Iran : une société en ébullition
Interviewé par David Amsellem, Bernard Hourcade (directeur de recherche émérite au CNRS) rappelle la mise en place de la République islamique en 1979. A la fin des années 1960, une nouvelle bourgeoisie se constitue et demande davantage de liberté et de démocratie. En s’alliant avec le clergé chiite, la bourgeoisie impose ses idées autour de la devise « indépendance, liberté, République islamique » avant d’être supplanté par son allié. Bernard Hourcade insiste notamment sur les 3 « i » : l’Iran (peuple, culture, territoire), l’international (découverte du pétrole en 1908) et l’islam (chiite). La société iranienne est actuellement en pleine recomposition sociale avec une demande de liberté de la part des jeunes et de la classe moyenne urbaine.
Yann Richard (professeur émérite à la Sorbonne) raconte la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeyni depuis son exil en Irak jusqu’à la nouvelle constitution de 1979 qui garantit l’alternance d’un président et de parlementaires. L’article d’Amir Nikpey, relativement technique, insiste sur la diversité religieuse du pays : une majorité de chiite cohabitent avec des minorités sunnites, orthodoxes (Arméniens), juives, et bahaïs. L’éducation est notamment l’un des relais de la religion d’État puisque les associations et organismes de l’enseignement supérieur sont principalement financés et contrôlés par l’État. Une carte en décalage avec l’article présente l’étendue de l’Empire perse achéménide (-550/-330), sassanide (224-651) et séfévide (1501-1736).
Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner mettent en avant l’absence de heurts dans la relation avec l’Arabie Saoudite jusqu’en 1979. Les tensions apparaissent lorsque le shah décide de renforcer son pouvoir au Moyen-Orient à la suite du retrait britannique de la région. Le nouveau régime conteste la légitimité des régimes musulmans alliés de l’Occident. La normalisation du conflit n’apparaît qu’à la fin des années 1990 marqué par le retour des Iraniens à la Mecque.
La place des femmes dans la société est marginale selon la loi : la garde des enfants revient au père lorsque celui-ci dépasse l’âge de 7 ans par exemple. Le témoignage d’une femme « vaut pour moitié » devant la justice. Ghazal Golshiri (correspondante pour Le Monde) présente l’ONG Nafas fondé par 5 femmes qui s’engagent à éveiller les consciences sur l’environnement. Chercheur à Bahreïn, Clément Therme étudie l’opposition entre les partisans d’une transformation du pays en un pays émergent et les partisans d’un régime politique autoritaire et conservateur. L’accord sur le nucléaire a notamment provoqué de nombreux débats au sein de la société iranienne. Les deux derniers articles s’intéressent au cinéma (par Asal Bagheri) et à la littérature (par Laetitia Nanquette).
Enfin, une carte grand format aux échelles sub-régionales et nationales réalisée par Blanche Baron clôt ce livre-pliable.
Pour aller plus loin :
Antoine BARONNET @ Clionautes