L’auteur et sa démarche
Professeur à Clermond-Ferrand II (Blaise Pascal), Mathias BernardNotice bibliographique incomplète sur Wikipédia est connu pour ses travaux d’histoire politique. Son champ d’investigation concerne, entre autres, les modérés. Avec d’autres chercheurs, il est donc de ceux qui ont contribué, au cours des dernières années, à affiner l’étude des clivages et des tempéraments politiques en développant les recherches sur ces républicains qui, sans pour autant accepter de se reconnaître dans le terme « droite », sont délogés du centre-gauche par l’installation d’une gauche radicale puis socialiste. On lui doit entre autres une thèse sur la Fédération républicaineLes modérés lyonnais et la Fédération républicaine du Rhône (1889-1940), 1995 remaniée sous le titre La dérive des modérés : la Fédération républicaine du Rhône sous la Troisième République, L’Harmattan, 1998, 432 p., une participation au volumineux ouvrage édité après le colloque de Nancy sur les modérés (1998)« La diffusion incomplète d’un modèle partisan : les progressistes et la Fédération républicaine (1903-1914) », dans F. Roth (dir), Les modérés dans la vie politique française (1870-1965), Presses universitaires de Nancy, 2000, p. 139-154. ou un article consacré au chef du Front national dans le numéro que la revue Vingtième siècle dédiait, tout récemment, à l’histoire de la provocation« Le Pen, un provocateur en politique (1984-2007) », Vingtième siècle, revue d’histoire, n°93, janvier-mars 2007, p. 37-45.. Présent dans tous ces travaux, le sujet des relations entre droite et extrême-droite est au coeur de sa thèse d’habilitation récemment soutenue sous la direction de Jean-Marie MayeurLibéraux et « nationaux » de l’Affaire Dreyfus à nos jours, J.-M. Mayeur dir., Paris IV, 2003 et dont ce livre paraît être une version remaniée.
La droite complice de l’extrême-droite ?
Les accusations récurrentes, à gauche, contre une droite accusée de pactiser avec l’extrême-droite, l’affrontement Chirac-le Pen du 2e tour des présidentielles 2002 et l’épisode, plus récent, de la campagne 2007 figurent parmi les épisodes marquants de l’histoire des relations entre droite et extrême-droite. Mathias Bernard propose ici de replacer ces faits à une échelle séculaire, soulignant d’emblée que ces relations s’inscrivent avant tout dans un cycle de guerres, lequel explique le titre de l’ouvrage. La question posée est celle de la nature de ces conflits. Sont-ils imputables à de simples soucis tactiques ou faut-il au contraire les expliquer par une différence plus essentielle, celle de deux visions opposées du monde, lesquelles feraient de l’affrontement droite-extrême-droite un élément structurant de la vie politique française ?
Pour répondre à la question, l’auteur ne se contente pas d’une simple synthèse ou remise en perspective des travaux déjà publiés. Une partie de la réflexion se fonde ainsi sur le dépouillement d’archives privées parmi lesquelles les papiers Ribot ou le fond Barrès auxquels s’ajoutent des rapports préfectoraux ou policiers (notamment pour le poujadisme) et un corpus assez important de sources de presse. Pour les périodes les plus proches de nous, il est clair que le Monde a été largement mis à contribution.
Qu’est-ce qu’être de droite ?
Pour répondre à la problématique énoncée plus haut, l’auteur définit d’abord droite et extrême-droite en tenant compte de la difficulté présente de classer à droite des mouvements qui, au début du XXe siècle, ne se seraient jamais reconnus dans ce terme alors appliqué aux ennemis de la République. Le lecteur imprégné des ouvrages de René RémondRené Rémond, La Droite en France de 1815 à nos jours, Continuité et diversité d’une tradition politique, Aubier-Montaigne, 1954, 323 p. (il s’agit de la première édition) ou des travaux dirigés par Jean-François SirinelliJean-François Sirinelli (dir), Les droites françaises de la Révolution à nos jours, Gallimard, 1992, 925 p. se rappellera alors que pour une bonne partie des groupes que nous classons à droite, il ne peut être question que d’une droite situationniste, qui ne se reconnaît pas comme telle et n’a rien à voir avec la droite absolue que représente l’opposition aristocrate de 1789, ultra de 1815 ou chevau-léger de 1870. Cette remarque avait déjà été formulée de diverses façons par ThibaudetAlbert Thibaudet, La République des professeurs, Grasset, 1927, Hachette, 2006 qui voyait dans les hommes de droite des gens de gauche que les malheurs des temps obligeaient à siéger à droite, Tardieu qui résumait le tout à une affaire de séants, perturbée par ce qu’il désignait lui-même dans les années trente comme le « mouvement à gaucheAndré Tardieu, La révolution à refaire, t. 2, la profession parlementaire, Flammarion, 1937 ». Siegfried, également, jugeait utile de nous prévenir que les gens qui se désignaient comme républicains de gauche n’étaient assurément pas de gaucheAndré Siegfried, Tableaux des partis en France, Grasset, 1930.
Républicains de gouvernement et nationalistes
On comprend ainsi que, dans cette droite, le premier groupe défini soit celui des progressistes de Méline, authentiques républicains, de sensibilité modérée et libérale. Conduits par un ancien ministre de Ferry, ceux-ci sont amenés, au moment de l’affaire Dreyfus à se poser la question d’une alliance avec les conservateurs, les ralliés et les nationalistes, dans un contexte où le danger leur apparaît plus important à gaucheOn dit alors « avancé », du côté des anticléricaux et des collectivistes. Ayant perdu leurs soutiens chez les modérés les plus à gauche (ceux qui formeront entre autres l’Alliance démocratique), ils se situent désormais dans l’opposition à la politique de défense républicaine de Waldeck-Rousseau et au Bloc des gauches.
Dès ce chapitre, l’un des trois consacrés par l’auteur à la IIIe République, apparaît l’un des traits fondamentaux de la relation entre une droite de gouvernement et une extrême droite stigmatisant l’incapacité, la compromission et l’impuissance des modérés. A cette époque, la distance est d’autant plus grande que les républicains de gouvernement conservent le souvenir de luttes récentes qui contribuent à les tenir éloignés des milieux monarchistes ou bonapartistes, ce qui n’empêche pas, au milieu des escarmouches, des rapprochements avec les nationalistes.
De la reconversion du nationalisme à la dérive nationaliste des modérés
Deux chapitres abordent la reconversion du nationalisme (1902-1924) et la revanche des ligues (1924-1940). A la suite de Barrès, il est clair qu’une partie des nationalistes tend de plus en plus à se rallier à la droite de gouvernement, laquelle a modifié son centre de gravité puisqu’il faut, au moment du Bloc national, y inclure l’Alliance démocratique fondée en 1903 par Adolphe Carnot qui l’avait arrimée au Bloc des gauches. Ce phénomène repousse alors à droite les héritiers des progressistes, regroupés dans une Fédération républicaine de plus en plus radicalisée, surtout après le 6 février 1934, et qui préfère au terme « progressiste » celui de « national »Dans les années trente, un républicain qui veut se situer au centre, dans une forme de ni-ni (ni Réaction, ni Révolution), peut se présenter la fois comme républicain social et républicain national. Faut-il ici rappeler qu’on y trouve Henriot ou Vallat qui, contrairement à Méline, n’ont plus rien d’héritiers de Jules Ferry ?Cf. André Siegfried, op. cit. Alors qu’elles semblaient avoir perdu la partie à la veille de la Grande-guerre, les ligues semblent donc l’emporter dans le courant des années trente. L’auteur souligne entre autres un des traits observables sous la IVe et la Ve : le fait qu’elles peuvent représenter une école de formation militante pour une partie du personnel de la droite de gouvernement à qui elles fournissent souvent un service d’ordre ou des troupes de choc. Ce qui vaut pour les rapports entre la Fédération républicaine et les Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger peut ainsi être de nouveau souligné dans d’autre chapitres pour le SAC, service d’ordre gaulliste et, pour l’entourage de Valéry Giscard d’Estaing lors de la campagne présidentielle de 1974.
Vichy, Poujade et l’Algérie : ruptures et recyclages
Dans le chapitre consacré à Vichy, l’auteur rappelle que la présence de l’extrême-droite y est minoritaire, au moins au début, l’essentiel du personnel provenant des rangs des modérés que notre époque désignerait comme la droite classique, terme qui ne se justifie guère plus que l’expression « droite traditionnelle ». La disparition de ces droites est éphémère. Elles réapparaissent peu à peu. D’abord avec l’alibi résistant du Parti républicain de la liberté (PRL) constitué autour de Laniel, authentique résistant. Ensuite avec l’amnistie de 1953. A travers quelques parcours, l’auteur s’attache alors à retracer le processus de recyclage des vichystes. Les deux chapitres suivants relèvent de thématiques qui se chevauchent dans le temps en abordant le poujadisme et la guerre d’Algérie. Dans les deux cas, on observe, avec les difficultés de la IVe République, un rapprochement entre modérés et extrême-droite. D’une part, parce que le poujadisme est avalé par les partis plus classiques. D’autre part, parce que la guerre d’Algérie rejette à l’extrême-droite une partie des modérés et des gaullistes. C’est ce que montre l’évolution du CNIP, parti d’Antoine Pinay, ou l’itinéraire d’un Bidault ou d’un Soustelle.
La fracture algérienne entre gaullisme et extrême-droite explique que les recyclages des activistes de l’OAS ou des sympathisants de l’Algérie française se soient plus volontiers opérés en direction des modérés (désormais appelés centristesDepuis la fin des années soixante cf. François Roth, Les modérés…op. cit. même si le terme « centre » est employé par le JORF dans l’entre-deux guerres) que des gaullistes, même si certains ralliements ont eu lieu aussi de ce côté. Avec de Gaulle, l’extrême-droite a perdu des thèmes nationaux captés par le pouvoir. C’est le cas par exemple de la politique de Grandeur.
Sous la Ve : une extrême-droite marginalisée et recyclée
Le phénomène de recyclage explique que, dans le premier des quatre chapitres consacrés à la Ve République, Mathias Bernard puisse retracer minutieusement les itinéraires d’activistes venus des différents horizons de l’extrême-droite coloniale ou post-soixante-huitarde. Ceux-ci gravitent d’autant plus facilement dans l’entourage de VGE lors de la campagne de 1974, que, depuis les années soixante, celui-ci manque d’un personnel militant tant pour l’encadrement politique que pour la logistique politique nécessaire à tout candidat. Alors que les années 1962-1983 sont pour l’extrême-droite celle d’une défaite annoncée donnant son nom au chapitre, on assiste au recyclage par la droite de gouvernement, d’un personnel venu d’Occident, du Parti des forces nouvelles (PFN), d’Ordre nouveau ou de l’OAS. Si ces parcours alimentent à gauche la dénonciation de fréquentations douteuses et d’une contamination extrémiste, l’auteur souligne qu’ils ont lieu à une époque où l’extrême-droite paraît moribonde. Le lecteur peut se souvenir de l’imprudente conclusion d’un petit ouvrage qui la jugeait telle…en 1983Jean-Christian Petitfils, L’extrême-droite en France, PUF, collection « Que sais-je ? »,1983, 136 p.. Le fait peut laisser songeur quant à la culture politique et à l’éventuelle complaisance d’hommes qui n’ont pu voir dans certains anciens activistes que des brebis égarées coupables d’excès de jeunesse alors même que certaines ont pu être fascinées par la violence des régimes autoritaires…
L’irruption du Front national
Les trois derniers chapitres de l’ouvrage couvrent une période qui aura une résonance particulière pour chacun d’entre-nous en confrontant le discours historiographique à l’expérience du citoyen de 2007. Dans un premier temps, est analysée l’attitude d’une droite de gouvernement perturbée dans sa volonté de reconquête du pouvoir par l’irruption d’un Front national, jusqu’alors jugé plus faible que le Parti des forces nouvelles. Les attitudes sont d’autant moins claires que le phénomène, alors qualifié « d’effet le Pen », est d’abord perçu comme destiné à être aussi éphémère que le poujadisme. Procédant à des observations aux échelles locales et régionales, l’auteur souligne cependant que certaines alliances, notamment, lors des municipales partielles de Dreux de 1983, sont conclues alors même qu’elles n’apparaissent pas nécessaires à une victoire de droite. De même observe-t-il, au delà du parcours d’un Bernard Stasi, la relative réticence, du courant démocrate-chrétien au sein d’une UDF où tous ne font pas preuve de la même opposition de principe. Des ralliements ont lieu qui voient des anciens du Club de l’Horloge, dont Bruno Mégret, rejoindre le camp lepéniste.
Invasion, odeur et identité nationale comme signes de l’affrontement avec l’extrême-droite
La période des hésitations semble se clore en 1988, après une campagne présidentielle ambiguë. Dès lors, c’est le thème du chapitre suivant, la droite, principalement constituée de l’UDF et du RPR, se place plutôt du côté du refus de l’extrême-droite. L’auteur nuance cette affirmation concernant la période 1988-2002, en expliquant que les mots de 1991, particulièrement pesés, de VGE sur l’immigration-invasion et ceux de Jacques Chirac sur le bruit et l’odeur, s’inscrivent avant tout dans l’histoire d’une rivalité entre droite et extrême-droite.
Consacré aux ripostes de la droite de 1988 à 2007, le dernier chapitre s’arrête sur l’échec du CNI, et l’apparition du souverainisme de Pasqua, lequel semble camper à un carrefour d’où il devra ramener au bercail les brebis égarées. L’auteur revient ensuite sur la stratégie de Charles Millon, jusqu’ici plus réservé vis à vis du lepénisme, et sur celle d’un Philippe de Villiers, dont la présentation est d’autant plus complète que, contrairement à un ouvrage récent« De Villiers (Philippe)», dans J.-Fr. Sirinelli (dir), Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle, PUF, 1995, p. 1248, elle inscrit plus volontiers le personnage dans une filiation légitimiste rendue évidente par la fréquentation de certains cercles avant son entrée au PR au début des années quatre-vingt.
Les dernières pages sont sans doute les plus délicates à écrire, ce que l’auteur admet volontiers en reconnaissant raconter une histoire dont il ne connaît pas la fin. Elles nous présentent un Nicolas Sarkozy combattant le FN via une synthèse fondée sur la captation de thèmes associés à l’extrême-droite pour les républicaniser, au grand dam de l’extrême-droite et de la gauche.
Un ouvrage stimulant et utile
Les familiers de l’histoire du politique dévoreront volontiers cet ouvrage qui permet de revisiter des périodes déjà bien connues mais pas forcément abordées sous l’angle du rapport droite-extrême-droite. Les moins à l’aise avec le sujet trouveront là un ouvrage d’autant plus utile que, pour certaines périodes, nos manuels simplifient à outrance au détriment des faitsCf. Le manuel Hachette de première qui semble faire de l’Alliance démocratique un groupe de centre-droit dès sa fondation alors qu’elle s’agrège d’abord au Bloc des gauches..
Sans doute, à propos des périodes les plus proches, pourra-t-on s’étonner de trouver dans la bibliographie qui accompagne un ouvrage de ce niveau, le titre d’un éditorialiste en vogue, plus polémique que digne d’un réel intérêt. L’auteur aura sans doute été confronté à la difficulté des choix bibliographiques pour la période très contemporaineDe même pourra-t-on regretter deux imperfections ayant échappé à la relecture sans remettre en cause la qualité de l’ouvrage. Le terme « antidreyfusarde » sans doute employé par mégarde à la place de son contraire (p. 10) et la confusion dans l’index entre Ernest Flandin, député bonapartiste du Calvados (p. 41) et Pierre-Etienne Flandin, Munichois, chef de file de l’Alliance démocratique et chef du gouvernement de décembre 1940 à février 1941. Ces erreurs difficiles à déceler à la relecture ne sont pas forcément imputables à l’auteur et semblent dues aux techniques éditoriales modernes..
Cet ouvrage n’en offre pas moins la possibilité de remettre de l’ordre (!) dans notre perception du passé en relativisant des éléments qui apparaissent moins spécifiques qu’on ne le croit et se font récurrents à l’échelle du siècle. Ce cadrage historiographique d’événements très récents permet à tout enseignant de terminale de disposer d’une validation universitaire distanciée pour la contextualisation d’éléments qu’il est difficile de présenter avec recul.
A quand une Guerre des gauches ?
On peut s’interroger sur la pertinence qu’il y aurait à mettre en chantier parallèlement une guerre des gauches qui aborderait les rapports tourmentés entre modérés et radicaux, puis, du ministère Clemenceau à la IVe République (voire à la situation présente pour le PRG), entre radicaux et socialistes. Ensuite, de 1920 à 2007, entre socialistes et communistes, période qui voit alterner les conflits et les alliances en permettant de relativiser ce qui est souvent présenté comme une alliance naturelle et immuable. La montée de groupes trotskystes et altermondialistes nourrit également la problématique. On y retrouverait, entre autres, la question des rapports entre la culture de gouvernement et celle de l’opposition.
Connivence sociale et complaisance, …
Culture de gouvernement, culture d’opposition. On peut se demander si les passages tendant à expliquer les rapports droite-extrême droite comme relevant d’une opposition tactique ne tendent pas à réduire la part de l’idéologie. C’est en tout cas l’une des questions posées par la lecture d’un ouvrage qui accrédite tout de même l’idée d’une multiplicité des passerelles idéologiques et des trajectoires croisées. N’y a t-il pas dans une partie des droites de gouvernement, des attitudes relevant davantage du pragmatisme que d’un réel sentiment d’éloignement vis-à-vis des idéologies radicales ? Si l’on veut bien a priori admettre la conversion républicaine d’un Longuet ou d’un Madelin, tout recyclage ne favorise-t-il pas une connivence nourrie du regard attendri qu’on peut porter sur ses propres utopies de jeunesse ? Le Barrès du Bloc national modère son discours par principe de réalité, sans pour autant faire son chemin de Damas. L’imaginaire politique d’un de Villiers adhérent au PR reste travaillé par des fantômes de cocardes blanches. Avec le SAC, Occident ou les JP, les droites modérées recrutent des troupes à l’extrême-droite, laquelle se flanque volontiers de ceux qu’elle regarde elle-même comme extrémistes : Unité radicale/Jeunesses identitaires, néo-nazis, skin-heads. Sans doute répondra t-on que le parallèle est également possible avec la gauche, où l’on témoignera de la même connivence avec l’ancien trotskyste, l’ancien mao ou l’ancien stalinien, qui même s’ils ne relèvent pas d’une idéologie inégalitaire excluant à priori une partie de l’humanité, n’en furent pas moins moralement complices de pratiques autoritaires et/ou totalitaires.
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