Connu surtout pour son ouvrage sur « Les préparatifs secrets de la Seconde Guerre mondiale », Boris Soloviev s’est aussi intéressé à la bataille de Koursk, ensemble d’affrontements entre l’Armée Rouge et la Wehrmacht, qui s’est déroulé du début juillet à la fin aout 1943.
Le livre publié aujourd’hui est vraisemblablement (vraisemblablement car il n’y a pas d’indication le précisant, néanmoins le titre est le même, le format approximativement aussi, le descriptif du cahier d’illustrations correspond également ) une réédition d’une brochure publiée à l’origine par l’Agence Novosti en 1971 et déjà éditée plusieurs fois.
C’est une relation vue du côté soviétique, avec bien sûr un très fort parti pris : le commandement ne commet aucune erreur, les soldats sont valeureux et l’ennemi est d’autant plus acharné que les Alliés n’ont toujours pas ouvert un second front. En somme une histoire comme on ne l’écrit plus depuis longtemps.
Après la défaite de Stalingrad, le Haut commandement allemand cherchait à reprendre l’offensive sur le front est et le saillant de Koursk, aux mains des Soviétiques semblait un objectif à la portée de la Wehrmacht d’autant plus que sa prise aurait pu permettre un mouvement tournant vers Moscou. La montée en puissance de l’armée rouge avait été sous-estimée.
Le premier chapitre « avant les nouvelles batailles » présente les plans allemands, les préparatifs optimistes, les rassemblements de troupes. Du côté soviétique, les plans allemands avaient été percés à jour, ce qui permit de préparer une défense efficace, la doctrine étant de laisser les troupes allemandes se heurter aux formidables lignes de défense qui avaient été préparées avant de déclencher une contre-offensive.
Le deuxième chapitre, plus important, est consacré à « l’échec de l’offensive allemande ». L’auteur y décrit les différentes phases des très violents affrontements terrestres et aériens du 5 au 12 juillet, avec la résistance obstinée des soviétiques sur leurs positions de défense, percées rarement, mais toujours très provisoirement. Le 12, date de la contre-offensive soviétique est aussi la date de la plus grande bataille de chars de la deuxième guerre mondiale, dans la plaine de Prokharovka (c’est aujourd’hui encore un lieu mémoriel important pour les Russes).
Le troisième chapitre décrit les contre-offensives soviétiques des deux côtés du saillant de Koursk, du côté d’Orel au nord et de Kharkov au sud. Précédée par une préparation d’artillerie d’une intensité que les troupes allemandes n’avaient pas connues jusque là, la série de coups de boutoirs obligea progressivement les troupes allemandes à céder le terrain dans la deuxième moitié de Juillet. La place de l’aviation dans ces furieux combats fut importante et Boris Soloviev fait un paragraphe sur l’escadrille « Normandie-Niemen » (en fait pas encore « Niemen » à cette date). Du côté nord du saillant, Orel fut libérée le 5 août et les troupes allemandes durent reculer sur une longue distance. Du côté sud du saillant, la contre-offensive permit de libérer Belgorod le 5 août également. Kharkov fut finalement prise d’assaut le 22 août, au prix de très importantes destructions. Les troupes allemandes avaient dû abandonner cette position stratégique pour éviter l’encerclement.
Dans le dernier chapitre, « l’importance historique de la bataille de Koursk », Boris Soloviev revient sur cette gigantesque bataille de cinquante jours qui opposa 4 millions d’hommes et qui aboutit à la destruction d’une trentaine de divisions allemandes (il ne fournit aucun chiffre des pertes soviétiques). Il met en avant la supériorité du commandement soviétique et du matériel utilisé, notamment le char T34. Il indique enfin toute l’importance de ce tournant de la guerre par lequel une armée qui semblait jusque-là invincible avait été contrainte de reculer. Désormais, l’armée allemande se trouvait sur le front oriental en position défensive.
Le texte en lui même est parfois confus, mais il s’agit peut-être d’un problème de traduction. La suite des opérations est parfois difficile à suivre. Quelques inexactitudes dans la légende du cahier d’illustrations et de la 4e de couverture: les pilotes français qui ont utilisé des Yak 1, 9 ou 3 n’ont jamais volé sur l’avion d’assaut Sturmovik (orthographié Chtourmovik sur la 4e de courverture), un bombardier comme le Petlakov ne pouvait vraisemblablement rivaliser avec les chasseurs allemands.
Cet ouvrage déjà ancien, contient des éléments qu’on peut trouver par ailleurs dans des histoires de la Seconde guerre mondiale, ou des ouvrages consacrés plus spécifiquement à l’affrontement entre Soviétiques et Allemands.