Le métier de formateur change. C’est ce que souligne Marie-Josée Couchaere dans l’introduction de cet ouvrage. Cette bible se situe à l’interface entre théorie et pratique pour aborder ces mutations.
Parmi les évolutions, on peut relever la place grandissante du numérique ou encore par exemple la gamification des solutions formatives. Il ne s’agit pourtant pas de braquer le regard uniquement sur cela mais bien de faire le point en rappelant les fondamentaux du métier. L’ouvrage est composé d’une partie exposé, soit 180 pages, puis de 52 exercices et cas pratiques avec des éléments de correction ainsi qu’un lexique.
Formateur à l’ère du numérique
L’auteure définit d’abord le métier de formateur en insistant sur ce qu’elle nomme le plus petit dénominateur, quelles que soient les situations de formation, à savoir le face-à-face pédagogique. Le numérique accentue-t-il cela ou transforme-t-il la posture du formateur ? Le formateur est une « personne-ressource », il est expert et guide. La pédagogie reste au cœur de son métier et il doit transmettre la passion. Cependant, on ne peut nier que si le cœur de métier reste le même, le formateur doit développer de nouvelles compétences. Dans un rapport de l’Association for Training development, sont pointées les évolutions majeures des missions du formateur entre 2003 et 2013. Il doit passer d’un rôle de dispensateur de formation à un rôle de facilitateur d’apprentissage. Le formateur doit encore et toujours structurer, raconter et illustrer. Le bon formateur est aussi celui qui sait étudier un besoin et cadrer une demande de formation. Marie-Josée Couchaere détaille l’importance et les composantes d’un bon cahier des charges.
Élaborer des solutions formatives et les réponses pédagogiques
Il faut d’abord bien connaitre l’andragogie, c’est-à-dire la pédagogie pour adultes, au risque de ne pas être efficace. De façon très pratique, sont ainsi précisées les treize conditions d’apprentissage des adultes parmi lesquelles le fait qu’un adulte apprend s’il obtient la preuve que cela marche ou encore qu’il apprend s’il agit. Il est important aussi de laisser des plages de choix. Après un rapide tour d’horizon théorique, l’auteure insiste sur les nouvelles façons d’apprendre à l’ère du digital. Il faut envisager de proposer un contenu à la demande. Ensuite, il s’agit de choisir une solution formative. Marie-Josée Couchaere aborde la question des jeux de rôle avec les précautions d’emploi nécessaires. Elle pointe enfin l’importance du séquencement pédagogique avec des activités heuristiques, démonstratives, applicatives et évaluatives.
Prendre la parole devant un groupe
L’ouvrage est très pratique et expose ainsi les 14 questions à se poser pour préparer une présentation pédagogique. On dit qu’un auditeur retient au maximum quatre informations d’un exposé, d’où l’importance de bien les identifier au moment de construire son intervention. On retient dans un délai de 72 heures les concepts, mais à long terme, ce qui reste ce sont les métaphores, les anecdotes ou les citations. Le livre aborde la question du trac, de la voix en donnant quelques astuces. La gestuelle n’est pas oubliée. La main accompagne le discours et il vaut mieux, par exemple, que la paume soit tournée vers le haut. Il y a aussi des conseils pour produire un contenu impactant. On reconnaitra des trucs que l’enseignant utilise au quotidien dans sa classe. Un autre chapitre se consacre à concevoir et utiliser des aides visuelles et aborde les règles d’un bon slide show.
Créer de la valeur ajoutée par l’animation du groupe
Là encore le livre se veut le plus concret possible en rappelant qu’animer « ce n’est pas seulement être un boute-en-train…mais c’est connaitre les principes de la gestion de l’auditoire. » Animer un tour de table répond à des principes. Il faut savoir gérer les phénomènes de groupe en formation. La dynamique des groupes est présentée à travers plusieurs temps qui peuvent s’y dérouler. On retrouve là aussi quelques astuces pour gérer et par exemple la technique de la reformulation. Tout cela doit permettre d’arriver à « favoriser l’émergence de l’intelligence collective en réseau ».
Cela représente environ un peu moins de la moitié de l’ouvrage, la seconde partie étant consacrée aux exercices et études de cas.
Exercices et études de cas
Ils sont présentés en plusieurs sections : formation à l’animation d’un groupe, développement personnel, communication et influence, management et gestion de projet. Les exercices sont présentées de façon synthétique et pour ceux qui le nécessitent des pistes de correction ou d’accompagnement sont données. Dans la première section, on peut signaler parmi les fiches « Analyser en groupe des cas réels » ou « Matérialiser une vision par un film vidéo ». Dans la partie sur le « Développement personnel », des exemples pour aborder la question de la mémoire. Ensuite pour la partie « Communication et influence », des exemples de situations pour aborder les barrages des surdités psychiques et d’autres pour se pencher sur « Les cas d’échec d’une négociation ». Enfin dans « Management et gestion de projet » ,une fiche exercice s’intéresse à « Manager en situation difficile ».
Cet ouvrage pourra donc être utile pour accompagner un formateur dans l’élaboration de ses interventions. Il alterne le rappel de principes fondamentaux et les propositions concrètes.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.