En effet, les aires métropolitaines se complexifient. Les banlieues s’urbanisent. On assiste à une périphérisation du centre. La métropole participe donc à la recomposition de l’ensemble du territoire national. L’auteur propose dans ce petit ouvrage d’une centaine de pages de la collection La ville en débat chez PUF, une comparaison des recherches dans ces domaines dans deux contextes différents : aux États-Unis et en France.
Aux États-Unis
Les mots de la métropolisation ont évolué avec elle. On y parlait d’abord d’aire métropolitaine, c’est-à-dire d’une ville centre entourée de banlieues résidentielles avec une continuité du paysage urbain et des déplacements pendulaires. Puis certaines banlieues ont changé de nature. Par exemple, les edge city sont des pôles suburbains récents où se concentrent des bureaux et des équipements, notamment de loisirs. Ils sont souvent localisés à proximité des nœuds autoroutiers (avec présence d’un mall). Mais ils ne sont pas directement en concurrence avec le centre. La révolution numérique a aussi une incidence sur les dynamiques de l’urbanisation. Le territoire métropolitain devient polycentrique (clusters). Avec ce tournant dans la représentation de la suburbanisation, la métropolisation devient une nouvelle question politique . La sphère productive se reconfigure. Ville et banlieues sont davantage complémentaires. Il devient nécessaire de coordonner les politiques publiques en favorisant la coopération métropolitaine (entre la métropole et son hinterland). Les Etats-Unis ne sont plus une nation urbaine ou suburbaine mais de métropoles interconnectées à l’échelle mondiale.
En France
La métropolisation est plutôt ancrée dans la décentralisation. L’Etat est davantage sollicité pour permettre aux grandes villes de rayonner et d’insérer le pays dans la mondialisation. Mais la reconnaissance du fait métropolitain a été plus tardive. L’INSEE crée la catégorie d’Emplois Métropolitains Supérieurs (en 2002) puis de Cadres des Fonctions Métropolitaines (en 2009) pour désigner les emplois stratégiques pour l’aire urbaine et le territoire national. La richesse se concentre en effet dans un nombre limité de grands pôles. Mais il y a « urgence à adopter une démocratie locale aux enjeux urbains contemporains ». Un nouveau statut de métropole est créé dans la loi du 27 Janvier 2014 (MAPTAM). Il se met en place dans le cadre des EPCI dans un objectif de « projets communs de développement ». La métropole apparaît comme une nouvelle étape de l’organisation du territoire national.
France- Etats-Unis
Dans un 3ème Chapitre, l’auteur montre que les enjeux de la métropolisation sont les mêmes aux États-Unis et en France. Pour des raisons différentes, l’échelle municipale ou communale (mais aussi intercommunale) est trop morcelée ce qui pose des problèmes de gouvernance. De plus les enjeux sociaux ne sont pas à négliger. La mobilité en est une thématique car elle est un puissant discriminant social. Les emplois en périphérie sont en effet difficiles d’accès pour la population du centre-ville (inner cities). En France, le Grand Lyon est la première métropole. Elle rassemble 1,3 million d’habitants sur 59 communes et réunit les compétences des EPCI et du département. L’action publique est alors concertée à l’échelle du territoire de la communauté urbaine. La notion de villes-régions globales apparaît et démontre l’importance de la logique réticulaire. Il convient alors de trouver le bon dosage entre performance économique, solidarité intramétropitaine et avec le reste du territoire (espaces périurbains et ruraux). Le niveau métropolitain politique doit dépasser la simple idée de coopération de municipalités autonomes pour mettre en œuvre les principes de justice spatiale et sociale. Parallèlement un « rééchelonnement » de l’État est nécessaire.
Ce livre fait donc, rapidement mais efficacement, le point des recherches sur un fait majeur de l’évolution territoriale aux États-Unis comme en France : la métropole (et la métropolisation). Les habitants d’une métropole doivent aujourd’hui se comporter en fonction du local (leur quartier par exemple) et du global (notamment les autres métropoles). C’est ce qu’on appelle la « glocalité ».
Nicolas Prévost © Les Clionautes