Réalisée par Pierre Roland Saint-Dizier, cette bande dessinée relève le défi de retracer l’histoire de la métropole, constituée d’une équipe de dix historiens et huit dessinateurs, les planches nous plongent dans un voyage captivant. En effet, acteurs et lieux emblématiques de la capitale régionale sont reconstitués. Du siècle des Lumières à son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, le lecteur pérégrine dans le Bordeaux d’antan.
Cependant, au récit d’un passé des plus glorieux, les heures sombres ne sont pas oubliées. Plus particulièrement, le second scénario nous immisce dans les geôles du fort du Hâ. À la fin de l’année 1793, est détenue une certaine Thérésa Cabarus. Figure féminine de la Révolution, celle que l’on surnomme « Notre Dame du bon secours » est condamnée à mort. Le motif : « Avoir joué de ses relations » afin de sauver bon nombre de nobles. À l’aube de son exécution, elle apprend que Jean Lambert Tallien, compagnon d’autrefois est envoyé par L’Incorruptible pour appliquer « La loi des suspects ». Usant d’un ultime stratagème, elle réussit à approcher le jeune révolutionnaire. Celui-ci succombe à son charme et accepte de gracier nombre d’aristocrates. Toutefois, Tallien, accusé de « modérantisme, est démis de ses fonctions. Dès lors, il est dans l’incapacité de protéger plus longtemps sa bien-aimée. Celle-ci, pressentant sa dernière heure arrivée, ira jusqu’à déclarer : « Je meurs d’appartenir à un lâche ». Cette tirade, amène le politicien à marquer l’histoire lors de la journée du 9 Thermidor an II : ainsi, lors de l’ultime discours de Saint-Just à la Convention, il brandit un poignard, interrompant celui-ci. Cet acte de bravoure, signal de l’attaque contre Robespierre, conduit à la chute du régime.
La romance de Tallien et Thérésa nous montre la volonté de la bande dessinée : la singularité des destinées écrit la grande histoire. Plus précisément, l’avant-dernier scénario est aussi des plus épiques : Stahlschmidt, artificier allemand, reçoit l’ordre de détruire les quais et le pont de pierre au lendemain du débarquement. Préférant la conscience à la discipline, il refuse d’obtempérer et rejoint la Résistance. Sauvant la ville d’un funeste sort, il s’installe à Bordeaux en 1947. C’est dans cette même ville qu’il rend l’âme en 2010 à l’âge de 92 ans.
Chaque scénario est ponctué d’un texte au caractère proprement historique. Le lecteur peut ainsi s’immiscer sans difficultés dans la réalité exposée. Réalité, dans laquelle nous plongeons instantanément dès les premières pages. En effet, au recto de la première de couverture, est imprimé le plan original de la ville datant de 1754.
Histoire(s) de Bordeaux est une œuvre à vocation historique mais également pédagogique. Conçu pour parler au plus grand nombre, elle s’adresse aux jeunes générations comme à ses contemporains qui auront ainsi le plaisir de découvrir ou de redécouvrir une métropole au passé des plus riches.