Voici les résultats d’une recherche lancée, entre 2011 et 2014, par le PREDIT programme de recherche et d’innovation dans les transports terrestres, l’ADEME Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, l’ANR Agence Nationale de la Recherche et BpiFrance Banque publique d’investissement sur l’avenir des espaces périurbains. Une équipe de dix chercheurs avait émis l’hypothèse qu’il était possible de résoudre la question de l’étalement urbain en densifiant autour des gares. Pour cela, quatre études comparatives ont été menées à Bruxelles, Milan, Paris et Washington selon un cadre d’analyse commun autour des formes de l’urbanisation, les caractéristiques de la mobilité quotidienne et les grandes orientations de projets en matière de transport et d’aménagement. Le tout a été étudié à trois échelles territoriales : macro (la région urbaine), méso (le territoire attenant à la ligne ou au tronçon) et micro (le quartier de la gare).

L’ouvrage est organisé en quatre parties consacrées chacune à une métropole, l’ensemble étant accompagné d’un cahier synthétique présentant des cartes pour chaque ville à des échelles différentes et permettant ainsi de comparer les densités de population ou la morphologie urbaine, par exemple. Toutefois, chaque partie est bien distincte même si l’étalement urbain et la congestion des transports routiers demeurent un problème central pour ces quatre régions urbaines.

Des spécialistes de ces espaces se sont donc penchés sur l’opportunité d’avoir recours au transport ferré pour résoudre la question des mobilités à différentes échelles. C’est ainsi que Bénédicte Grosjean et Géry Leloutre se sont interrogés sur l’opportunité de créer un RER à l’échelle de la région urbaine de Bruxelles, N°1 au palmarès des villes les plus embouteillées d’Europe (source : Tom Tom, 2010). Dans le contexte d’une urbanisation particulièrement dispersée et des instances de gouvernance non hiérarchisées, la mise en place d’un réseau radial de RER semble peu adaptée aux usages actuels de mobilité. « Il y a plus d’un siècle que le bassin d’emploi bruxellois attire des travailleurs à plus de 100 km quotidiennement ; et la mobilité des personnes concerne et met en lien toute la Belgique, chacune des communes envoie des travailleurs dans une très forte majorité des autres 589 communes » (p. 64). Le contexte italien, autour de Milan, est sensiblement différent. Depuis très longtemps (voir le concept de La città diffusa. de F. Indovina et al. Venise, 1990), de fortes densités urbaines concernent la région urbaine de Milan et notamment les communes situées au Nord. L’étalement urbain actif concerne le sud de Milan, un territoire historique à vocation agricole, dans le contexte de l’absence d’intercommunalités à la française. L’idée qui prévaut est de renforcer la desserte ferroviaire existante afin d’accompagner l’étalement urbain et permettre un report de l’automobile sur le train.

Dans le cas de l’Île-de-France, comme de la région urbaine de Washington, l’idée est de créer de nouveaux réseaux de transport, tel que le Grand Paris Express ou le BHNS afin de créer des liaisons de banlieue à banlieue. Toutefois, la diversification des destinations aujourd’hui reliées par l’automobile complique grandement la mise en place efficace de transports en commun.

Ainsi, ces études très pointues, agrémentées de très nombreux documents en couleur au format trop réduit pour être véritablement lisibles à l’exception de ceux inclus dans le cahier couleur placé en fin d’ouvrage, concluent presque toutes sur les difficultés à mettre en œuvre la desserte ferroviaire des espaces périurbains pour lutter contre l’étalement. Par ailleurs, la bibliographie très institutionnelle (sources : IAURIF et DATAR) convoquée par l’équipe en charge de l’Ile-de-France pose question puisque le travail fondateur de Martine Berger (Les périurbains de Paris, 2004) n’y figure pas alors qu’il s’agit d’une référence centrale pour le sujet. La recherche opérationnelle s’enrichit de la recherche universitaire et inversement, comme l’ont montré d’autres collaborations.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes