L’urbanisation est un phénomène mondial. La France n’échappe pas à ce phénomène. La ville est de plus en plus difficile à définir par rapport à son opposé : la campagne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la question au programme du nouveau CAPES 2011 incite les candidats au concours à appréhender ces vastes problématiques.
Jean-Pierre Paulet est professeur à l’université de Nice Sophia Antipolis. Il s’intéresse dans ces recherches aux questions de l’étalement urbain, à l’artificialisation des milieux et plus particulièrement des littoraux. Il publie en ce début d’été 2010 un petit volume sur la question de la ville et des systèmes urbains sur lequel les candidats au CAPES ne manqueront pas de se précipiter.
L’ensemble de l’étude d’un objet comme celui-là va bien au-delà de la description de la ville. il s’agit de comprendre que la ville est un élément qui s’insère dans un réseau : un système urbain. L’étalement urbain, la croissance urbaine portent en eux des éléments qui ne cessent d’interroger. Le bien être local est un objectif pas si facile à atteindre quand on prend en considération les fossés sociaux et culturels qu’il génère. « La ville est un centre de développement, de progrès et le symbole du passé. » . C’est donc à découvrir ces contradictions que nous invite Jean-Pierre Paulet dans cet ouvrage. Le plan de l’ouvrage est alléchant. L’auteur, après une présentation générale de l’urbanisation, s’intéresse à la situation de la région parisienne puis à celles des autres régions françaises. La dernière partie est consacrée aux questions de l’aménagement, mais aussi à la prospective, le tout en menant une réflexion sur la réparation des dégâts provoqués par l’urbanisme des grands ensembles.
Malgré tout, il apparaît dommageable que, pour un sujet si complexe, la partie consacrée aux définitions ne soit pas plus fournie. Au-delà d’indiquer que c’est la confusion qui règne concernant les définitions de la ville, il aurait été bon, dans un manuel de ce type, de proposer des définitions opérationnelles aux étudiants et de revenir plus en détail sur les évolutions épistémologiques du sujet. Par ailleurs, les croquis qui parsèment le volume ne sont pas d’une clarté confondante. La figure 5 (Les régions et la densité de population) présente une charte graphique qui laisse perplexe. L’Ile de France avec une densité de plus de 1000 habitants apparaît en blanc, PACA en gris foncé avec une densité comprise entre 100 et 200 habitants / km2 alors que les régions (moins de 60 hab/km2) qui composent la « France du vide » de Béteille sont en gris clair. Quelle est la logique de tout cela ? La cartographie s’améliore au fil des pages puisque la figure 38 portant sur la croissance ou le recul de la densité de la population dans les communes littorales de 1999 à 2006 présente un dégradé conforme aux normes de la sémiologie graphique chère à Jacques Bertin. L’équilibre des différents chapitres de la partie sur les régions, autre que la région parisienne, est à regretter. Quatre pages suffisent à l’auteur pour traiter de l’anisotropie spatiale de l’Alsace et de la Lorraine alors qu’une cinquantaine de pages est consacrée à une thématique, certes plus transversale : « La mer et le soleil : une attraction irrésistible », par ailleurs, domaine de prédilection de recherche de l’auteur.
Au final, ce petit ouvrage laisse sur sa fin. Si des éléments intéressants de réflexion sont abordés, ils ne sont pas assez développés pour un usage opérationnel de l’ensemble. Le projet éditorial semble avoir été trop ambitieux pour le nombre de pages attribué.
© Catherine Didier-Fèvre