Dans leur ouvrage La cité des Électriciens, Isabelle MauchinHistorienne de l’art et directrice du site de la Cité des Électriciens de 2019 à juin 2021 et Philippe Prost Architecte et urbaniste, il a assuré la maîtrise d’œuvre du chantier de réhabilitation reviennent sur l’histoire et la transformation/réhabilitation du site éponyme situé dans le département du Pas-de-Calais.
La cité des Électriciens était la plus ancienne cité minière préservée du territoire de la communauté d’ agglomération de Béthune-Bruay.
Vers 1861, les premiers habitants font leur apparition au sein de la cité. Le coron (« forme d’habitat en bande constitué d’alignements de maisons identiques sur des parcelles étroites », glossaire, p.10) va progressivement évoluer avec l’adjonction de « carins », des appentis de jardins de petite taille, permettant divers aménagements comme un poulailler, une buanderie ou encore des latrines, entre 1903 et 1905.
Les mineurs disposaient également d’un jardin, un lopin de terre permettant de subvenir à certains besoins des familles. Comme le rappelle les auteurs, ce jardin était également un outil d’encadrement puisque les mineurs avaient l’obligation de l’entretenir sous peine d’amende, un « garde de la cité » se chargeant de la délivrer (il avait également en charge la planification de la vie de tous les jours, avec un contrôle de l’accès à l’eau et des missions de vérification de l’entretien des trottoirs ou de l’intérieur des maisons).
La cité des Électriciens devait être détruite avant son inscription au titre des monuments historiques. Au début du XXIe siècle, le site attire l’attention des autorités et un concours, visant à sa réhabilitation, est lancé en 2012, remporté par l’Atelier Philippe Prost.
Ce dernier indique (p.6) que « protégée au titre des monuments historiques, implantée au cœur du bassin minier inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, la cité des Électriciens est un monument du quotidien, et de fait une ode à la vie des mineurs et de leurs familles. Aussi, le principal enjeu du projet était bel et bien de ramener la cité à la vie sans lui faire perdre son âme et sa poésie. Pour atteindre pareil objectif, le temps consacré aux études-diagnostic, esquisse, projet-tout comme au chantier fut l’une des clés du succès, l’autre étant la qualité des échanges entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage ».
Les recherches historiques menées sur le parcellaire du site et le recueil de témoignages auprès des habitants a ainsi contribué à alimenter le travail de réhabilitation de la cité minière et ce, de manière optimale.
Les pages centrales présentent le travail accompli : claires-voies en brique ne dénaturant pas les constructions d’origine et permettant une meilleure pénétration de la lumière, utilisation d’un badigeon à la chaux pour protéger les briques et homogénéiser les façades mais également créations d’un jardin pédagogique, d’un jardin des artistes et de jardins partagées. Un carin a été transformé en lieu de restauration et un autre, disparu, est devenu un « carin témoin » en bois.
Enfin, un centre d’interprétation de facture contemporaine, « le centre d’interprétation du paysage et de l’urbanisme miniers » est venu s’ajouter à l’ensemble, en lieu et place d’un bâtiment construit en 1915 et détruit quelques années après. Le site comporte également « cinq hébergements touristiques ».
Un ouvrage des plus intéressants pour qui s’intéresse aux questions touchant à la gestion du patrimoine industriel et à sa reformulation dans l’espace public. Il pourra également être exploité dans le cadre d’une séquence consacrée à la « révolution industrielle ».
Grégoire Masson
Vue de la cité des Électriciens