« La collection « les cahiers POPSU » s’inscrit dans un programme de recherche-action mené dans le cadre du volet « Métropoles » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, rattachée au Plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme ».

Historiquement, hôpitaux et médecine sont l’apanage des « bonnes villes » sous l’Ancien Régime, préfigurant nos actuelles 22 métropoles au sens administratif. Depuis la grand réforme hospitalière des ordonnances de Michel DEBRÉ du 30 décembre 1958, le fait d’être « grande ville de province » est en effet confirmé par la présence d’un centre hospitalier universitaire (CHU), sauf deux « anomalies » : Metz et Orléans. Cet ouvrage tente donc d’évaluer le lien entre métropolisation et santé, précisément dans le cas d’Orléans : la métropolisation apporte-t-elle des leviers pour surmonter le défi de la désertification médicale, alors que les métropoles ne possèdent pas de compétences spécifiques dans ce domaine ?

Orléans est une métropole jeune confrontée à l’urgence de la santé (1er Chapitre). Le diagnostic d’accès aux soins est alarmant. Le déficit de professionnels de santé est vif, que ce soit de médecins libéraux, généralistes ou spécialistes. La région Centre-Val de Loire est la région la plus sous-médicalisée de France. A l’échelle de la métropole orléanaise, ce manque criant de praticiens de santé aboutit à des urgences et à un service SOS Médecins régulièrement engorgées et à des délais de prise de rendez-vous importantes. L’insuffisance de l’offre locale peut s’expliquer à la fois par la proximité de la région Ile-de-France et par l’absence d’un CHU capable d’attirer puis de garder de futurs médecins dans ce territoire. Pourtant les entraves à l’émergence métropolitaine en matière santé (2ème Chapitre) sont nombreuses. Juridiquement, les métropoles ne possèdent pas de compétences concernant l’offre de soins. Une coopération est nécessaire avec les ARS, la Région, l’autre métropole de la région, Tours, qui possède, elle, un CHU et avec les différentes communes d’Orléans-Métropole. Toutefois, la Métropole a déjà lancé quelques initiatives dans le domaine de la santé (3ème Chapitre). Elle a par exemple initié une politique de marketing territorial pour valoriser les atouts du territoire orléanais auprès des professionnels de santé. De plus un Contrat Local de Santé est mis en place depuis 2011, concernant près de 200 000 habitants. C’est un exemple de l’émergence d’un dialogue entre Orléans-Métropole et ses voisins, autrefois soucieux de garder leurs prérogatives, montrant ainsi que la santé peut constituer un levier de dialogues interterritoriaux et d’une métropolisation en cours (4ème Chapitre). On peut alors distinguer 3 défis communs à ces différents acteurs, aujourd’hui plus solidaires : rechercher une centralité renforcée dans l’offre de soin ; recréer des liens de coopérations à l’échelles des relations à courte distance entre Orléans et les petites villes, territoires périurbains et ruraux de l’Orléanais ; retrouver l’égalité des territoires à l’échelle de la Métropole.