Le récit débute par l’affichage, sur le tableau noir d’une classe d’école primaire de Turin, du matricule de déporté 174517, celui de Primo Levi.

Intervenant auprès d’enfants à la demande d’une jeune institutrice, le grand écrivain évoque son engagement dans la résistance armée dans les environs du col de Joux, la dénonciation par un espion puis la déportation à Fossoli suivie de celle vers Auschwitz.

Le récit évoque l’horreur concentrationnaire, la vie dans le camps et l’immonde Selekcja condamnant les déportés à la chambre à gaz.

L’auteur évoque les « deux coups de chance » de Primo Levi : avoir eu la possibilité de travailler dans le laboratoire du camp en raison de son diplôme de chimie et surtout sa rencontre avec Lorenzo Perrone, un maçon italien qui aidera de manière essentielle Primo Levi à survivre en lui apportant une aide matérielle et morale. Il sera reconnu « Juste parmi les nations » en 1988.

Le scénariste Matteo Mastragostino écrit (p.108) que son roman graphique « n’est pas l’histoire de Primo Levi, une biographie de l’auteur : elle raconte l’histoire de mon Primo Levi, ce que j’ai appris de lui et la façon dont il se serait comporté selon moi dans certaines circonstances. J’ai dû donc faire appel à mon imagination, non sans plaisir, évitant ainsi l’écueil consistant à s’en remettre à tout prix à la documentation historique ».

Une magnifique réussite, tant dans le propos que dans le dessin, dont la lecture provoque une vive émotion.

Grégoire Masson