Cette bande dessinée propose une histoire de la littérature américaine. Ce premier volume est centré sur le XIXème siècle. L’objectif est d’entrer dans l’intimité de la vie des créateurs et de donner une représentation graphique de leur univers.

L’ouvrage

Après un prologue, les auteurs présentent dix écrivains en évoquant à chaque fois leur biographie et aussi leurs principaux ouvrages. A la fin de chaque portrait, on trouve un dessin qui présente l’influence de l’auteur dans la littérature américaine. Il y a également un appareil de notes qui permet d’aller plus loin. Une bibliographie est proposée avec les oeuvres de chaque auteur et des études les concernant.

Les auteurs

Catherine Mory est professeure de français. Elle a publié plusieurs ouvrages dont « L’incroyable histoire de la mythologie grecque ». Jean-Baptiste Hostache a collaboré à divers longs métrages d’animation. Il a également publié plusieurs séries dont « Neige fondation ». Olivier Gallmeister est le fondateur des éditions qui portent son nom. François Guérif est un éditeur français, créateur notamment des collections Rivages/Noir et Rivages/Thriller. 

L’Amérique, fille de l’Europe

L’histoire commence ici en 1620 avec ceux qu’on appelle les pères fondateurs mais les auteurs évoquent aussi évidemment les populations autochtones. La première richesse de ce territoire, c’est la terre et la deuxième la fourrure. Entre 1500 et 1860, 12 millions d’Africains ont été amenés en Amérique dans le cadre du commerce triangulaire. Pour donner également quelques repères, la guerre de sept ans, Georges Washington et l’indépendance des Etats-Unis sont cités. Le décor est planté pour présenter un pays fait de prairies et de villes.

Fenimore Cooper, le dernier des Mohicans et le génocide indien

Il commence sa carrière d’écrivain par une mauvaise imitation de romans sentimentaux anglais. Par la suite, il se documente sur la vie des IndiensL’iconographie de l’Indien d’Amérique, Fabrice Delsahut, Rendez-vous de l’Histoire Blois, samedi 13 octobre 2018 pour ses ouvrages. Il écrit « Le dernier des Mohicans » qui est le deuxième opus d’un cycle de cinq livres. L’action se déroule pendant la guerre de sept ans. Il est le premier à représenter les Indiens, non comme des caricatures, mais comme des personnages à part entière. Il est aussi un des inventeurs de la littérature du far west.

Nathan Hawthorne et les sorcières de Salem

Nathan Hawthorne grandit dans la ville de Salem dont les auteurs décrivent l’ambiance. C’est une ville vouée à la sainteté où toute activité est proscrite le jour du Seigneur. C’est là qu’ont vécu les ancêtres de l’auteur et certains se sont distingués en massacrant forêts et Indiens. Nathan Hawthorne écrit le premier roman psychologique américain avec «  La lettre écarlate ». Son succès gagne l’Europe et cela lui permet de vivre de sa plumeLes filles de Salem, Thomas Gilbert, Dargaud, édition de poche, 2022.

Edgar Allan Poe et l’invention du roman policier

Il a trois ans quand sa mère meurt et son père a alors déjà quitté le foyer familial. Il est recueilli par une famille de riches négociants en tabac et coton mais les relations avec son beau-père sont conflictuelles. Il a écrit des contes gothiques, a contribué à des journaux, mais son rêve était d’en fonder un. Poe invente le premier détective de la littérature. Miné par l’alcoolisme, la misère et la paranoïa, entouré de nombreux morts précoces, il s’éteint à 40 ans dans un service des alcooliques.

HD Thoreau, l’invention du natural writing et la lutte anti esclavagiste

Grâce à une bourse, il entre à l’université de Harvard et y fait une rencontre décisive en la personne d’Emerson. Ce dernier est le fondateur du transcendentalisme, une doctrine qui considère que l’homme est capable intuitivement de distinguer le bien et le mal. Il suggère à Thoreau d’écrire son journal intime. Ce dernier opère, non une coupure, mais un retrait de la société. Son oeuvre phare « Walden » est à la croisée de l’autobiographie et de l’essai. Il s’agit de définir comment bien vivre. Il ne veut pas convaincre le lecteur mais l’éveiller et l’encourager à transformer le conformisme social. Il est considéré aujourd’hui comme le père de la décroissance.

Walt Whitman : la naissance de la poésie américaine et la guerre de Sécession

Il vécut de 1819 à 1892 et est une véritable icône dont certains vénèrent encore les reliques. Les commentateurs ont beaucoup glosé sur sa sexualité mais finalement en quoi est-ce important ? Il aime abandonner ses sens à la flânerie. Il rencontra lui aussi Emerson. Il est notamment l’auteur d’un poème fleuve de 334 vers,  « la chanson de moi même ». Cette proposition littéraire ne fut pas vraiment bien accueillie par la critique mais il est reconnu par Emerson avant que celui-ci aussi ne s’éloigne de lui. Lors de la guerre de Sécession, il célèbre l’ardeur guerrière tout en pleurant les fils sacrifiés. Il est aussi l’auteur d’un poème pour Washington qui vient d’être assassiné.

Herman Melville : Moby Dick et la conquête des océans

Il est apparenté à une famille aristocratique écossaise mais son père est, peu après, ruiné. A vingt ans, sans moyen, il décide de prendre la mer. Dix ans plus tard, il fera de ce premier embarquement un roman. A vingt-et-un ans, il s’engage sur un baleinier. Il raconte comment se passe la chasse à cet animal : c’est « Moby Dick ». Il rencontre Nathan Hawthorne qui exerce une influence sur sa façon d ‘écrire. Son roman prend alors des teintes plus sombres. Herman Melville meurt dans l’indifférence générale.

Emily Dickinson et le puritanisme

A partir de l’âge de 29 ans, elle se cloitre  dans le manoir familial. Plusieurs experts aujourd’hui se penchent sur son cas et cherchent à l’interpréter. Etait-elle terrifiée par le regard des autres ou alors était-ce une variation du mode de vie excentrique de toute sa famille ? Elle écrit des poèmes encore lus de nos jours. Elle rédige surtout beaucoup de lettres. Si les 9/10 ème de sa correspondance ont disparu, il reste aujourd’hui d’elle un peu plus de 1000 lettres !

Mark Twain et l’humour de l’Ouest

Il est le premier à écrire une langue parlée qui n’est plus l’anglais lettré du vieux monde mais la langue vernaculaire de l’Amérique. Avec lui commence le réalisme américain moderne.

Henry James et la confrontation entre l’ancien et le nouveau monde

Il s’installe avec sa famille à douze ans en Europe. Il effectue d’ailleurs de nombreux allers retours entre ce continent et les Etats-Unis. C’est un amoureux de Balzac et il a une parfaite connaissance du français. Il publie des nouvelles à la frontière du romantisme et du réalisme. Un de ses chefs-d’oeuvre c’est « Portrait de femme » qui met en scène une riche héritière américaine qui voyage en Europe. Une de ses thématiques préférées, c’est le secret. Son oeuvre connait plusieurs périodes et dans «  Les ambassadeurs » on lit la confrontation entre l’ancien et le nouveau monde.

Jack London et la ruée vers l’or

Il a vécu 40 ans. Son père ayant eu un accident de travail, il doit travailler pour nourrir sa famille. A 15 ans, il s’engage dans une conserverie de saumon. A 17 ans, il part chasser le phoque au large du Japon. Ses fictions prennent généralement parti pour les victimes de l’homme blanc comme en témoigne Buck le héros de «  L’appel de la forêt ». « Croc blanc » lutte pour sa survie et on s’interroge pour savoir si «  Martin Eden » est une autobiographie déguisée.

Au terme de ce voyage dans la littérature américaine, le lecteur connait mieux les vies et les oeuvres des auteurs. L’arbre qui clôt chaque chapitre, avec sur chaque branche  d’autres auteurs du même genre, montre utilement comment s’est diffusée l’influence de chacun. On attend donc avec impatience le deuxième volume de cette histoire.