Kamarades, la fin des Romanov est le premier tome d’une trilogie  écrite par Benoît Abtey et  Jean-Baptiste Dusséaux. Les dessins sont de Mayalen Goust,  son graphisme est remarquable pour sa première bande dessinée adulte.

Avec Kamarades, on plonge au cœur de l’Histoire russe et au cœur d’une romance. Sur fond de guerre (d’abord la première guerre mondiale puis la guerre contre les Blancs), la narration est jalonnée d’évènements historiques  comme la  journée fondatrice  des droits de la femme le 23 février 1917 ou la prise de l’arsenal de Petrograd le 27 février 1917. On trouve des personnages historiques tels que Staline, Lénine, la famille des Romanov, le général Kornilov, et d’autres personnages imaginaires.  Le mythe de la survie d’Anastasia Romanov est également utilisé pour créer une histoire en mouvement, même haletante parfois, où Histoire et fiction se mélangent, le tout parfaitement illustré par Mayalen Goust.

Volodia est un soldat, épris d’idées bolcheviks et épris, dans le même temps, d’une autre manière, d’une jeune femme prénommée Ania. Il ne sait rien d’elle mais il sait qu’il est fou d’elle ! Devenant malgré lui, de façon improvisée, le héros de la révolution de février 1917, il va côtoyer ceux qui provoquent la marche de l’histoire : Staline, le pouvoir « bourgeois » mis en place après février avec Kerenski, les généraux envoyés dans le Caucase lutter contre les Blancs.

On écarte tout risque d’avoir une bande dessinée trop historique qui aurait pu paraître difficile d’accès en énumérant les évènements de 1917 et 1918. Au contraire ! Les éléments historiques s’insèrent très bien dans l’histoire et dans les dessins dans lesquels le rouge, le blanc et les différents tons de bleu / vert dominent. C’est ainsi qu’à travers ce premier tome, se glisse un personnage ambigu, agent de l’Okhrana avant la révolution : Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline[1]. Mais très vite, la fiction reprend le pas et Staline apparaît comme l’élément perturbateur de la romance entre Volodia et Ania.

La suite de ce premier tome est sortie et la série est désormais complète en trois tomes chez Rue de Sèvres. On recommande vivement ! Bien que l’histoire de la révolution russe ne soit plus au programme en lycée, cette bd trouvera toute sa place dans les CDI des lycées.

[1] Staline, agent provocateur de l’Okhrana  de 1903 à 1912, fournissait des renseignements sur ses camarades révolutionnaires, tout en étant en liaison avec Lénine. Voir l’ouvrage de Roman Brackman : https://www.babelio.com/auteur/Roman-Brackman/280758 et voir le CR sur notre site d’un ouvrage présentant l’histoire des services secrets russes depuis leur création d’Alexis Ier à Poutine : https://clio-cr.clionautes.org/les-services-secrets-russes-des-tsars-a-poutine.html