C’est dans les abysses, il y a plus de 3,8 milliards d’années, que les premiers organismes unicellulaires sont apparus. Deux grands défis vont conditionner notre futur : géopolitique et environnemental, et ils s’écrivent en grande partie en mer.Cyrille P. Coutansais et Guillemette Crozet éclairent l’importance de la mer dans ce bel ouvrage organisé en six parties.
Les auteurs
Cyrille P. Coutansais est directeur du département recherches du Centre d’Etudes Stratégiques de la Marine et enseignant à Sciences-Po. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « L’Empire des mers. Atlas historique de la France maritime ». Guillemette Crozet est datadesigner et cartographe. Elle a longtemps travaillé pour l’Agence France-Presse.
Naviguer
L’homme a toujours eu le « pied marin ». Une double page montre les façons de se repérer de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. On voit les différents bateaux qui ont existé. Les abysses représentent la dernière frontière et il faut savoir qu’à peine 20 % des fonds marins sont actuellement connus.
Echanger
90 % des échanges commerciaux passent par la mer ainsi que 98 % des échanges numériques entre les continents. Une double page présente les routes de la soie hier et aujourd’hui. Les auteurs évoquent aussi l’organisation du transport maritime dont les alliances maritimes. On sait peut-être moins que 90 % de la cocaïne qui arrive en Europe est convoyée par des porte-conteneurs. Il y a aujourd’hui 486 câbles pour le numérique et le plus long est de 45 000 kilomètres et au départ de Marseille. Il connecte 33 pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Les auteurs montrent aussi le poids des GAMM soient Google, Amazon, Meta et Microsoft.
Vivre
On apprend que 20 millions de tonnes de poissons pêchées chaque année ne finissent pas dans nos assiettes. L’Espagne est le pays européen le plus équipé en usines de dessalement et au 4ème rang mondial. Une double page « pharmacies océanes » livre plein d’exemples. La mer est un réservoir de ressources. Depuis les années 2010, l’arenicola marina permet un transport d’oxygène 40 fois supérieur à notre hémoglobine. Ce ver se révèlve décisif, par exemple, dans le processus de conservation d’organes à transplanter. Chaque année, par ailleurs, 50 milliards de tonnes de sable sont extraites dans le monde. Une maison en nécessite 200 tonnes. Le livre aborde également le potentiel des océans en évoquant Haliade X. Cette éolienne offshore est aujourd’hui la plus puissante au monde. Elle mesure 160 mètres de long pour des pâles de 107 mètres. La partie se termine par l’évocation de la Polynésie. Ce territoire, c’est 5,5 millions de km2 d’océan, soit à peu près la superficie de l’Union européenne et 3500 km2 de terres émergées, soit à peu près la superficie de la Corse.
Dominer
Les empires maritimes se sont succédés au cours des âges. Quelles que soient les évolutions techniques ou technologiques, la mer impose un invariant : la tyrannie des distances. Dans un monde où tout s’accélère, la mer fait exception. Il faut 28 jours de mer pour gagner la Polynésie depuis la métropole. L’infographie montre aussi que le porte-avion a été un véritable « game changer » de la Seconde Guerre mondiale.
Rêver
La Grande Barrière de corail est la plus grande structure vivante. D’une superficie de 344 400 km2 et mesurant 2300 kilomètres de longueur, elle comprend 2900 récifs et 900 îles. Les auteurs insistent ensuite sur l’influence de la mer dans la littérature, le cinéma ou encore la musique. On découvre aussi une carte qui recense quelques disparitions de marins dans l’histoire. On compte 3 millions d’épaves au fond des océans et 75 % dateraient de la Seconde Guerre mondiale.
Protéger
Sans les océans, nous ne pourrions pas vivre. Mais le taux global d’oxygène dans les océans a baissé de 1 à 2 % depuis 1960. L’océan est à l’origine de 50 % de notre oxygène et il absorbe 30 % du CO2 de la planète. Le livre montre aussi le cas de Jakarta, la capitale indonésienne, qui sombre peu à peu. Elle perd 7,5 centimètres d’altitude par an et jusqu’à 17 centimètres dans certaines zones. Une double page montre l’importance de l’océan de plastique. Ce septième continent affiche 1,6 million de km2, soit trois fois la France métropolitaine. Il faut aussi mesurer que sur la planète la vie se déroule à 20 % sur la terre et à 80 % dans les océans. On voit se développer une politique de protection avec les Aires Marines Protégées. L’ouvrage se termine avec des informations étonnantes sur les méduses. Elles n’ont pas de cerveau, pas de squelette et elles peuvent manger jusqu’à la moitié de leur poids en une journée.
En une centaine de pages, cette infographie aborde de nombreux aspects du sujet. Plusieurs double pages peuvent se révéler utiles dans le cadre du chapitre de terminale « Mers et océans au coeur de la mondialisation ».