Cet ouvrage est paru pour la première fois en anglais en 1988 fruit de la collaboration de deux chercheurs israéliens : Daniel Zohary, généticien-botaniste, Ehud Weiss archéobotaniste et d’une archéobotaniste allemande Maria Hopf. Tous trois s’appuient sur une solide documentation. Cet ouvrage constitue une synthèse devenue incontournable sur les débuts de l’agriculture du point de vue des espèces végétales plus que des hommes mais grâce à la fois aux fouilles très nombreuses autour de la méditerranée et au Proche Orient et aux avancées de la génétique botanique les auteurs reconstituent l’histoire des ancêtres des plantes cultivées. Les aires de répartition, la comparaison avec les plantes sauvages ont révélé les changements évolutifs entraînés par la domestication.
Le questionnement pour chaque espèce est le même : Quelles ont été les premières plantes domestiquées dans l’Ancien monde ? Où peut-on trouver les premiers signes de domestication ? Quelles ont été les principales évolutions ultérieures de la culture de la plante dans ces régions ? Quelles plantes ont été introduites dans cette région en provenance d’Asie ou d’Afrique ? Quand ?
L’état des connaissances
La plus ancienne trace de domestication est datée vers 10500-10100 BP sur des restes de millet décortiqué trouvés en Turquie. Le Proche Orient est étonnamment nommé tout au long de l’ouvrage Asie du Sud-Ouest. Les experts débattent si la domestication est produire sur un ou plusieurs foyers. Les vestiges de végétaux dans des sites du Néolithique acéramique B sont trois céréales : l’amidonnier, l’engrain et l’orge et des légumes secs : lentilles, pois et pois chiche en assemblages assez similaires dans tout le croissant fertile, ils forment alors la majorité des ressources alimentaires. Les ancêtres sauvages de ces denrées domestiquées sont maintenant connues.
En ce qui concerne la diffusion des plantes cultivées les archéologues disposent de nombreux sites en Europe, en Égypte et en Afrique du nord. La carte annoncée dans le texte est difficile à trouver, elle est dans l’encart central (page 176) qui accueille des illustrations en couleur (planches IV et V) et sa légende est en annexe (pages 263-264).
Les auteurs font également le point pour l’arboriculture en commençant par l’olivier et la palmier-dattier. Pour les légumes, les restes sont très peu nombreux sauf dans les tombes égyptiennes et les connaissances lacunaires. Enfin il est question de l’arrivée beaucoup plus tardivement de plantes en provenance d’Asie ou d’Afrique.
Sources des données sur l’origine et la diffusion des plantes cultivées
Ce chapitre méthodologique évoque les données archéologiques : restes carbonisés, traces sur des poteries ou du torchis, sites lacustres d’Europe au nord ou vitrification. Les données de plantes vivantes permettent une comparaison entre plantes sauvages et plantes cultivées, par études génétiques, approche taxonomique et aires biologiques de répartition. Les auteurs abordent la datation au carbone 14 et la dendrochronologie.
Après ces deux chapitres généraux l’ouvrage est organisé en fonction des grandes familles de plantes sur un modèle général.
C’est avant tout un outil de travail, une mine pour le chercheur avec pas moins de 53 pages de références en fin d’ouvrage et une intéressante chronologie comparée.
Les Céréales
On dispose d’une introduction sur la catégorie puis chaque céréale est décrite de manière approfondie, par exemple les blés en général : composition chromosomique, variétés sauvages avec croquis (p. 46), forme de l’épi de l’engrain, de l’épillet puis des espèces cultivées avec tableau de classification taxonomique. C’est ensuite « chaque blé » qui est étudié : l’engrain, l’amidonnier, le blé tendre, l’orge avec origine, aire de répartition de l’espèce sauvage avec une carte, données archéologiques.
Après les céréales sont ainsi présentés Les légumes secs où l’on apprend que la lentille vient du Liban et du Sud-Est de la Turquie, et où sont analysées les origines de légumineuses aujourd’hui peu ou pas consommées par les hommes : la vesce, la gesse, le fenugrec.
Viennent ensuite Les oléagineux et les plantes à fibres : lin, chanvre, cotonniers de l’Ancien monde, pavot, cameline, sésame puis Les arbres fruitiers domestiqués bien plus tard au chalcolithique car ils demandent de modifier la reproduction par multiplication végétative. Sont présentés l’olivier, la vigne, le figuier, le sycomore une spécialité égyptienne, le palmier-dattier, le grenadier, puis des espèces européennes le pommier, le poirier, le prunier, les cerisiers ainsi qu’une présentation plus succinctes pour des arbres arrivés plus récemment : l’abricotier, le pêcher, le cognassier ou le caroubier, les agrumes puis les fruits à coque : l’amandier, le noyer, le châtaigner, le noisetier, le pistachier.
Les légumes et les tubercules ont leur chapitre malgré les difficultés de leur étude : la pastèque dont les premières traces datent de 5850-5680 BP, le melon, le poireau, l’oignon et l’ail, la laitue, le chou…
Les auteurs abordent ensuite Les condiments : coriandre, cumin et aneth, nigelle, safran et les plantes tinctoriales : le pastel, la gaude, la garance, l’indigo arrivé de la zone intertropicale,le carthame.
Un dernier chapitre présente les restes de plantes dans des sites archéologiques représentatifs du Néolithique et de l’Age du bronze.
L’article m’a particulièrement intéressée car nous avons un grenier à foin à restaurer ( et lui donner un sens,signification patrimoniale) dans la commune .
Personne dans la municipalité n’a d’idée, cela me semble en être une.
Merci de votre article