Un rapport sur les recherches archéologiques à Kaesong en Corée du Nord par une mission franco-nord-coréenne
Débutant par un citation de Kim Jong Il concernant la préservation du patrimoine et des sites archéologiques, la parution de ce livre bilingue témoigne du renforcement des liens entre des universitaires français et nord-coréens. L’École Française d’Extrême-Orient (EFEO) et le National Authority for Protection of Cultural Heritage (NAPCH) se sont associés pendant six ans pour fouiller la capitale du Coryo (918-1392) abritant une forteresse nord-coréenne médiévale. Trois campagnes de fouilles et de relevés ont été effectués entre 2011 et 2014 sous la direction de l’archéologue française Élisabeth Chabanol Chef de la Mission archéologique franco-coréenne à Kaesong et commissaire de l’exposition et de Ro Chol Su. La forteresse a été inscrite au Patrimoine mondial en juin 2013 avec la porte Namdae (grande porte du Sud).
Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition conjointe proposée par des chercheurs français, nord-coréens et cambodgiens à propos de la forteresse médiévale de Kaesong (centre-ouest de la Corée du Nord actuelle). Elle s’est tenue au musée folklorique à Pyongyang (du 15 septembre au 30 novembre 2014) puis au musée du CoryoLa graphie généralement employée en Corée du Sud est «Goryeo» (l’auteur du compte-rendu tient à remercier Benjamin Joinau pour la remarque). à Kaesong (en septembre 2015). Dans la version papier, on retrouve les cartes du site, de nombreuses photographies (porte, section de muraille, objets exhumés) et les relevés stratigraphiques.
Au début du Xe siècle, le roi Wang Kon du royaume de Coryo établit sa capitale à Kaesong. Devenu l’un des centres à la fois politique, économique et culturel, la ville abrite un ensemble de murailles (Impériale, Palatiale, Extérieure et Intérieure) de 23 kilomètres de circonférence. Il s’agit de «la plus grande forteresse de l’histoire de la Corée et un site représentatif de l’architecture défensive de l’époque du Coryo» (page 21). Également classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la porte Namdae est «l’une des plus anciennes portes du patrimoine architectural coréen» Page 21 et construite entre 1391-1393. Une excellente carte à la page 26 permet de mesurer l’apport des fouilles par une plus grande précision dans la localisation des murailles. La suite de l’ouvrage présente des photographies légendées des trois campagnes de relevés de la forteresse puis du matériel archéologique exhumé (tuiles, grès, céladons, porcelaines blanches). L’ouvrage se clôt par la retranscription et la traduction des manuscrits évoquant Kaesong depuis la mention de la muraille Song-ak en 1145 par Kim Pu Sik qui insiste sur un support militaire du VIIe siècle jusqu’aux dimensions de la porte Namdae rapportée par Rim Pong Sik en 1934.
Porteur d’un rapprochement diplomatique entre la France et la Corée du Nord, ce catalogue constitue une précieuse ressource iconographique pour les études médiévales consacrées à l’Asie du Nord-Est.
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Antoine BARONNET @ Clionautes