Si vous voulez tout savoir sur l’Empire napoléonien, sous une forme graphique originale et attractive, l’ouvrage de Frédéric Bey, Nicolas Guillerat et Vincent Haegele est pour vous. En 160 pages, les auteurs dressent le portrait de l’Empire en articulant leur propos par un plan en quatre parties.
Voici le replay de la conférence virtuelle qui s’est déroulée le 23 janvier 2024 :
Infographie et Napoléon : le combo gagnant
Cet ouvrage allie deux éléments très porteurs : l’infographie, qui a le vent en poupe comme le montre le flot de publications de ce style, et l’empire napoléonien, sujet qui reste constamment parmi les thèmes qui intéressent le plus. L’infographie est un moyen de proposer une synthèse de connaissances amassées. Cet ouvrage a été écrit par Frédéric Bey, auteur par ailleurs de trois monographies sur des batailles napoléoniennes, par Nicolas Guillerat, data designer, auteur également de « L’infographie de la Seconde Guerre mondiale », et par Vincent Haegele, conservateur des bibliothèques de Versailles et auteur notamment d’un livre sur Murat. En introduction, les auteurs rappellent que Napoléon est le cerveau d’une machine de guerre qu’il a soigneusement organisée et structurée.
Le pouvoir, l’Empire et les institutions
Dans cette partie, comme dans les trois autres, impossible de dire toute la richesse des informations apportées. Parfois, on pourrait passer de longues minutes sur une seule infographie pour en épuiser tout le contenu. Le livre commence par un arbre généalogique de la famille Bonaparte et montre les relations qu’elle entretient avec d’autres. Il y a ensuite une double page sur les lieux de pouvoir en distinguant, par exemple, les lieux de vie, d’apparat ou les lieux politiques. Le travail de précision se voit également dans la distinction des différents cercles de la Cour impériale. Ce sont entre 2 800 et 3 000 personnes qui travaillent pour la maison. On peut signaler une autre entrée sur une journée type de l’empereur qui diffère entre temps de paix et temps de guerre. Une carte montre la construction territoriale de l’Empire et on voit l’importance des communications. Napoléon rappelle à ses correspondants d’utiliser un chiffre pour coder les lettres qu’ils lui envoient. Napoléon a aussi l’intelligence d’utiliser au mieux les informations qui lui parviennent de différents canaux. Plusieurs pages de synthèse proposent des éléments sur populations, économies et puissances européennes. En 1750, la population européenne compte 140 millions d’habitants et ce sera 200 millions en 1815. La question de l’esclavage est abordée ainsi que celle du financement de la guerre.
La Grande armée et la marine impériale
De multiples focus sont proposés comme un sur le corps d’armée, la grande unité autonome de Napoléon. C’est un ensemble de 15 à 25 000 hommes, dont 1500 cavaliers, capable d’opérer de manière autonome avec l’appui de 35 à 50 canons. Le lecteur trouvera aussi de multiples détails sur les formations tactiques du bataillon d’infanterie. S’il s’intéresse aux habits et équipements du soldat, là aussi des doubles-pages fournissent tous les éléments. Il faut savoir aussi, par exemple, que les grenadiers devaient mesurer au minimum 1,73 mètre tandis que les voltigeurs étaient recrutés parmi ceux qui faisaient moins d’1,60 mètre. La puissance et la polyvalence de la cavalerie marqua les esprits des adversaires de Napoléon. Il faut aussi souligner qu’à son arrivée Napoléon eut la chance de pouvoir compter sur une artillerie d’une qualité incomparable. Il a aussi accordé une attention particulière aux services de santé. Percy fut ainsi le promoteur d’un véritable service de « chirurgie de bataille ».
La guerre et les coalitions
Napoléon est devenu très tôt le principal artisan des victoires françaises. La campagne d’Egypte dévoile l’ampleur de ses ressources alors qu’il est coupé de sa patrie. Il avait une vision très pragmatique des batailles. Plusieurs d’entre elles sont décortiquées avec cartes et infographies comme Ulm qualifiée de « victoire en marchant ». Quant à Austerlitz, la victoire française est autant liée à l’excellence de l’entrainement et de l’organisation de la Grande Armée qu’à la capacité hors du commun de son chef à tirer parti des circonstances. Le livre aborde évidemment également les défaites avec la campagne de Russie ou Waterloo. La guerre navale n’est pas oubliée.
La chute
La partie commence par une double-page sur les résistances à l’Empire. Il faut se souvenir que, dès 1796, des révoltes paysannes éclatent sur les arrières des lignes d’opération françaises, surtout en Italie. Le livre dresse le coût humain de la guerre avec 700 000 morts français en quinze ans et deux millions parmi les soldats des puissances étrangères. Le typhus joua également un rôle dévastateur dans les armées. Il faut relever également que l’effort de guerre demandé aux Français n’est pas linéaire dans le temps. Le poids de la conscription et, plus encore, l’ampleur des pertes augmente dramatiquement à partir de 1812. Les auteurs évoquent enfin le congrès de Vienne et ses conséquences en insistant sur la fin d’un Empire et le début d’un nouvel équilibre.
On ne peut terminer ce compte-rendu sans inciter le lecteur à prendre le temps de lire les textes qui accompagnent les infographies. De façon presque paradoxale, cette infographie se distingue aussi par la qualité des textes de synthèse proposés. Ce travail en amont peut permettre de livrer des représentations graphiques à la fois originales et très complètes.