Jean-Pierre Rioux, ancien professeur de lycée, directeur de recherches au CNRS, inspecteur général de l’Education nationale, est connu tant par sa participation à la rédaction de revues telles que Vingtième Siècle depuis 1984 que dans l’écriture d’ouvrages sur l’histoire contemporaine de la France tels que La Révolution industrielle (1780-1880), en 1971 ou encore, plus récemment, Vive l’histoire de France !, en 2015. Ici, dans ce présent ouvrage, Jean-Pierre Rioux essaie de répondre à cette question : « Comment devient-on historien ? ». Ce livre se situe donc dans le courant historiographique qu’est l’égo-histoire, qui s’est développé dans les années 1980 avec des ouvrages de G. Duby ou de J. Le Goff et dernièrement sous la direction de P. Boucheron. L’ouvrage, ici présenté, est composé de quatre parties qui relatent la vie de Jean-Pierre Rioux, ses lectures et ses impressions, ses émotions suivant les événements vécus.L’arbre de Corrèze.
L’historien fait une première partie sur son enfance et ses différents parcours entre la Corrèze et Paris. Il nous relate, non seulement, des épisodes de ses vacances en Corrèze, mais aussi, les lectures entreprises pendant cette période : l’Histoire d’un conscrit de 1813 d’Erckmann-Chatrain, l’Histoire d’un paysan des mêmes auteurs, le Tour de la France par deux enfants de Bruno. En découvrant les œuvres de Michelet et de Nadaud, Jean-Pierre Rioux arrive à découvrir l’Histoire, celle de la France, vibrante, haletante, proche du peuple, laborieux et fier de son passé. Il détaille ses lectures dans quatre chapitres pour mieux expliquer quels impacts elles ont pu avoir sur lui.

L’espoir libéré.
Dans une seconde partie, l’historien expose ses années d’étude, l’obtention de l’agrégation, ses premières années d’enseignement et surtout le choix des études historiques. Pendant ses études secondaires, l’histoire et leurs professeurs ne lui ont pas laissés de souvenirs intarissables. Il apprit « l’engagement d’historien à l’heure de la guerre d’Algérie ». Comme pour la première partie, il détaille les ouvrages qui ont suivi son parcours à cette époque : les œuvres d’Albert Camus, deux ouvrages de Jean Guéhenno (1890-1978), Jeunesse de la France et La Foi difficile. Il retrace aussi les grands événements, les grandes affaires qu’il a pu connaître à ce moment-là : la mort de Léon Blum, la guerre d’Algérie (avec La Question d’Henri Alleg) par exemple.

Sur les grands boulevards.
Une troisième partie marque les années d’enseignement, le parcours professionnel de Jean-Pierre Rioux jouant sur trois registres : « enseigner librement, suivre les grands boulevards de l’historiographie d’alors, mettre en commun dès que l’occasion s’est présentée ». Tout cela n’aurait pu être pareil sans le soutien et la participation de sa femme, Hélène. Il décrit son parcours en tant qu’enseignant au lycée Marceau de Chartres, puis à Nanterre en tant que chargé de cours et maître-assistant. Son entrée à l’IHTP lui permet de côtoyer des historiens de grande renommée et donc de suivre les grands courants de l’historiographie française et les questionnements historiques de l’époque (le devoir de mémoire en histoire, la patrimonialisation de la société, le récit national, l’histoire culturelle, le monde comme représentation, l’histoire du temps présent, la notion de culture de masse).

Sur la piste du politique.
Une dernière partie traite de son travail sur l’histoire politique et culturelle de la France. Pour lui et Robert Ilbert, « un bon chercheur est un nomade, ni sédentaire ni vagabond. Car le nomade sait où il va, il a des campements et des points de repère ». Il est un homme de revues mais aussi d’ouvrages historiques. A travers ce livre, il a voulu montrer que tous les chemins menaient à l’histoire de France.

Pour conclure, ce livre fait partie de l’égo-histoire. Jean-Pierre Rioux y retrace les principales étapes de sa vie, nous fait partager les senteurs de son enfance, les interrogations de son adolescence et ses engagements d’adulte. L’historien alterne constamment entre les événements historiques vécus, ses souvenirs personnels et ses lectures de l’époque pour mieux comprendre et appréhender chaque période de sa vie.