Depuis le discours d’André Malraux pour son entrée au Panthéon en 1964, Jean Moulin est devenu l’incarnation de la Résistance, son unificateur et son martyr. Mais, au-delà de cette icône républicaine, qui était Jean Moulin ? Un homme aimant la vie, un dessinateur doué pour la caricature, un fils et petit-fils de républicains, un jeune et brillant haut-fonctionnaire ; mais aussi un patriote antifasciste au service de l’unité nationale, puis un préfet courageux, un exceptionnel organisateur de la résistance enfin. Ce sont toutes ces facettes que cette biographie met en lumière. Un portrait de préfet au service de la République, puis de la Résistance, à l’heure où la diversité des formes de Résistance a été mise en valeur par les entrées au Panthéon de De Gaulle-Anthonioz, Tillion, Brossolette et Zay en 2015 et des Manouchian en 2024.
Nouvel éditeur spécialisé en histoire, les éditions Calype avaient profité des « Rendez-vous de l’histoire de Blois » 2022 pour officialiser son lancement par la publication de quatre premiers titres dans une collection de poche intitulée « Destins ». Elles ont l’ambition de proposer une nouvelle approche du savoir et de la connaissance, en s’efforçant d’unir l’excellence scientifique, l’originalité et la lisibilité. Emblématique de ce point de vue est la collection « Destins » qui propose des biographies inédites. À la fois compact et à jour des connaissances les plus récentes, exigeant sur le fond et facile à lire dans la forme, chaque titre est confié à l’un des meilleurs spécialistes du sujet.
Pierre AllorantIl est né en 1962, à Orléans. Après avoir obtenu son baccalauréat scientifique au lycée Pothier d’Orléans, Pierre Allorant étudie les sciences politiques à Paris. Certifié d’histoire-géographie en 1985, scientifique du contingent à Saint-Maixent-l’École, il est reçu à l’agrégation d’histoire en 1988. Il rentre alors à Orléans pour enseigner au collège Dunois, au collège Condorcet puis au lycée Voltaire et donner quelques cours et travaux dirigés d’histoire contemporaine en licence d’administration économique et sociale à l’université d’Orléans. À cette époque, il rencontre Michel Pertué, doyen de la faculté de droit, qui lui propose de reprendre des études juridiques afin de préparer un doctorat sous sa direction. Nommé maître de conférences en histoire du droit en 2007, Pierre Allorant soutient son habilitation à diriger des recherches en histoire du droit en 2009. Il devient professeur des universités en histoire du droit en 2015. Doyen de l’UFR de droit, économie et gestion de l’université d’Orléans (depuis novembre 2016), il est également membre du centre de recherche juridique Pothier soutient en 2006 à l’université d’Orléans sa thèse en histoire du droit portant sur Le corps préfectoral et les municipalités dans les départements de la Loire moyenne au XIXe siècle. . Ses travaux portent sur la décentralisation et la déconcentration administrative, sur les relations entre le corps préfectoral et les élus municipaux, départementaux et régionaux, ainsi que sur la gouvernance de l’offre de soins. En outre, il est président du CHPP (depuis juin 2023) et des Amis de Jean Zay, il vient de publier avec Olivier Loubes, Jean Zay. Jeunesse de la République (Bouquins, 2024).
L’icône du corps préfectoral au Panthéon
En 9 pages, la première chapitre (p. 15-24), intitulée « L’icône du corps préfectoral au Panthéon », est constituée des 3 paragraphes suivants : Un préfet au Panthéon, Premier combat mémoriel : fidélité des préfectures, Le héros et sauveur du corps préfectoral. En premier lieu, Pierre Allorant rappelle l’origine de la panthéonisation de Jean Moulin qui provient d’une motion de l’Union des Résistants de l’Hérault dont Laure Moulin (la sœur de Jean Moulin) est présidente d’honneur, à l’occasion des 20 ans de la création du CNR (Conseil National de la Résistance), relayée par le conseil général de l’Hérault, le 8 mai 1963, jour de la capitulation de l’Allemagne nazie. Le projet est relancé par les amis de Jean Moulin, à l’occasion des 20 ans de la Libération de Paris et de la France, le 25 août 1964, pour arrêter la cérémonie au 19 décembre 1964, avec le fameux discours d’André Malraux qui a côtoyé Jean Moulin, durant la guerre d’Espagne.
Dans un deuxième temps, l’auteur précise que les préfectures ont rendu hommage à Jean Moulin, bien avant sa panthéonisation de décembre 1964 : Chartres (en août et novembre 1945, mars et mai 1946, juillet 1948, mai 1954, 8 mai 1965), sa ville natale Béziers (en octobre 1946) et Salon-de-Provence, lieu de son premier parachutage (en avril 1968).
Enfin, le corps préfectoral rend hommage au préfet qui a fait acte de résistance en refusant de signer au nom de l’État le document accusant de violences sur des Françaises des soldats coloniaux afin de couvrir des soldats allemands, auteurs de crimes de guerre.
Portrait de l’artiste en jeune homme pressé du corps préfectoral
Avec 21 pages, la deuxième chapitre, titrée « Portrait de l’artiste en jeune homme pressé du corps préfectoral », comprend les 4 alinéas suivants : La République en héritage, Le fils d’un notable méridional radical, L’étudiant en droit apprenti en cabinet de préfet, Le plus jeune sous-préfet de France. Jean Moulin est issu d’une famille provençale de Saint-Andiol dont le républicanisme remonte à la Révolution française. Le père de Jean Moulin, Antonin Moulin, est gambettiste et radical, initié à la loge du GODF L’Action sociale de Béziers ainsi que professeur de latin et de français à Béziers. Il trouve dans l’Hérault un terreau favorable à ses engagements républicains (journalisme d’opinion avec ses éditos et cycle de conférences à la Bourse du commerce) et il repousse le socialisme marxiste. Il fait parti par deux fois du conseil municipal radical de Béziers et prends position contre le boulangisme mais aussi pour le capitaine Dreyfus.
Jean Moulin naît en 1899, à Béziers, et est issu d’une fratrie de 4 enfants dont l’aînée Marie-Claire (est morte en 1886), son frère Joseph (né en 1887, est mort en 1907, à 19 ans), Laure (née en 1892) et Jean. La famille Moulin vit à Saint-Andiol. Jean Moulin passe son baccalauréat pendant la Grande guerre, en 1917, et déjà ses dessins sont publiés dans des journaux caricaturistes. Étudiant en droit, il obtient sa licence en 1921 mais, auparavant, il est conscrit dans les Vosges en juin 1918 et démobilisé en octobre 1919. Son apprentissage en préfecture lui permet d’avoir une carrière en accélérée en devenant le plus jeune sous-préfet de France en 1925 (sous-préfecture de 3e classe d’Albertville en Savoie) et le plus jeune préfet en 1937. Il se marie en 1926 mais divorce 39 mois plus tard, en 1928. En janvier 1930, Jean Moulin est nommé à la sous-préfecture de 2e classe de Châteaulin, dans le Finistère, pour la quitter 39 mois plus tard, en mai 1933.
Premier combat. Un préfet antifasciste au cœur de l’effondrement national
Ce troisième chapitre est doté des 6 sections suivantes : Au service de l’ami Pierre Cot, Secrétaire général à Amiens : crises, grévistes et chômeur, L’air de la guerre et le testament espagnol, Commémorer Marceau et 1789 pour réarmer la République, Le « préfet malgré lui » de la drôle de guerre et de l’exode .et Premier résistant.
Fin décembre 1932, Jean Moulin devient le chef de cabinet de Pierre Cot, alors sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, dans le ministère du président du Conseil Paul-Boncour. Ainsi, pendant six mois, il mène de front les deux fonctions de sous-préfet et de chef de cabinet. L’accord de vues entre Cot et Moulin est total sur tous les sujets. Cependant, lucide, Moulin veut continuer sa carrière préfectorale et est nommé à Thonon, en Savoie. Mais, dès octobre 1933, en devenant sous-préfet en congé, il devient à nouveau chef de cabinet de Pierre Cot qui est ministre de l’Air sous le gouvernement Daladier puis Sarraut. Enfin promu sous-préfet de 1ère classe, à Montargis, dans le Loiret, Jean Moulin éprouve le choc des émeutes du 6 février 1934.
Nommé secrétaire général à Amiens, dans la Somme, en juillet 1934, il assiste aux grèves sous influence communiste mais obtient des conciliations entre patronat et grévistes. La déflation mécontente les fonctionnaires et favorise le Front populaire victorieux aux législatives d’avril-mai 1936.
En juin 1936, par amitié, Jean Moulin rejoint à nouveau le ministre de l’Air Pierre Cot sous le gouvernement Blum en tant que chef du cabinet civil. Cette expérience complète sa formation car sa mission d’organisation de l’aide aux Républicains espagnols lui apprend les exigences de la discrétion et de l’unité, indispensables à la clandestinité. De plus, avec les grèves et occupations d’usines d’aviation, Cot et Moulin obtiennent en 48 heures un accord sur un projet de contrat collectif qui permet l’évacuation des usines d’aviation avant les « Accords Matignon ». D’autre part, dans le cadre de la politique française de « non-intervention », Jean Moulin est chargé de « l’exportation clandestine d’avions et de matériel, et du recrutement de pilotes pour l’Espagne républicaine » (p. 57) mettant ainsi en échec les premières attaques des franquistes sur Madrid et fait l’objet d’une violente campagne de presse de L’Action française. « Autre chantier dirigé par Jean Moulin, la création d’une aviation populaire » (p. 57) ainsi que la réforme de l’Armée de l’Air en recrutant « de nouveaux officiers parmi les sous-officiers et des officiers de réserve de l’Armée de terre » (p.58). « Plus jeune préfet de France à 38 ans après avoir été le plus jeune sous-préfet de France » (p.58), Jean Moulin est reçu chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur, 20 ans après ses débuts dans la préfectorale, et est nommé dans l’Aveyron, à Rodez, en tant que préfet hors cadre, en avril 1937, tout en continuant les navettes Paris-Rodez en train. Après la chute du second cabinet Blum, en avril 1938, il est réintégré à Rodez alors que son père meurt à 80 ans, le laissant très préoccupé par l’Anschluss (mars 1938) et la crise des Sudètes (août 1938).
En février 1939, Jean Moulin est nommé à Chartres et se noue d’amitié avec la personnalité politique de l’Eure-et-Loir, le républicain-socialiste Maurice Violette (70 ans), sénateur-maire de Dreux, président du conseil général depuis 1921, et franc-maçon dans une loge chartraine du GODF ; il retrouve en Violette les valeurs de son défunt père. Il prépare la commémoration du 150e anniversaire de la Révolution de 1789 et du général chartrain Marceau et, lors du banquet Marceau 1939, il met en avant les valeurs républicaines contre l’esprit de Munich.
En septembre 1939, dès le début de la « drôle de guerre », Jean Moulin est confronté à l’afflux de réfugiés de l’Est de la France et des fonctionnaires parisiens tout en continuant de demander son incorporation dans l’Armée de l’air dans une école de mitrailleurs. Demande rejetée car l’administration doit à tout prix garder un de ses meilleurs éléments pour réussir la mobilisation. Le préfet applique les mesures de sûreté consécutives au Pacte germano-soviétique contre le PCF et la CGT, sans état d’âme. Puis, vint la campagne de France (10 mai-25 juin 1940) où Chartres est submergée par les réfugiés belges, du Nord et de l’Est sans compter les soldats français. Le préfet Moulin en uniforme fait face à la débâcle française jusqu’au 17 juin où il est prisonnier par les Allemands.
La journée du 17 juin est dramatique pour Jean Moulin car, en début de soirée, le général allemand exige la signature du préfet pour les exactions supposées de tirailleurs sénégalais envers des femmes et des enfants de la population chartraine (massacres, viols, mutilations). Moulin refuse de signer malgré les violences commises à son endroit d’autant plus que les civils ont été victimes des bombardements allemands. Durant la nuit, épuisé et humilié puis incarcéré, Jean Moulin fait une tentative de suicide en se tranchant la gorge avec un tesson de verre. De l’Armistice du 18 juin 1940 jusqu’à sa retraite pour raison de santé en novembre 1940, Jean Moulin est au repos puis révoqué par le pouvoir pétainiste qui se débarrasse d’un préfet républicain pro-Front populaire. Avant de quitter Chartres, il prépare sa future vie de clandestin en emportant une vraie-fausse carte d’identité au nom de Joseph Mercier. Jean Moulin sort de l’ombre à deux reprises : en mai 1941 pour témoigner à la Cour de Justice en faveur de Pierre Cot et, en mai 1942, pour refuser la préfecture proposée par le régime de Vichy.
Le « Carnot de la Résistance », préfet et lieutenant jacobin du général de Gaulle
Les tribulations du professeur Joseph Mercier, Première rencontre : le rapport du préfet au connétable, Mission Rex : unir les mouvements à la France libre, Intégrer syndicats et partis au conseil de la résistance pour légitimer de Gaulle. Le drame de Caluire, le 11 juin 1943 : Rex arrêté, brisé, martyrisé.
Par la circulaire du 24 octobre 1940, Jean Moulin sait qu’il existe des « centres clandestins séditieux » gaulliste et décide de rentrer en contact avec eux ainsi que d’aller à Londres rencontrer de Gaulle. Après avoir échangé avec ses amis, il rencontre des gaullistes des 3 mouvements de résistance, à Marseille, dont Henri Frenay. Fin octobre 1941, il atterrit à Londres via l’Espagne puis le Portugal où il était arrivé depuis mi-septembre 1941. Subissant un interrogatoire de 4 jours de la part du MI5, il obtient un déjeuner avec de Gaulle, le 25 octobre 1941.
Pendant 2 heures, la première rencontre entre de Gaulle et Moulin est franche mais cordiale. Il remet à de Gaulle un rapport de 9 pages présentant les trois groupes de résistance de la zone sud et se propose d’être l’intermédiaire entre de Gaulle et les résistants. De Gaulle trouve en Moulin l’homme capable d’encadrer la Résistance intérieure en échange de leur financement et Moulin voit en de Gaulle le chef de la France libre apte à donner liaisons, argent et d’armes en rétablissement la démocratie et la République avec l’aide des Alliés et l’assistance matérielle de la France libre depuis Londres. Avec la Mission Rex, de Gaulle charge Moulin d’unir tous les mouvements de résistance de la zone sud (libre mais vichyste), sans agent de liaison et dactylo…
Jean Moulin connaît mieux les mouvements de résistance de la zone sud (Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur) que ceux de la zone nord (OCM, Défense de la France et Libération-Nord). Arbitre, Moulin est le pourvoyeur d’armes et le financeur de la Résistance et il obtient l’allégeance de la zone sud à de Gaulle (symbole de la légitimité et de la primauté de la France libre), le cloisonnement du renseignement ainsi que la séparation des activités paramilitaires et de propagande politique. Moulin met en place une agence de presse clandestine et un Comité général d’experts pour préparer la Libération et l’après-guerre, avec un savoir-faire de préfet jacobin. Créée en septembre 1942, l’Armée secrète (A.S.) regroupe toutes les forces paramilitaires de la Résistance de la zone sud (Combat, Franc-Tireur et Libé-Sud). L’invasion de la France libre par les Allemands, le 8 novembre 1942, accélère la prise de commandement de son chef le général Delestraint. Puis, le 26 janvier 1943, les Mouvements Unis de Résistance (MUR) sont également créés par la fusion des trois mouvements de résistance de la zone sud, et présidé par Moulin. Ce dernier revient à Londres pendant 5 semaines pour présenter le rapport de la Mission Rex, en février 1943, en compagnie de Delestraint. Durant ce séjour, par une ordonnance d’avril 1943, Moulin devient commissaire national en mission, avec rang de ministre. Néanmoins, les deux entrevues houleuses entre Brossolette (OCM) et Moulin (31 mai-1er juin 1943) dégradent l’image de Rex auprès de Passy (BCRA), d’Astier (Libé-Sud) et Pineau (Libé-Nord).
Le 27 mai 1943, a lieu, à Paris, la réunion inaugurale et la création du Conseil National de la Résistance (CNR), sous la présidence de Jean Moulin et en présence de 16 délégués soit les 8 mouvements de résistance (4 de la zone sud et 4 de la zone nord), des 6 partis (SFIO, PCF, Parti radical, PDP, Alliance Démocratique et Fédé Républicaine) et 2 syndicats (CGT et CFTC), pour légitimer de Gaulle dont Moulin lit le message. En février 1943, l’instauration du STO massifie les réfractaires et donc les maquis. Le besoin en argent et armes est vital pour la Résistance dont les chefs veulent une pré-insurrection générale contre Vichy et l’occupant. Mais, les Anglais préfèrent la stratégie des bombardements sur le IIIe Reich et l’aide aux maquis grecs et yougoslaves.
Devant cette situation délicate, Henri Frenay, chef de Combat, le mouvement de résistance le plus important de la zone sud, décide de chercher des subsides et des armes auprès des Américains en Suisse. L’affaire suisse dégrade encore davantage les relations entre Frenay et Moulin qui demande l’arbitrage des MUR et de de Gaulle, le 7 mai 1943. L’affaire est réglée à Londres entre services secrets (OSS, MI5 et BCRA) et Moulin a gain de cause. Avec l’arrestation de Delestraint, chef de l’A.S., le 9 juin 1943 (que Moulin apprend le 14 juin), il doit lui trouver un successeur en organisant une réunion le 21 juin, à Caluire, près de Lyon, chez le docteur Dugoujon. Avec le passage de l’Afrique du nord sous le contrôle anglo-américain, Hitler craint un débarquement allié en Sicile et en Provence. Par conséquent, la Gestapo provoque un coup de filet préventif contre l’AS pour conjurer une guérilla de partisans. Arrêtés à Caluire, Moulin et les autres résistants sont incarcérés au fort de Montluc, à l’exception notable de René Hardy, proche de Bénouville de Combat et nommé à l’A.S. par Frenay. Blessé et prisonnier, Hardy s’enfuit de l’hôpital-prison de la Croix-Rousse de Lyon, passe du Limousin à Alger en intégrant le cabinet de Frenay, ministre des prisonniers, déportés et réfugiés. La responsabilité des luttes internes entre mouvements de résistance est la véritable cause de l’arrestation et de la mort de Jean Moulin. Le 23 juin, Christian Pineau reconnaît Jean Moulin atrocement torturé par Klaus Barbie qui s’acharne sur ce dernier sachant qu’il tient Rex. Le 28 juin, emmené à Paris, Moulin est de nouveau torturé par les gestapistes français. Le 8 juillet 1943, Jean Moulin meurt à Metz lors de son transfert vers l’Allemagne et son corps est de retour en France le lendemain pour être incinéré et déposé dans le carré de la Résistance au Père-Lachaise jusqu’en 1964. Son décès est annoncé à sa mère, le 19 octobre 1943 et confirmé le 25 mai 1944. Malgré sa mort, son œuvre d’unification continue : le 29 décembre 1943 est créé le MLN (Mouvement de Libération Nationale) où les MUR et les mouvements de résistance de la zone nord fusionnent.
Jean Moulin, Le préfet de la Résistance : la meilleure biographie de poche ?
L’ouvrage Jean Moulin, Le préfet de la Résistance, paru aux éditions Calype dans la collection « Destins », sous la plume de Pierre Allorant est la dernière biographie sur Jean Moulin, analysé sous l’angle original du préfet jacobin et républicain. Grâce à ce point de vue plus que pertinent, il permet au lecteur de percer la personnalité profonde de Moulin et de comprendre pourquoi il a excellé dans son rôle d’unificateur de la Résistance intérieure au profit de de Gaulle et de la France libre, grâce à ses qualités d’organisateur et de médiateur peaufinées dans la préfectorale et les ministères. Grâce au talent de Pierre Allorant, grand spécialiste de la préfectorale française, cet ouvrage très dense (112 pages) à l’immense mérite de nous donner une biographie de Jean Moulin de qualité, en format poche. Malgré l’absence d’une chronologie sommaire, ce livre sera très apprécié des étudiants mais aussi des enseignants pour son style précis et incisif ainsi que par les amateurs d’histoire. Assurément, la mission est accomplie avec brio !