On ouvre cette bande dessinée et on est transporté. L’auteur, Simon Louvet, a reconstitué méticuleusement l’histoire de ses arrières grands-parents maternels. Il explique qu’en 2018, en qualité de journaliste, il avait accompagné un groupe de lycéen à Auschwitz pour un reportage. Il prend conscience de l’importance de raconter le parcours de ses aïeux et, après la mort d’Isidore, en 2000, il initie un réel travail d’historien, grâce à des documents d’archives personnelles mais aussi institutionnelles. Il réussit, ainsi, à nous faire connaître Isidore et Simone afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.

Organisée en sept chapitres, il retrace l’arrivée de sa famille maternelle en France, les débuts des persécutions et des déportations, le placement de Monique et Marylène (sa grand-mère) au couvent Notre-Dame-de-Massip à Capdenac mais aussi l’entrée et l’action d’Isidore au sein du maquis de Vabre. La libération du territoire et la reprise de la vie sont également évoquées tout comme le silence qui s’installe sur cette période sombre qui vient de se terminer. Simon Louvet alerte aussi sur les défis de notre époque et la lutte nécessaire contre le négationnisme et le révisionnisme.

Dessinés avec finesse et clarté, dans un camaïeu de gris, cette bande dessinée convoque de grandes figures comme Monseigneur Saliège, Jean de Lattre de Tassigny ou encore des Justes parmi les nations comme Denise Bergon et Marguerite Roques. Simon Louvet nous parle des Eclaireurs israélites de France (EIF), des maquis et du rôle de la résistance juive et étrangère.

La bande dessinée se termine sur un entretien entre l’auteur et Olivier Lalieu (historien et responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes au Mémorial de la Shoah). Ce dernier approfondit le contexte historique de chacun des chapitres. Enfin, des archives nous sont présentées et nous permettent de comprendre le travail mené par Simon Louvet.

Cette bande dessinée mérite donc d’être présente dans tous les CDI. Elle est réellement à mettre entre toutes les mains, notamment celles des élèves volontaires, investis et engagés dans la préparation du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD). De plus, elle permet d’aborder, avec les collégiens comme les lycéens, le travail d’historien, l’importance des archives et des témoignages.

Isidore et Simone, juifs en Résistance nous offre aussi l’opportunité d’expliquer l’importance de la Mémoire et la nécessité de lutter contre toutes les formes de discrimination. De plus, rappeler l’engagement des étrangers et des juifs au sein de la Résistance parait tout à fait opportun à l’occasion de la prochaine panthéonisation de Missak Manouchian.