Le titre évoque en lui-même une recherche en histoire immédiate reposant sur des études de terrain, une enquête sociologique : Comment les Cubains « luttent-ils » entre précarité des conditions matérielles et petites activités économiques en marge du système?
Pour l’auteur le terme de « lucha » est une entité purement cubaine, bien au-delà de la débrouille. Il pose la question de la nature du régime: totalitaire?
Dans un premier chapitre l’auteur décrit les conditions de son enquête à Cuba à la fin du XXe siècle. Traité largement à la première personne c’est donc le récit de sa rencontre avec les réalités cubaines.
Une phénoménologie de la lucha à La Havane dans les années 1990-2000
Trois portraits de famille dans trois quartiers de la capitale.
C’est d’abord la présentation de Marcello, vieux révolutionnaire et la description de la vie quotidienne entre solidarités et débrouille.
La famille Ochoa habite dans le quartier Nuevo Velada, celui des « privilégiés » qui occupent le vieux quartiers délaissé par les exilés des années 60, de grandes maisons qui autorisent des locations lucratives aux limites du labyrinthe législatif, une petite classe moyenne.
Enfin un quartier à problèmes, un quartier populaire que le lecteur découvre à travers la trajectoire de quelques familles : délinquance, escroqueries, exploitation des failles du système.
Les ressorts d’un régime politique
L’auteur montre, dans cette seconde partie, l’effritement des repères idéologiques et des dispositifs institutionnels et légaux. Les nécessité de la « lucha » dans toutes les couches de la population viennent réduire les différences entres les statuts sociaux.
Durant la « période spéciale » comme les salaires ne suffisent pas à assurer les besoins quotidiens et que le contact avec les touristes ou avec les exilés aiguise l’appétit pour des biens de consommation, la débrouille gagne du terrain. L’auteur montre le jeu entre débrouille et répression et présente l’évolution du régime depuis l’arrivée de Raoul Castro. Il caractérise le régime entre idéal de mobilisation des masses et contrôle étroit, entre conduite réelle et discours officiels de justification.
Vincent Bloch analyse les relations ambiguës entre les dissidents et le régime, la place de la peur mais aussi des espaces d’expression. Face à l’échec de la révolution égalitaire, les vieux clivages sociaux, géographiques refont surface et plus particulièrement les clivages raciaux, mis en évidence par le récit de quelques scènes de rue.