d’anéantissement. Elle est aussi idéologique afin de justifier les volontés génocidaires. Les civils sont au cœur de la tourmente, victimes d’une violence inédite. Mobilisés dans l’économie, la collaboration, la résistance, influencés par la propagande, ils subissent également les privations, les déplacements forcés. Les civils sont la cible de l’effort de guerre de l’ennemi.

Durant l’entre-deux-guerres, la crise économique s’accompagne d’une crise politique mais aussi, morale et identitaire qui culmine en 1940 sous l’effet de la défaite militaire. La République démocratique française laisse la place au gouvernement de Vichy. Entre 1918 et 1939, l’Europe voit les démocraties se fragilisées au profit des régimes totalitaires comme l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie ou l’URSS soviétique. Outre le focus réalisé au sujet 14 sur l’Italie fasciste qui donne davantage de détails, le sujet 13 est particulièrement intéressant en raison de la comparaison qui est faite entre les trois régimes totalitaires. Puis, l’évolution de l’URSS est aussi expliquée avec, en 1917, la mise en place du régime lors de la révolution d’octobre, où les Bolcheviks prennent le pouvoir. L’auteur rappelle certaines explications des historiens sur la dictature stalinienne (emprise limitée de Staline à cause du « désordre social » selon N. Werth). Enfin, l’arrivée de Gorbatchev est une rupture vers plus de liberté. Mais cela ne suffit pas à maintenir l’URSS qui s’effondre en 1991.

Dans la dernière partie, du XXe au XXIe siècle, Jean-Pierre Rocher explique les enjeux de la reconstruction de la France après sa libération. Il met en avant le rôle de De Gaule qui rétablit l’Etat français et assure la transition démocratique. La IVe République fonde ainsi l’Etat-Providence. Mais confrontée à la question coloniale qu’elle n’arrive pas à résoudre, la IVe république échoue. La Ve République est établie par De Gaule, qui instaure un système présidentiel. Il met fin à la guerre d’Algérie, qui a divisée l’opinion française et dont la mémoire a longtemps été conflictuelle.

L’auteur présente aussi des enjeux de la guerre froide, comme Berlin, symbole de la fracture entre les deux blocs. Un point est aussi fait sur les démocraties populaires. Ces dernières ont subi la soviétisation de l’URSS, qui utilisait l’Europe de l’Est comme un glacis protecteur. Dans les années 1950 et 1960, les tentatives d’ouverture politique dans ces démocraties populaires sont réprimées par Moscou, mais vers la fin des années 1970, les opposants renforcent leurs contestations au nom des droits de l’homme. A la fin des années 1980, la disparition des démocraties populaires annonce l’effondrement du bloc soviétique.

Cette partie présente aussi la reconstruction des états européens. Comment s’est déroulée la dénazification de l’Allemagne (avec le procès de Nuremberg notamment) ? Des explications sont également apportées sur les étapes de la construction de l’Union Européenne. Les enjeux actuels et les défis à relever sont abordés.

Puis, les caractéristiques du monde multipolaire actuel qui s’est construit au XXe siècle sont expliquées. Par exemple, le gouvernement économique mondial depuis 1944, a favorisé le capitalisme, le libéralisme, l’économie de marché, mais aujourd’hui on en voit les limites… Ensuite, l’ouvrage présente le portrait de grandes puissances mondiales, comme la Russie, qui depuis les années 2000 avec Poutine, affirme son retour sur la scène internationale. L’auteur explique aussi l’évolution de la Chine depuis 1949, avec son ouverture sur le monde, son économie de marché, mais en conservant un régime très policier. Sa puissance reste incomplète. Les Etats-Unis sont évoqués, comme une hyperpuissance depuis la chute de l’URSS. Mais les attentats viennent remettre en cause cette hégémonie. Une erreur de l’auteur a été critiquée dans la presse. Page 204, l’auteur fait l’hypothèse que les attentats auraient été orchestrés par la CIA pour imposer l’influence américaine au Moyen-Orient… Cette opinion complotiste reflète ni la ligne éditoriale d’Ellipses ni la position de son auteur.

Par ailleurs, l’ouvrage explique les conflits qui touchent le monde depuis 1991. Un zoom est réalisé sur le conflit israélo-palestinien. De plus, Jean-Pierre Rocher, met en avant les espaces, enjeux de la mondialisation, comme l’Afrique, qui attire les investissements étrangers. L’Amérique Latine touchée par le populisme, les dictatures est marquée par de fortes inégalités et une instabilité politique. Ensuite, plusieurs sujets portent sur l’Asie, dont la puissance et l’influence ne cessent de croître dans différents domaines. Le Pacifique est évoqué comme un espace stratégique sous hautes tensions, où se concentrent des intérêts économiques, politiques et diplomatiques. Enfin, l’auteur s’intéresse au processus de la mondialisation et notamment aux espaces maritimes qui sont primordiaux dans l’économie mondiale mais qu’il faut également préserver.

Pour conclure, Jean-Pierre Rocher à travers ces trente-cinq sujets nous brosse un portrait du XXe siècle avec ces origines et ces enjeux actuels. C’est un ouvrage clé et pratique pour préparer les concours.