La collection « Carnets de territoires » est le fruit d’un projet réunissant la sous-direction de l’aménagement durable de la direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, le Plan urbanisme construction architecture et la Cité de l’architecture et du patrimoine. A travers des portraits de territoires, elle vise à révéler la diversité des territoires, des dynamiques d’acteurs et des enjeux de l’action publique locale, sous la forme de résultats de recherche ou d’études de terrain. Les études de cas du programme « Territoires » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (POPSU) sont menées dans les petites villes par des équipes de chercheurs et de chercheuses, mobilisés pour analyser les dynamiques des territoires au plus près du terrain.
Ce volume entend traiter des « nouvelles communes » nées en 2015 pour réduire l’émiettement communal de la France afin de « rationaliser le tissu communal ». L’étude de cas est menée par Annabelle Morel-Brochet, maîtresse de conférences en géographie à l’université d’Angers. Spécialiste des modes d’habiter, elle travaille sur les espaces peu denses. Son équipe, sur le terrain, est composée d’Emmanuel Bioteau, professeur de géographie à l’université d’Angers, d’Alexandra Le Provost, directrice de l’Agence d’urbanisme de la région angevine et de Martine Long, maîtresse de conférences (HDR) en droit public à l’université d’Angers.
Le terrain choisi est celui de la « commune nouvelle » de Longuenée-en-Anjou (6334 habitants en 2020) née de la fusion de quatre communes la 1er janvier 2016 : La Meignanne (2235 habitants), La Membrolle-sur-Longuenée (2027 habitants), Le Plessis-Macé (1230 habitants) et Pruillé (719 habitants). Elle appartient à la communauté urbaine Angers Loire Métropole (ALM).
Après une présentation détaillée du contexte, l’ouvrage présente la fusion des quatre communes qui semblait « aller de soi ». Dès 1964, un syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM) est créé avec trois des quatre communes autour d’une compétence voirie, bâtiments et espaces verts. Afin de construire ce projet partagé, les élus ont été accompagnés à partir de mars 2015 par un cabinet qui a entrepris la mise en place d’une charte de commune nouvelle.
Une deuxième partie montre cependant que la démarche a manqué de concertation. Les habitants ont semble-t-il été les grands oubliés du processus. L’analyse des entretiens avec les habitants révèle que le processus de fusion a suscité sur le moment trois types de réactions : l’adhésion (20%), l’indifférence (50%) et l’hostilité (15%). La construction de la commune nouvelle s’est faite « au pas de charge », ce qui a constitué un facteur d’incompréhension pour certains habitants. D’autres communes nouvelles ont réussi à mettre en place un processus de dialogue avec les habitants : réunions publiques, parution de numéros spéciaux, création d’une boîte mail dédiée, l’ouverture d’un dossier de concertation en mairie…
Une troisième partie est consacrée à l’étude de la vie quotidienne des habitants après la fusion. Elle montre que même si l’offre de services publics s’est étoffée, la vie quotidienne a peu été impactée par la fusion communale : la Poste et les transports en commun sont toujours des services à améliorer ou à développer, l’absence d’un marché hebdomadaire est souvent regrettée.
Une quatrième et dernière partie envisage l’avenir et la manière dont les habitants de cette commune nouvelle doivent se penser comme une ville. Il reste donc prioritairement aux habitants de Longuenée-en-Anjou à construire un projet de territoire : aménager des pistes cyclables qui relient les différentes ex-villes de la commune nouvelle. L’équipe d’Annabelle Morel-Brochet a mené des enquêtes auprès des habitants pour connaître leurs attentes pour mieux vivre le territoire.
Encore une fois, le projet éditorial de cette petite collection fait « carton plein ». L’ouvrage, au prix modique, est aisé à lire, riche en pistes méthodologiques pour mener un diagnostic territorial et une étude de cas pertinente et instructive. Une collection à faire connaître auprès des élus et des étudiants en géographie, urbanisme et aménagement du territoire !