Voir Lacoste à la loupe, voilà l’expérience à laquelle la couverture du volume consacré à Yves Lacoste par les éditions Choiseul nous invite. Cette couverture est véritablement impressionnante : à l’échelle 1 ou presque, il s’agit d’un gros plan sur le visage de celui qui a remis au goût du jour la géopolitique en France dans les années 1970. Ce portrait photographique, inspiré des œuvres de Duane Hanson, est une invitation à découvrir le fond de la pensée de ce géographe aux parcours multiples et étonnants.

Il s’agit ici d’entretiens réalisés avec Pascal Lorot, le fondateur de la géoéconomie en France et créateur des revues Géoéconomie et Sécurité globale. Les deux interlocuteurs se connaissent bien : ils ont travaillé ensemble dans le cadre d’ouvrages collectifs. La retranscription de leurs entretiens permet de revenir sur les moments clés de la carrière de Lacoste : La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre (1972), la revue Hérodote, la mise au point de l’école française de géopolitique, les débats passionnés autour de la chorématique de Brunet et du GIP Reclus, mais aussi des exemples de mise en œuvre de géographie active, prônée par Pierre George (Tchad, Vietnam). Des figures tutélaires reviennent au fil des pages : Elisée Reclus, Ibn Khaldoun, Julien Gracq ou Saint-John Perse.

Ces entretiens sont l’occasion pour Lacoste de revenir en détail sur l’élaboration de sa pensée géographique et les grands moments de sa carrière. L’ensemble n’est pas exempt d’autosatisfaction, qui peut parfois faire sourire… Lacoste, s’il reconnaît à ses deux maîtres : Dresh et George, une grande part dans l’avancée de ses recherches, forge un récit où ses intuitions sont fortement mises en avant. Il n’oublie pas, au fil des pages, d’écorner la réputation de certains de ces collègues.

Un ouvrage utile pour mieux appréhender l’œuvre du père de la géopolitique à la française. Un livre qui comble un manque puisque Comment je suis devenu géographe, livre de Sylvain Allemand, paru en 2007, ne lui avait pas consacré de chapitre. Le tout est réparé avec ces 260 pages !

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