L’invention et le déchiffrage des différentes écritures sont au cœur des travaux de Silvia Ferrara professeure de philologie mycénienne à l’université de Bologne et responsable du programme de recherches européen INSCRIBE, elle est donc considérée comme une experte dans ce domaine.
Contrairement aux ouvrages universitaires classiques, celui-ci est présenté comme un monologue, ce que l’auteure justifie dès l’introduction. Cela confère à l’ouvrage un côté singulier, donnant davantage l’impression d’écouter une conférence ponctuée d’anecdotes que de lire un ouvrage savant. Il n’en reste pas moins que le contenu est d’un niveau scientifique soutenu.
Prémisses
La première partie, intitulée « Prémisses » explique à partir de quel substrat une écriture peut se former. Il y a bien souvent, avant l’écriture, des lignes, des points, des symboles, des dessins.
Écritures indéchiffrées
La seconde partie « écritures indéchiffrées » est plus complexe à comprendre. Elle traite des écritures qui n’ont pas encore été traduites et dont la construction reste encore un mystère, notamment certaines écritures crétoises, de Chypre ou encore de l’île de Pâques. Cette partie est sans doute plus facile à appréhender pour un linguiste que pour un historien et j’avoue modestement avoir eu quelques difficultés de compréhension, le vocabulaire propre à la philologie me manquant.
Écritures inventées
La troisième partie « écritures inventées » intéressera davantage ceux qui sont venus à cet ouvrage dans le but de mieux connaître l’histoire des écritures plus que la façon dont elles ont été construites. Particulièrement les deux premiers chapitres, « Cités » et « Avant les pharaons », qui constituent des mises au point scientifiques intéressantes pour le professeur qui enseigne le thème Premiers Etats, Premières écritures en classe de 6e par exemple.
Expériences
La quatrième partie, « Expériences » est des plus surprenantes. Le titre de l’ouvrage étant la Fabuleuse histoire de l’invention de l’écriture, on s’attend à ce qu’il ne traite que des écritures du passé. Et pourtant non. Cette partie met en avant les différentes expériences d’invention d’écriture, passées mais surtout présentes. On y trouve des références aux Blues Brothers et aux Pokémon en passant par le jeu de l’oie et Brad Pitt. J’avoue avoir été déstabilisée par cette partie : d’une part parce que je n’en ai pas saisi la cohérence (on passe d’un exemple à un autre) et d’autre part car je pensais ce livre consacré à l’histoire de l’écriture, sans doute à tort.
Découvertes
La cinquième partie, « Découvertes », explique la démarche suivie pour déchiffrer une écriture. Là encore, les exemples choisis sont parfois déconcertants. J’aurais aimé davantage d’informations sur la Pierre de Rosette et la démarche suivie par Champollion, moins sur Donald Rumsfeld et les jeux à gratter…
La grande vision
La sixième partie, « La grande vision » est une sorte de grande conclusion.
Il est à noter que la bibliographie proposée en fin d’ouvrage est bien organisée et récente, ce qui permet au lecteur d’approfondir ses recherches s’il le souhaite.
En conclusion, La Fabuleuse histoire de l’invention de l’écriture est un ouvrage dont la lecture n’est pas aisée, ce qui peut sembler paradoxale. En effet, l’auteure a fait le choix de raconter ses expériences, comme une longue conférence ponctuée d’anecdotes, d’analogies et de digressions. Il n’en reste pas moins que le contenu général est d’un niveau scientifique soutenu et que le vocabulaire n’est pas toujours facile d’accès lorsque l’on aborde la structure des écritures. Tout ceci donne un curieux mélange qui s’avère déroutant.
Pour finir, ce livre ravira les amoureux des langues et de leur construction. Il laissera sans doute un peu plus sur leur faim les lecteurs en quête d’informations sur l’histoire des écritures. Le contenu n’en demeure pas moins intéressant, ne serait-ce que pour élargir sa culture générale.