La commémoration des 150 ans de la Commune a donné lieu à de récentes et multiples publications mais également à la présentation d’ouvrages plus anciens sur la période.
Le petit « Photo poche Histoire » consacré aux événements de mars-mai 1871 est de ceux-ci.
Après une préface réalisée par Bernard Noël, l’ouvrage présente 76 photographies en suivant la trame chronologique des événements.

On découvre ainsi, en images, les fameux canons de la Butte Montmartre, les barricades, la démolition de la colonne Vendôme, les destructions et toute une série de portraits d’acteurs de la Commune, certains célèbres (Louis Rossel, Napoléon Gaillard, Courbet, Théophile Ferré, Louise Michel…) et d’autres moins connus, à l’instar de Marie Richeton condamnée à perpétuité pour « pillage d’églises ».
L’ouvrage se clôt sur des images postérieures à la Commune : le bagne calédonien, deux portraits d’Elisée Reclus et de Louise Michel figurant dans un carnet de police de l’année 1894 (avec la mention qu’il s’agit d’individus « à surveiller aux frontières ») et une évocation des commémorations au mur des Fédérés au début du XXe siècle.
L’opuscule est aussi l’occasion d’observer et de découvrir les réalisations de photographes aux visées diamétralement opposées.

Le travail de Braquehais, témoin direct des événements, est particulièrement remarquable.
Jean-Claude Gautrand ,dans sa postface, écrit que ce dernier est « en prise directe avec la vie de la rue ».
Les clichés de Braquehais immortalisent, de manière singulière, les canons de Montmartre, une série de barricades en mai 1871 et la démolition de la Colonne Vendôme.
A l’autre bout du spectre, Eugène Appert, qualifié par Jean-Claude Gautrand de « plus versaillais des photographes ».

Appert profite des arrestations des Communards pour venir les photographier dans leurs prisons.
Il réalisera également une série de photomontages qu’il vendra sous le titre « Les crimes de la Commune ».
Parmi elles, l’image anti-communarde célèbre de l’exécution des généraux Thomas et Lecomte mais également une scène présentant des femmes à la prison des Chantiers à Versailles en août 1871, avec, au premier plan, deux femmes buvant de l’alcool au goulot…

Ces manipulations visuelles contribueront à discréditer l’action de la Commune aux yeux de certains de ses contemporains et viennent souligner que l’image photographique pouvait déjà être employée à des fins de propagande.
Grégoire Masson