« Malheur à celui qui aimera une fille aux yeux de braise car celui-là pleurera sa vie durant des larmes de sang ». Hugo Sambre l’a écrit. Son livre, La Guerre des Yeux, décrit depuis l’aube de l’humanité la funeste attirance de ses ancêtres aux yeux noirs pour des femmes aux yeux rouges. À chaque génération, leur passion mène un Sambre à la folie et à la mort. Les circonstances qui ont entouré la naissance du père de Hugo éclairent sa vie et le mystère de cette fatalité dont tous les Sambre ont hérité.
La collection
La Guerre des Sambre est une collection de romans d’amour, dont la série principale, «Sambre», conte l’histoire de Bernard et Julie. Chaque histoire se décline en un cycle de trois albums qui sera écrit par YslaireYslaire, de son vrai nom Bernard Hislaire, est né le 11 janvier 1957 à Bruxelles (Belgique). Dessinateur, scénariste, pionnier de l’Internet, graphiste de trois théâtres bruxellois, et réalisateur multimédia… Yslaire est un artiste pluridisciplinaire, dont la passion première reste la bande dessinée. Il signe également Hislaire, Sylaire ou iSlaire. À partir de 1986, il lance sa monumentale série Sambre dont la Guerre des Sambres lancée en 2007 est le prolongement. L’œuvre d’Yslaire est traduite en plus de neuf langues, dont le coréen. Elle a déjà été couronnée d’une quinzaine de prix internationaux. En 2009, le ministère français de la Culture l’a nommé chevalier des Arts et des lettres. Voir l’interview donnée pour TV5 monde en décembre 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=Zvxgm2QaWZM&feature=youtu.be[/footnote Pour en savoir plus : http://www.yslaire.be. et dessiné par un dessinateur différent. Chaque cycle peut se lire séparément, comme une œuvre exceptionnelle, ou comme un chapitre d’une folie amoureuse qui traverse les générations… Après l’histoire des enfants de Bernard et Julie, Bernard-Marie et Judith, le second cycle était consacré à leurs parents, Hugo & Iris. La collection se poursuit aujourd’hui avec l’histoire de leurs arrière-grands-parents, Charlotte & Werner.
La série
Quelle est l’origine de la tragédie des Sambre ? En remontant l’arbre généalogique de la famille maudite, le deuxième cycle intitulé Werner & Charlotte va explorer les circonstances troubles qui ont précédé la naissance du père de Hugo, Maxime-Augustin. Le deuxième cycle jette un éclairage nouveau sur les origines de la folie qui touche Hugo et tous ses descendants. Il est composé de trois albums dessinés par Marc-Antoine BoidinNé en 1974 à Arras, Marc-Antoine Boidin est scénariste, dessinateur et coloriste de bande dessinée français. Résident à Rennes, il est à l’origine d’une association locale — « Twin Peaks » — pour promouvoir la bande dessinée.
Dans ce premier voletVoir la bande-annonce du chapitre 1., les auteurs nous font remonter à la cour d’Autriche où la vicomtesse Jeanne-Sophie de Sambre et sa fille Charlotte se sont exilées. L’action commence donc à Vienne en 1768, plus précisément un deux novembre (le même jour de naissance qu’une célèbre Marie-Antoinette, future reine de France), jour de la fête du treizième anniversaire de Charlotte, pendant que la plupart des Viennois pleuraient leurs morts… Dans l’atmosphère sulfureuse des salons de la cour impériale, Jeanne-Sophie et sa fille font la connaissance d’un farouche orphelin aux yeux rouges, nommé Werner von Gotha, protégé du père Bönn et du duc Goetz von Gotha, son père spirituel. Ce jeune homme, très dévot, se questionne sur sa place au sein de ces festivités aristocratiques. Charlotte en tombe toutefois immédiatement amoureuse. Mais sa mère Jeanne-Sophie de Sambre, qui souhaite marier sa fille à un beau parti, notamment le chevalier von Dantz, neveu de son ennemie intime, Alexandra von Gotha, ne l’entend pas ainsi ! Elle va tout faire pour écarter Werner et détruire l’ardente passion naissance entre ce dernier et sa fille. Elle met ainsi tout en œuvre pour discréditer ce dernier aux yeux de sa fille, en vain… Pendant que les deux adolescents font tout pour se voir et dépérissent chacun de leur côté de ne pas pouvoir, on découvre plus en profondeur les personnalités de chacun des protagonistes et notamment le comte Augustin de Sambre, grand-père de Charlotte, sans contexte la figure la plus scandaleuse des Sambre. Militaire glorieux mais aussi libertin arrogant, pervers et homme cruel et sans pitié, il serait à l’origine de la malédiction de la famille : « celui par qui la maladie s’est transmise », selon les écrits d’Hugo Sambre Yslaire (auteur) et Marc-Antoine Boidin (dessinateur et coloriste), La Guerre des Sambre – Werner et Charlotte, chapitre I, « Automne 1768 : L’éternité de Saintange », Éditions Glénat, 2015, p. 2.. Le destin sera-t-il plus puissant que les obstacles machiavéliques se dressant entre Werner et Charlotte, brûlants d’un amour platonique ?
Ce deuxième volume Voir la bande annonce du chapitre 2 : . nous plonge en pleine partie de whist Le whist est un jeu de cartes à levées, sans contrat, d’origine anglaise. Le whist original a connu son heure de gloire au XVIIIe siècle et XIXe siècle. dans le château de la duchesse Alexandra von Gotha qui a invité pour l’occasion une partie de la noblesse impériale pour partager son vice en ce 3 novembre 1768. L’impératrice dont la fille Marie-Antoine est souffrante a décliné l’invitation. Ne sont pas présents non plus Charlotte, toujours punie dans sa chambre, et Werner, Goetz ayant souhaité le préserver de ces mondanités et plaisirs sulfureux. Désireuse de faire taire une bonne fois la passion entre sa fille et ce dernier, Jeanne-Sophie décide, à l’issue d’un pari de plus de 3000 Ducats, avec Alexandra von Gotha, de séduire le jeune homme. Charlotte et Werner réussissent à se retrouver en secret au cours d’une brève promenade nocturne et romantique en barque, rapidement interrompue par l’arrivée de Jeanne-Sophie et des chiens d’Augustin. Pour sa fuite, Werner est chassé par Goetz de l’orphelinat… Charlotte, elle, est menacée par sa mère d’être envoyée au couvent en cas de récidive. Lors d’une partie de chasse organisée par le chevalier von Dantz dans l’espoir d’impressionner la comtesse française et de séduire sa fille, Jeanne-Sophie tombe sur le jeune Werner avant de faire une chute de cheval. Charlotte découvre sa mère, jupon relevé et Werner penché sur elle. À l’issue de cette battue, ce dernier est invité au château, au moins le temps d’une nuit. Werner est encouragé par Jeanne-Sophie à prendre un bain et la comtesse s’invite dans celui-ci, après s’être arrangé pour que sa fille et la duchesse Alexandra soient les témoins privilégiés de la scène…
Tome 3 : Hiver 1768 : Votre enfant, Comtesse…
Voir la [bande annonce du chapitre 3https://www.dailymotion.com/video/xulepb..
(En attente de réception)
Vienne, hiver 1768. Jeanne-Sophie de Sambre a réussi son pari : faire croire à sa fille Charlotte qu’elle a séduit Werner von Gotha, l’orphelin aux yeux rouges, dont elle était tombée amoureuse. Blessée, Charlotte décide d’entrer au couvent. Werner, mortifié, incrédule devant tant de perversité, se flagelle jusqu’au sang devant la statue de la vierge, quitte à en mourir… Pour les deux adolescents, l’hiver est aussi entré dans leur cœur…
En définitive, Islaire nous offre ici un nouveau cycle fort plaisant d’une saga devenue incontournable pour tout amateur de bandes dessinées. Cette série romantique sur fond historique est accentuée par les traits de Marc-Antoine Boidin, dont les dessins toujours entre nuances de rouge, de blanc et de noir, donnent un réalisme absolu et glaçant. Entre romance et tragédie, le lecteur est porté par cet amour entravé, touchant. Il s’agit ici d’une fascinante passion amoureuse et destructrice entre ces deux jeunes adolescents, une sorte de « maladie de l’âme » (Kant), dont les mots de Freud en incipit de l’œuvre Yslaire (auteur) et Marc-Antoine Boidin (dessinateur et coloriste), La Guerre des Sambre – Werner et Charlotte, chapitre I, « Automne 1768 : L’éternité de Saintange », éd. Glénat, 2015, p. 4. : « Nous postulons l’existence d’une âme collective et la possibilité qu’un sentiment se transmettrait de génération en génération, se rattachant à une faute dont les hommes n’ont plus conscience ou le moindre souvenir» (Sigmund Freud, 1913), résonnent tout au long de la lecture de ce chef-d’œuvre !
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Rémi Burlot, pour Les Clionautes