La cour de Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles, Jacques Levron, Tempus, Perrin, 2010.

Les éditions Perrin rééditent l’ouvrage de Jacques Levron paru en 1965 et déjà réédité en 1996. Jacques Levron (1906-2004) fut conservateur en chef des Archives alors appelées de la Seine-et-Oise, conservateur des antiquités et objets de ce département, et professeur aux Facultés catholiques de l’Ouest.
Il ne fait pas œuvre d’historien mais fait le récit chronologique d’une certaine vie à Versailles. Sans doute, intéressante il y a cinquante ans, puisqu’elle mettait l’accent sur Versailles dans une période creuse de l’historiographie, cette approche est complètement dépassée de nos jours avec des lieux communs devenus des erreurs que les historiens dénoncent dans de nombreux travaux argumentés (Bernard Hours) comme «Louis XV plus intéressé par les femmes que la politique» ou «Pas d’enfants à Versailles» .

Les rééditions successives n’ont pas été alimentées par l’avancée de la recherche et le titre « la cour » entraîne une confusion de sens importante. L’auteur ne parle pas du système de cour (Norbert Elias a quand même fortement fait évoluer le sujet depuis cinquante ans) mais d’anecdotes dans le Château.

Il ne me semblait pas que ce livre soit si inaccessible dans les bibliothèques pour qu’on le réédite une fois de plus. En revanche, son format, son coût vont être un élément décisif d’achat sur le marché du livre dit d’Histoire et perpétrer ainsi auprès du public avide d’informations people sur Versailles des anecdotes surannées.

Il suffit de voir comment se décident les achats de livres à la petite libraire du château à Versailles – c’est une expérience que j’ai faite plusieurs fois et que je recommande aux auteurs – pour être édifié sur la subjectivité des critères de choix. Ainsi, l’éditeur a fait le choix de transmettre une culture dépassée et une histoire non scientifique faite à partir de sources peu variées et non contextualisées.

Que pourront faire les professeurs d’histoire pour faire évoluer les connaissances sur le sujet, le roi et la cour comme instrument politique, le pouvoir et Versailles, Versailles reflet de l’absolutisme, art et culture dans le système politique, quand les parents continueront à tirer leurs connaissances qu’ils estimeront légitimes de tels ouvrages ?
C’est une vraie responsabilité de l’éditeur face à la culture de masse et non face au marché.

Heureusement Perrin est capable du meilleur sur la cour et le monde de Versailles: Jean Meyer, Mathieu da Vinha, Stanis Perez, Thierry Sarmant, John A. Lynn, Sabine Melchior-Bonner, Claude Dulong, Daniel Dessert….pour ne parler que de notre période.

Pascale Mormiche