Sylvie Caillard a toujours été intéressée par l’histoire, surtout celle de la Normandie marquée par la Seconde Guerre mondiale. Après s’être lancée dans la reconstitution historique (militaria puis civile) avec son époux, elle constitue une collection au fil des années. Bien plus que de la mode, ce fonds exceptionnel de tenues et d’accessoires est représentatif de la femme des années 40, entre restrictions et adaptation au contexte de cette période. Des documents d’époque (magazines et photographies) ainsi que des photos de reconstitution prises par son mari complètent l’ensemble au Normandy Victory Museum. Sylvie Caillard a déjà publié un ouvrage sur la même thématique en 2015, intitulé L’élégance 1940-1945.
Un reportage a été fait il y a quelques années sur sa passion et celle de son mari.
Le contenu de l’ouvrage
Cet ouvrage est exclusivement dédié aux vêtements féminins. Il est très bien classé par catégorie : tailleurs, vestes, chapeaux, manteaux, chaussures, bijoux, ceintures, robes, tabliers, chemisiers, tricots, etc… Mais étonnement il n’y a rien sur la lingerie ou les bas. Pour ma part, j’ai souvent entendu dire que les femmes teignaient leurs jambes pour faire semblant d’avoir des bas.
La mode dans les années 40 est impactée par trois époques : avant-guerre, pendant la guerre et après-guerre. Le conflit n’arrête pas les grands couturiers dans leurs efforts de créativité ; la couture française fait face aux difficultés et fait aussi preuve d’adaptation.
Durant la guerre mais aussi l’après-guerre, la population avait des cartes de rationnement pour les vêtements. De nouvelles matières premières apparaissent : fibranne, laine de verre ; mais elles restent moins solides et moins chaudes que les anciennes.
Les tailleurs deviennent des pièces essentielles dans la mode des années 40, ils deviennent plus pratiques car ils permettent d’avoir des mouvements plus amples et des couleurs passe-partout. Mais à l’inverse des autres textiles, ceux-ci sont plus résistants en raison des conditions difficiles du quotidien. Il existe des tailleurs d’hiver et d’été (l’un en drap de laine et l’autre en lin et coton léger).
Dans l’ouvrage, de nombreux modèles de tailleurs et de vestes sont présentés. Ils sont complétés par les chapeaux qui forment 30 pages du livre. Ils sont toujours placés sur des mannequins en cire qui nous permettent de mieux voir comment placer certains chapeaux.
Pour compléter la tenue, les sacs sont présentés à la suite d’une explication sur leur forme et leurs matériaux.
S’en suivent les manteaux et fourrures qui doivent répondre à 3 critères : protéger de la pluie, du froid ou du vent. Ils peuvent cependant avoir différents matériaux et différentes formes ou couleurs. Certains sont très simples avec ou sans boutons, d’autres portent des éléments plus travaillés, des broderies, des capes…
Les chaussures sont également soumises aux tickets de rationnement. De plus, nous apprenons que les Français ont droit, à partir de 1941, qu’à un seul ressemelage par an et au mieux une paire de souliers neufs en cuir tous les quatre ans !
L’arrêt de nombreux transports obligent la population à marcher beaucoup plus, il faut donc que les chaussures soient le plus confortable possible. Nous apprenons aussi comment les petits matériaux ont permis d’avoir les pieds au chaud comme l’utilisation du papier journal…
Les bijoux ont eux aussi été interdits de commerce car les métaux précieux participent à l’effort de guerre. Les femmes utilisent donc d’autres matériaux comme la céramique, les plumes, les perles, le verre, le bois, la lucite, etc pour confectionner des boucles d’oreilles ou des broches.
Les ceintures en cuir ne peuvent pas dépasser les 2 cm de largeur ; elles sont désormais faites en macramé pour la plupart d’entre elles.
Le chapitre sur les robes est assez détaillé sur les matières utilisées et surtout les occasions pour porter certains modèles : journée, soirée, deuil, travail, événement…
La fin du livre porte sur les tenues des enfants y compris des bébés. La laine et le tricot sont de rigueur pour réaliser des vêtements à faible coût d’autant que les enfants grandissent et qu’il n’est donc pas nécessaire (et peu préférable) d’investir dans des matériaux plus onéreux.