Cette Histoire(s) du Limousin –Faire date est une aventure collective77 auteurs, 177 contributions de l’association Rencontre des historiens du Limousin qui conduit le lecteur de la préhistoire au XXIe siècle. Le pari est double : intégrer les derniers éléments de la recherche, sans oublier les perspectives historiographiques, tout en étant accessible au grand public.

Les auteurs mettent en lumière des dates qui marquent l’histoire régionale, mais qui montrent un Limousin ouvert sir le monde et replace la région dans l’histoire nationale.

Chaque contribution, 3 à 4 pages, pour certaines illustrées apporte un éclairage et une courte bibliographie. La ville de Limoges est très présente, peut-être un peu trop.

Cette construction, plutôt innovante, peut donner des pistes pour un projet en collègeEn école élémentaire ou au lycéeOn pourrait proposer aux élèves de repérer des dates, des lieux importants du département, de faire des recherches et les présenter dans une double page. Donner vie à l’enseignement de l’histoire, mettre en contact les élèves avec un chercheur qui pourrait de venir exposer ses travaux et le métier d’historien.

Les premières traces connues de l’homme en Limousin datent de 40 000 av. n. e., la sépulture néandertalienne de la Chapelle au Saints. Il ne s’agit pas de présenter toutes les contributionssommaire sur le site de l’association Rencontre des historiens du Limousin, mais de proposer des pistes d’entrée. Les auteurs ont choisi tantôt une date emblématique, tantôt un lieu ou certains personnages, un fait économique. Ce sont des invitations à une (re)découverte de l’histoire du Limousin.

Une présence humaine ancienne

Depuis la préhistoire, l’Homme est largement présent sur le territoire : menhirs connus de longue date ou étudiés plus récemment comme celui du bois du Pinsaud, tumulus (St Pierre de Fursac), ou le fameux dépôt gaulois de Tintignac avec son désormais célèbre carnyx. L’époque gallo-romaine est riche d’un maillage urbain, dont l’oppidum de Villejoubert et de nombreux vestiges28 bornes milliaires, dont celles du Moutier-d’Ahun et de Sardent en Creuse, carte p. 60.
Le parcours chronologique se poursuit avec l’imprégnation chrétienne, de Martial, l’évangélisateur à l’installation des Clunisiens en 1063.

Des dates de l’histoire de France…

C’est un acte du jeune Louis le Pieux en 794 qui marque ce premier témoignage. On peut retenir quelques jalons : 1034, des nobles du Limousin participent à la croisade. Adémar de Chabannes, un moine érudit meurt sur la route de Jérusalem, en 1106, Bohémond d’Antioche aurait été délivré par l’introcession de St Léonard.

La guerre de Cent Ans touche la région : sac de Limoges, siège d’Ussel par Bertrand du Guesclin.

Des Limousins participent aux guerres d’Italie : Germain de Bonneval, présent à Fornoue (1495), frère d’armes de Bayard à Marignan, meurt à pavie en 1525.

Le Limousin n’a pas été épargné par les guerres de religion : en 1562, des pierres sont jetées sur les reliques de St Martial, les troupes de Coligny sont à Nexon (1569). Henri IV fait une entrée royale à limoges le 16 octobre 1605.

Hugues Duroy de Chaumareys, ce Corrézien, après une vie troublée par la Révolution, reprend la mer dans l’escadre qui doit réoccuper le Sénégal après le traité de Paris. Il est surtout connu comme le naufrageur de la Méduse en juin 1816.

Si le XIXe siècle agricole est marqué par la création des comices agricole (1808) et de la Société d’agriculture de Brive (1818-1833), c’est au plan politique que la région se signale : 1848 Limoges la Rouge, La Creuse républicaine donne un maçon à l’assemblée, Martin Nadaud. Ses mémoires sont une source de qualité pour l’histoire de la migration saisonnière des maçonsVoir la thèse d’Alain Corbin, Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle (1845-1880),

1870, l’année terrible voit l’enrôlement de 4 000 Corréziens, mais aussi l’accueil. 1895, Limoges, ville industrielle, connaît l’important congrès de la CGT, congrès unitaire, malgré des débats houleux.

La Première Guerre est évoquée avec les monuments aux morts de la CreusePhoto du monument de Guéret p. 432Le lourd bilan, 11 100 morts soit 20 % des mobilisé, explique notamment celui de Gentioux et sa mention particulière « Maudite sot la guerre ».

La Front populaire est marqué par la victoire de la gauche (11 circonscriptions sur 14)

La Seconde Guerre est abordée par plusieurs contributions : le premier tract en juin 1940 et la figure d’Edmond Michelet, la manifestation de Brive le 11 novembre 1942, les exactions de la division Das Reich (Tulles, Oradour) au printemps 1944, la rafle de Guéret en juin et l’action de la Milice, la libration de Limoges par le Maquis le 21 août 1944.

à l’histoire régionale

1095, le pape Urbain II célèbre Noël à Limoges, aux lendemains du Concile de Clermont.

Le Limousin est une terre de révoltes : en 1594, les Croquants, chers à Yves-Marie Bercé ; entre 1644-1648, les intendants doivent faire face à des révoltes anti-fiscales.

Après un lent cheminement pour un financement viable , la création, en 1599, du collège d’enseignement de Limoges marque les efforts de la Contre-RéformeUn amical coucou à Luc Ferran, l’auteur de cette contribution qui fut, il y a longtemps, mon collègue au lycée d’Aubusson. Le bâtiment abrite aujourd’hui le lycée Gay Lussac.

On ne saurait écrire l’histoire du Limousin sans évoquer les émaux (1183, 1551) et la porcelaine de ses débuts grâce à un espionnage industriel (1767) à l’épopée de l’entreprise Haviland (1842, 1892,1919).

L’incendie du 15 août 1864 détruit le quartier populaire des arènes à Limoges.

Des lieux

Le Moyen-Age offre une gamme étendue de lieux remarquables comme la collégiale de Bennevent fondée en 1080.

Limoges fut une riche cité marchande, elle est citée comme très présente à Troyes dans une donation du Comte de Champagne en 1175. En 1212, la ville obtient sa charte.

Bourganeuf, abrite un monument dont le nom, la tour Zizim rappelle un illustre prisonnier : le prince Djem, fils du sultan Méhémet II. L’article retrace les péripéties de son séjour en France.

D’étranges croix marquent le souvenir de la peste de 1631.

Autre lieu emblématique, la ville d’Aubusson et sa manufacture royale de tapisserie, depuis 1665Illustration d’une verdure du XVIIIe siècle, p. 281. L’activité toujours présente a obtenu sa reconnaissance au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2009.

Pour l’époque contemporaine, ce sont les traces industrielles qui dominent. Le rôle du chemin de fer est évoqué à propos de la mégisserie de Saint Junien (1874) et des vitraux de la gare des Bénédictins (Limoges 1929) . L’uranium fut exploité à La Crouzille (1949-1995).

Des personnages

Si Martial fut l’évangélisateur, au VIe siècle, en 1632 une querelle de préséance opposa l’abbé de St Martial à l’évêque de Limoges.

En matière d’art, les auteurs rendent hommage au prince des troubadours Bernard de Ventadour (vers 1140-1145), au sculpteur Julien Duhamel (1647).

Angélique du Coudray, la sage-femme du roi enseigna ses techniques obstétricales aux matrones de Limoges et de Tulles (1763), un fait connu grâce à une lettre de l’intendant Turgot et à ses mannequins pédagogiquesPhotographie p. 298.

Des articles sont consacrés à Gay Lussac (1778), à Frédéric Le Play installé à LigoureVoir la thèse d’Alain Corbin, à l’aviatrice Maryse Bastié et à la venue de Joséphine Baker à Limoges en avril 1934.

S’il faut retenir un homme politique issu de la région, la place revient au Corrézien Henri Queuille.

Enfin impossible de ne pas évoquer Poulidor et sa légende forgée sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964.

L’ouverture au monde

Situé, dès l’Antiquité, sur l’axe entre Lyon et l’Atlantique, le Limousin est une terre de passage, parfois de troupes (mort de Richard Cœur de Lion en 1199 – Wolgang de Bavière meurt d’un coma éthylique à Nexon en 1569), de visiteurs comme les 40 Tartares de l’ambassade mongole en 1307 ou le prince Zizim, déjà cité.

C’est aussi un lieu de départ : des écoliers partent pour l’université de Bologne en 1265.

 

Tout n’a pas été retenu, bien sûr, mais c’est un ouvrage de vulgarisation d’une grande richesse à déguster sans modération.