C’est un livre très original sur le football qui est proposé ici par l’auteur. Il saura être apprécié de tous, y compris par ceux dont la vision du football se résume à cette phrase aussi stupide que fausse et méprisante: « le football, c’est des milliardaires qui tapent dans un ballon ». A cette phrase est souvent accolée l’idée d’un sport aimé et pratiqué par des bas du front, sport exaltant les pires sentiments de chacun, dans un excès de chauvinisme et de masculinité exacerbée.

Cette présentation étant faite, il faut d’emblée évoquer la richesse historique et intellectuelle de cet ouvrage. A travers vingt chapitres qui vont de l’Antiquité au monde post Guerre froide, l’auteur a pour ambition de nous montrer le poids historique du football, l’ensemble des références historiques que l’on peut trouver dans les noms, l’héraldique, les symboles des équipes de football, que ce soit en club ou en sélection nationale.

Chaque chapitre fourmille anecdotes, d’explications. Il embrasse une vision globale de l’Histoire puisque sont traités à la fois les pays européens et les clubs le plus connus, mais aussi l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique du Sud. A travers ces anecdotes, on rentre dans la « vraie » Histoire, celle des querelles politiques et idéologiques, celle des tensions et affrontements religieux, celle des revendications territoriales et nationalistes. Mais aussi toutes les aventures humaines à la base de création de multiples équipes à travers le monde.

Il est impossible ici de résumer l’ensemble des faits historiques que cette étude du football permet d’évoquer tant ils sont nombreux. Parmi tant d’autres, l’auteur explique comment les tensions entre Grecs et Turcs rejaillit dans ce sport, à travers les blasons, les drapeaux, les chants… Comment le PSG a changé son logo et fait disparaître les références chrétiennes et à Saint Germain de son blason après son rachat par le Qatar, dans une perspective à la fois politico-religieuse et marketing. Comment des clubs d’Amérique centrale, chiliens, mexicains ou péruviens ont repris des symboles incas ou aztèques dans une volonté de revendication de leurs racines mais aussi dans une volonté de lutte actuelle pour leurs droits et leur reconnaissance socio-culturelle…

Parmi les 20 chapitres, une mention particulière peut-être faite sur les deux abordant âge industriel (qu’il est dommage d’ailleurs d’avoir intitulé « Révolution industrielle ») et la Guerre froide, par leur densité et l’ensemble des querelles idéologiques que les tensions entre socialisme, communisme et libéralisme ont entraîné dans sport le plus populaire et l’un des plus riches du monde. A travers ces deux chapitres particulièrement, ce sont aussi les supporters qui sont présents, l’auteur montrant à quel point l’attachement à un club dépasse une simple activité du week-end pour devenir quelque chose de plus viscéral et intime.

Ce livre se dévore tout simplement. Il peut-être apprécié du plus grand nombre, du collégien féru de football au professeur d’Histoire à la recherche d’anecdotes pour agrémenter son cours. Le travail de l’auteur est titanesque. Il permet de montrer à quel point le 1er sport mondial en terme de médiatisation est plus q’une activité sportive. En Amérique du Sud ou en Italie, il est souvent considéré comme une religion et certains de ses pratiquants sont considérés comme des figures divines. Mais au-delà de çà, le football est aussi le reflet de la société dans laquelle il vit. De ce qu’elle a de bon ou de moins bon. Il exacerbe les tensions et les rivalités, s’inspire de l’Histoire ou la crée, permet des rapprochements que la politique ne saurait faire (match Etats-Unis contre Iran). Il permet aussi de lutter contre tous ceux qui ont une vision étriquée du football qui est tout sauf un moyen d’aliénation des masses.

Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur

L’Histoire racontée par le football a pour vocation de constituer un manuel d’histoire alternatif et inédit, par le biais du ballon rond. Il vise notamment à rapprocher football et culture, domaines parfois considérés comme peu compatibles. Les grands événements et périodes de l’Histoire sont expliqués à travers le nom des clubs, leur stade, leur écusson, leurs maillots, les grandes compétitions. L’auteur évoque également l’implication de personnalités célèbres, les événements depuis la fin du XIXe siècle qui ont eu une répercussion sur le football (guerres, exclusions de compétitions, sélections disparues, etc.), les groupes de supporteurs, les footballeurs engagés (politique, résistance)… Il s’agit par conséquent d’une vulgarisation de l’Histoire certes, mais de qualité et au moyen d’informations solides et étayées. Le texte a fait l’objet d’une relecture par deux professeurs d’histoire, amateurs de football.

Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur

Diplômé de Sciences Po, Olivier Corbobesse est éducateur certifié de football et intervenant à l’Université Toulouse 1 Capitole. Il a déjà publié Culture Générale Football Club, 170 questions- réponses pour mieux comprendre le monde grâce au foot en 2018 (Editions Chistera), Histoire du football à Saint- Pierre et Miquelon, un autre regard sur l’archipel ainsi que Le football au féminin en 60 questions en 2019. Il est membre de l’Académie des livres de Toulouse et de l’Association des écrivains sportifs.

Ce manuel alternatif est destiné au grand public. Synthétique et ludique il permet, outre une lecture classique, des clés d’entrée par devinettes. Par exemple : « quel conflit armé a eu parmi ses conséquences… l’apparition de la pratique du football par les femmes ? ».

L’ouvrage apporte un éclairage culturel aux amateurs de football, grâce à un angle d’approche original.