Pour la session 2011 du concours du Capes externe d’histoire-géographie, une nouvelle question est proposée aux candidats, la France en villes, venant en remplacement de celle consacrée à l’aménagement des territoires. Le renouvellement des questions connu de tous vient cette année se superposer à une évolution sensible de l’architecture du concours mais aussi, et surtout pour les candidats, à la mise en place d’un calendrier programmant les épreuves écrites dès la mi-novembre.

On comprend aisément les difficultés auxquelles vont être confrontées préparateurs et étudiants face à une échéance aussi rapide.

Dans ce contexte, éditeurs et auteurs ont rapidement fourbi leurs armes et les éditions Sedes ont été parmi les premières à publier un ouvrage sur cette nouvelle thématique. Celui-ci, bien qu’étant présenté comme étant dirigé par Gérard-François-Dumont autour d’un groupe de huit contributeurs, se révèle être pour l’essentiel l’œuvre du directeur de cette publication, par ailleurs professeur à Paris IV et directeur de la revue « Population et Avenir ».

Dès l’introduction, les auteurs indiquent qu’indéniablement la France est bien une « France des villes » et d’évoquer quelques phénomènes liés à l’urbanisation dont certains mériteraient qu’on les questionne de plus près : la périurbanisation, la para-urbanisation,la polynucléarité, l’héliotropisme (une invention journalistique plus qu’un concept réellement opératoire), la ville durable…
La première partie tente de mettre à plat les questions de vocabulaire en se demandant ce qu’est une ville, comment la définir. Ces passages seront forts utiles pour rappeler ou apprendre aux lecteurs ce qui se cache derrière les expressions pôle urbain, aire urbaine (notions à étudier dans les programmes de 3ème), ZPIU… et ces lignes seront éclairées par les définitions recensées dans l’index de sept pages suivant la conclusion générale. On peut regretter ici que la question des sources, l’INSEE et ses données, ne soit pas plus développée car, certains géographes (T.Rebour, « Périurbanisation ou désurbanisation », http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=1656; T.Rebour, http://e-geopolis.eu/ecrire/upload/version_ferrier/etalement%20urbain_3_La%20these%20de%20la%20desurbanisation.pdf) évoquent les biais des statistiques fournis par l’INSEE amenant à conclure à une croissance de l’urbanisation en France, à une périurbanisation comme un prolongement de l’urbanisation or si ces affirmations s’affirmaient exactes, ce serait la première fois que la croissance urbaine, donc l’agglomération de personnes, serait le résultat de flux centrifuges !

La seconde partie plus classique offre un tableau de l’urbanisation à la française autour de développements sur des idées bien connues : la macrocéphalie et le poids de Paris, les différents systèmes urbains régionaux constitués autour d’une ville (macrocéphalie), de deux villes (système dual), de plusieurs villes (polycéphalique). Ces passages, ainsi que les chapitres de la troisième partie, sont descriptifs ou/et envisagent un peu trop la situation sous l’angle atouts/contraintes et ce pour les différents échelons de villes étudiées (grandes métropoles régionales, métropoles régionales intermédiaires, villes moyennes). Le dernier chapitre de cette partie III se révèle le plus intéressant; consacré aux villes nouvelles, il fait le point de leur situation et dresse un bilan plutôt sombre sous forme de constat d’échec, précisant au passage que seules deux villes nouvelles ont conservé ce statut.

Dans l’avant-dernière partie traitant des questions de gouvernance, les candidats pourront trouver matière à réflexion dans le chapitre où les auteurs abordent la question de l’intercommunalité, objet non identifié pour bon nombre d’admissibles aux épreuves orales. Plus délicat à manipuler, le « concept » de ville durable, comme celui de développement durable, est étudié dans le chapitre suivant sans apporter d’éclairages évidents tant ce « concept » est en lui-même assez vague.

Enfin une dernière partie aborde quelques-unes des dynamiques urbaines identifiées par les auteurs : dynamiques démographiques (« recomposition du peuplement urbaine », « vieillissement démographique en ville »), morphologiques (« la polynucléarité, l’exemple de Marseille », « la recomposition de la France en villes sous l’effet des mutations des transports »). Quelques chapitres aux titres prometteurs sont à parcourir; c’est le cas de « déclin ou renouveau des centres-villes » dans lequel Gérard-François Dumont affirme, peut-être un peu hativement, que la reconquête des centres-villes est un fait évident or cette dynamique est relativement récente et paraît concerner une frange limitée de la population.

Au final, ce livre pourra constituer un point de départ pour le candidat mais il lui faudra aller plus loin pour maîtriser cette question. On ne peut omettre de signaler quelques bons passages cités plus haut mais il est aussi nécessaire de pointer les faiblesses : une bibliographie manquant de variété, des analyses sur un mode binaire (atouts/contraintes, points forts/points faibles), l’utilisation de « concepts » discutables (l’héliotropisme, la périurbanisation comme symbole d’une continuité de l’urbanisation).

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