L’auteur s’est lancé dans une libre adaptation des aventures du Goupil, lesquelles sont contées, dans le présent opus, par deux chiens, Boron et Blaise, moines et « trouvères », faisant contre récits bombance.
“Tout ça vient du fait que j’ai eu la même maîtresse d’école au cours préparatoire et au cours moyen deuxième année. Au CP elle nous a lu Le Roman de Renart avec des gouaches de Beuville. Et au CM2, ce furent des extraits de Rabelais illustrés par Dubout. C’était Mme Klein et je voudrais la remercier de m’avoir présenté d’un seul coup et Renart et l’art de l’illustration » écrit Joann Sfar dans la postface de sa chanson de Renart.
La chanson de Renart narrée par Blaise, débute par un épisode de famine terrible dans le royaume de France. Ysengrin le loup rentre en son logis pour découvrir son « ami » Renart en train de passer à la broche l’un des fils du canidé afin de nourrir son clan. Cet épisode clos, Renart se voit désigné par la vindicte populaire et par le roi comme responsable des malheurs des temps et ainsi condamné à mort. On choisit finalement de le jeter dans un trou afin qu’il rejoigne les enfers dont il est censé être issu. Arrivé après une chute sans fin sur la grande barbe de Merlin (si,si) l’enchanteur, il assiste à un repas de famille entre le magicien, le diable (qui est ici son père), Marie de France (la compagne de Merlin) et la mort (la compagne du Malin) où à l’issue d’une discussion houleuse, la faucheuse décide de décimer toute forme de vie humaine. Renart, qui a tout entendu, décide d’agir…
Le Renart de Joann Sfar est irrévérencieux, libre, roublard et totalement amoral.
L’auteur écrit à son propos : « mon Renart n’est d’aucun camp. Il chanterait volontiers avec Brassens que « dès qu’on est plus de quatre, on est une bande de cons ». Peut-être que si je l’aime autant, c’est parce que tout le monde a envie de lui taper dessus. Et que même ses plus proches amis le trouvent parfois indéfendable ».
La chanson de Renart est une belle réussite, pleine de causticité et d’inventivité.
On attend la suite avec impatience.
Grégoire Masson